VIEUX FRÈRES - SCORPIUS.

« on va replonger dans l'torent et peu importe pour combien de temps. »

Assis au fond de sa cellule, Scorpius n'arrive plus à penser à rien d'autre que cette image qui s'est offerte, comme une fleur, comme une récompense, à ses yeux. Infâme photographie qui brouille ses pensées et perturbe son regard humidifié ; le corps mort de son père se grave dans son esprit, tâche ses pensées de sang, de mort, et de bien tous les autres maux qui se rattachent à ce monstrueux mensonge qui est l’œuvre du Ministère. Et même son art, son arme. Scorpius n'arrive pas à réaliser ; toutes les recherches qu'il mène, qu'il a mené, pendant quatre ans, semblent soudainement être réduites en poussière, à l'état de néant. Tout cela a été vain. Il ne suffit plus que d'une apparition divine, de papiers jetés à la volée, d'une surprise générale qui fait trembler la foule, pour que tout son monde s'effondre. Pour qu'on lui apporte brutalement des réponses à toutes les questions qu'il se pose pitoyablement depuis ces quatre ans, pour que tous ces mystères s’élucident bien trop facilement. Et l'affreuse vérité sonne, cogne, frappe dans son cerveau fatigué, usé, meurtri.
Harry Potter a tué son père.
Une haine trop puissante le submerge alors qu'il se sent complètement impuissant face à cette rage inouïe qu'il ressent. Contre Potter, contre tout ce qui peut le rattacher, de près ou de loin, à lui. Contre le monde entier. Contre lui-même, qui n'a jamais osé aborder cette piste. Qui n'a jamais osé se dresser fièrement contre le Ministère. Et voilà où tout cela l'a conduit. Au fond d'une cellule du département de la justice magique ; bête en cage dans l'antre des fauve, la colère déchire son être et son échine se raidit sous la pression de l'acceptation. Il doit se rendre à l'évidence ; il a gâché quatre ans de sa vie.

Harry Potter a tué son père. Le Ministère en général a tué son père, et ça, Scorpius en est désormais certain. Tout le monde connait son esprit des plus rancuniers, qui est sûrement un des pire défauts, des plus redoutables, du blond. Pris dans l'engrenage du vice et du péché, il ne sait jusqu'où il pourrait aller, même si l'idée d'un meurtre pour un meurtre le répugne, parfois, toutes ses folies réunies, il prend peur de sa propre image, et du feu ardent qui danse dans ses yeux alors qu'il croise ses propres pupilles, dans le miroir. Le reflet de sa noirceur résonne comme l'écho de son chagrin bien trop longtemps inavoué. Il le laisse aujourd'hui entièrement le submerger.
Des pas qui se font entendre dans le couloir qui mène à sa cellule. Scorpius pense qu'on vient lui apporter de quoi se nourrir. Déjà vingt-quatre heures qu'il attend dans ce trou à rats, dans l'attente constante du verdict quant au sort qu'on lui réserve. Il en est persuadé ; le Ministère ne peut pas le garder plus de quelques jours enfermé dans ces lieux morbides. Ce serait ternir leur image corrompue que de tenir en détention le fils Malefoy, qui vient qui plus est de découvrir la véritable identité du meurtrier de son père. Les médias verseraient leur venin sur les moutons sorciers. Non, il n'est définitivement pas une bonne idée de garder Scorpius enfermé à l'étage de la justice plus longtemps.
Les pas se rapprochent. Et pourtant, aucune ombre de silhouette ne se dessine sur les murs, aucun visage n'apparait dans la pénombre. Il pourrait être huit ou dix heures. Scorpius n'en a pas la moindre idée. Et, soudain, une cape se soulève, et Albus Potter se présente avec un sourire malicieux. La cape d'invisibilité de son père. Scorpius n'y a pas pensé. Il se précipite contre les barreaux, fait signe à Albus d’approcher. « Merde, t'es vraiment dingue » Scorpius ne pourrait pas se rappeler depuis combien de temps il connait Albus exactement. Tout ce qu'il sait, c'est que le cadet Potter a toujours été là pour lui, et qu'il lui doit beaucoup. De tous les Potter, c'est très certainement le seul qu'il apprécie, et plus encore, le seul pour qui il pourrait donner sa vie, et bien évidement, si toute sa colère se concentre principalement sur cette famille depuis la manifestation (soit la veille), Albus n'est naturellement pas ciblé. Unis même dans les situations les plus gênantes, Scorpius n'est pas étonné de voir son meilleur ami ici, malgré les risques qu'il court. Il croise son regard, son visage se durcit. Albus n'a pas besoin de parler pour que Scorpius le comprenne ; lui aussi a très certainement été très touché par l'annonce de Minerve. Si les relations avec son père n'ont jamais été au beau fixe, Scorpius peut deviner que désormais, plus rien ne rapproche le père et le fils. « Qu'est-ce qu'il s'est passé après la manifestation ? Ils m'ont emmené de force ici parce que j'ai "attaqué" Yaxley. J'en peux plus d'être enfermé comme un animal. »

VIEUX FRÈRES - SCORPIUS.

« on va replonger dans l'torent et peu importe pour combien de temps. »

Cette image. Son "père" un assassin, le tueur hurlé par la veuve. Il ne veut pas y croire, Albus, pourtant il le savait ; Harry n'est pas quelqu'un de bon, de bien. Il voulait y croire à son innocence au sujet de la mort du père de son meilleur ami, il voulait y croire. Mais les fins heureuses n'existent pas, du moins.. elles n'existent pas pour lui. Depuis cette fameuse journée Albus dort dans les ruines cachées dans la forêt de Godric's Hollow, solitaire. La nourriture pas fameuse, les conditions de vie difficiles.. Un fugitif recherché par un père qu'il voulait mort. Le fils avait levé sa baguette en direction de la cicatrice, voulant briser son âme pour détruire la sienne. Quelle est belle, l’ironie des prénoms ; Albus et Severus qui veulent tuer celui pour qui ils ont donné leur vie. Une vengeance. Ils ne doivent pas être fiers de l'homme que l’Élu est devenu, peut-être veulent-ils le punir et font agir l'un des trois héritier pour faire passer le message. Albus ne peut plus y croire, ne veut plus y croire, arrête d'espérer, ne veut pas faire face à un putain d'hypocrite, à un menteur fini.
Harry pouvait rire avec Scorpius comme avec un fils car il a tout simplement tué son père.
L'un des frères assit dans une cellule, l'autre installé sur les pierres froides. Les deux têtes penchées en direction d'un même point, des jumeaux éloignés. Scorpius c'est le frère qu'Albus n'a jamais eu, celui qu'il aurait aimé avoir. Il pourrait donner sa vie pour lui, donner plus qu'il ne pourrait sacrifier envers James. C'est l'amitié malfoy/potter que le monde connaît, l'agréable contraire de la véritable. Jamais Albus ne pourra tuer Scorpius. Jamais Scorpius ne pourra tuer Albus. Si ils doivent se battre, ils crèveront ensembles, les baguettes levées, les sortilèges qui se mêlent. Et ce putain de sourire aux lèvres. On va prendre notre revanche, vieux frère.

Assassin. Albus est certes un handicapé des sentiments, mais reste humain. On ne peut pas tuer quelqu'un seulement pour son passé, pour de mauvaises relations. On ne peut pas sourire au fils de cette personne, comme si le drame n'a jamais eu lieu. On ne peut pas supporter ça, supporter les regards du fils aux yeux du père. C'est tout simplement inhumain. Albus ne veut plus supporter ces choses qui lui bousillent le crâne, il ne veut plus regarder son propre père droit dans les yeux, ne veut plus penser à sa mère en larmes quand elle lui sourit. Il ne veut plus repenser à son frère, son James, souffrant sur son lit d'hôpital quand des balais le frôlent. Il ne veut plus penser à Lily sans se l'imaginer dans les bras d'un homme trop vieux pour elle et pas suffisamment bien. Harry gâche sa vie, gâche tout. Transforme son fils. Albus s'avance dans les couloirs sombres du ministère, les détraqueurs qui rôdent. Sa gorge est sèche, son coeur est calme. Respiration lente, les pieds qui caressent le sol ; Scorpius est en alerte. Albus cherche du regard la cellule dédiée à son ami avant d'avoir un sourire en coin en voyant sa tête blonde chercher un plateau de nourriture. Il n'a pas croisé son ami depuis quelques mois, peut-être deux. Son coeur reprend du rythme. Il est heureux de le voir sain et sauf - ou presque. La cape qui se relève, son visage qui se révèle enfin. Scorpius se précipite contre les barreaux, lui faisant signe d'avancer. « merde, t'es vraiment dingue » Un rire se glisse sur ses lèvres, un peu étouffé mais présent. Il ne répond pas, Potter, ne trouve pas les mots. C'est dingue. Tellement dingue. Pourquoi est-il là ? Au milieu de détraqueurs, sous les pieds d'un père qui souhaite le retrouver ? Ah, oui. On abandonne pas les frères, les amis, les soldats. On n'abandonne pas un homme blessé derrière-soi. « qu'est-ce qu'il s'est passé après la manifestation ? ils m'ont emmené de force ici parce que j'ai "attaqué" yaxley. j'en peux plus d'être enfermé comme un animal. » Potter s'approche, glissant ses mains sur les barreaux à son tour. « j'ai pas le temps de te faire un résumé, recule-toi » Malicieux, joueur, taquin.. L'adrénaline qui lui caresse la peau de l'intérieur, qui lui traverse le sang. « tu dois seulement savoir que je suis dans la même merde que toi alors faut se grouiller ! ils vont pas te faire sortir avant quelques années à azkaban pour ne plus avoir de problèmes avec ta famille, tu as d'la chance que super bubus est là ! recule ! » Scorpius s'exécute, fait quelques pas en arrière. Albus sort sa baguette et pointe la feraille, « destructum ! ». Quelques barreaux explosent afin de faire sortir Malfoy, au même moment, les détraqueurs sont alertés. Une alarme sonne dans les couloirs humides. La cape qui s'installe sur les deux garçons, les respirations qui s'éteignent. Juste une parole. « et voilà. des fugitifs. bienvenue à l'âge de guerre.. » Et ils avancent, les corps collés sous la cape, les sourires effacés.

Deux mois qu'ils ne se sont pas vus et Scorpius a l'impression que ça fait une éternité. Un drôle de sourire se dessine sur ses lèvres lorsqu'il pense à l'étrangeté dangereuse de ces retrouvailles ; parce que c'est eux, parce que ça leur ressemble. Les pires situations qui forgent les meilleurs amis. Il ne semble pas mesurer les risques qu'ils courent à agir ainsi, alors qu'Albus fait exploser les barreaux de sa cellule, alarmant ainsi tout l'étage ; puisque de toute façon, tant qu'ils sont ensemble, rien ne peut leur arriver. Scorpius se sent invulnérable, réfugié sous cette cape d'invisibilité. Il se sent comme si personne ne pouvait l'arrêter, le défier, le blesser. Il se sent invincible, et la présence d'Albus le conforte dans cette idée alors que déjà des tireurs d'élite (quelle douce ironie, ses propres collègues qui le traquent, le pourchassent) se mobilisent au département de la justice. Qu'elle est belle la justice. Qu'elle est belle. Scorpius sent la rage monter au fond de lui alors que l'injustice de tout ce qui lui arrive bouillonne dans ses veines ; Harry Potter, le maître des Aurors, l'Elu, le héros pas si héros que ça que tant de sorciers ont admiré pendant et suite à la guerre, a tué son père, Drago Malefoy, et tout le monde trouve ça normal. Tout le monde trouve normal qu'on ne l'apprenne que quatre ans plus tard, et que suite à cette révélation, le fils Malefoy soit arrêté et enfermé comme une bête dans une cellule. Qu'elle est belle la justice.
Leurs pas glissent sur le sol froid, assourdissant l'écho de leurs pas. Scorpius n'ose pas dire le moindre mot, s'enferme dans un mutisme sécuritaire alors que son souffle se coupe à chaque nouveau vigile qui passe à côté d'eux en courant, ne se doutant pas une seule seconde des deux corps qui se terrent sous une cape d'invisibilité à moins d'un mètre de lui. Un homme, grand et fort, est placé à l'entrée du couloir. Impossible de passer à sa droite ou à sa gauche ; sa musculature impressionnante empêche quiconque de passer, même le plus maigre des hommes. Privé de sa baguette depuis son arrestation, Scorpius fait signe à Albus de s'occuper de son cas à l'aide d'un sort. En moins d'une minute, l'homme s'étale par terre de tout son long, plongé dans un profond sommeil. Scorpius en profite pour lui voler sa baguette au passage. Tant pi si ce n'est pas la sienne et que les sorts fonctionneront moins bien que s'il avait tenu son bois entre les mains ; c'est toujours mieux que rien. Ils descendent les escaliers à toute vitesse, tâchant cependant de ne pas faire le moindre bruit, se retrouvent dans l'immense atrium du Ministère ; il ne leur reste plus qu'à traverser la foule sans se faire remarquer, puis, ils pourront emprunter le réseau de cheminette et s'éloigner le plus loin possible de ces fauves. Scorpius croise le regard d'Albus ; il peut y lire toute la détermination dans son regard. Le blond sait qu'il n'aura jamais besoin de le remercier avec plus que son simple soutien, sa simple présence ; ils ont simplement besoin l'un de l'autre pour que les choses prennent une allure plus positive.
Parce que c'était vrai, parce qu c'était sincère ; parce que c'était nous vieux frère.

Deux longs mois inutiles. Quand Scorpius est à ses côtés, les choses sont différentes. Tout est mieux quand son meilleur ami est là, on rigole, on est bien. On est en sécurité. Vieux frères ? Ils s'avancent tous les deux nichés sous la cape, parcourant les couloirs humides, croisant les cellules vides dans lesquelles des corps ont péri - c'est sur, vu la belle justice. La belle justice si bien décrite, qui tue les pères et enferment les fils. La justice qui ne sait pas gérer une foule, qui détruit l'espoir d'une paix durable. La justice inutile. La preuve ; des vigiles passent à quelques centimètres d'eux et ensembles ils se taisent, ne respirent plus. Dire qu'ils sont là, au milieu d'un couloir pourri, des hommes qui les cherchent sans pouvoir les voir. Ils sont pathétiques, elle est pathétique. Vieux frère ? Et les pas s'enchaînent, ça devient mécanique. Ils ne se bousculent pas, ne cherchent pas à faire une stratégie pour avancer, c'est naturel maintenant. Albus tourne légèrement sa tête pour observer le temps de quelques secondes le visage de Scorpius ; il voit de la rage, une envie de vaincre, de détruire une montage pour accéder à la gloire alors il sourit, Potter. Ils vont faire ça à deux.
Les fugitifs arrivent devant un homme assez imposant, les muscles aussi présents que la graisse sous ses vêtements noirs. Albus l'observe en silence, cherche des failles, un moyen de l'avoir à son propre jeu ; mais Scorpius lui demande d'agir plus radicalement. Soit. Il sort sa baguette et la laisse passer au travers de la cape. Un bref mouvement et une incantation légère font tomber le gros tas sur le sol dans un bruit sourd qui alerte une nouvelle fois les autorités, chose qui n'arrange pas le contexte dans lequel les deux jeunes garçons sont actuellement. Ils enjambent le corps endormi, Scorpius s'arme au passage avant de dévaler les marches en direction des cheminées. Ils doivent partir, maintenant, tout de suite. L'atrium du ministère se montre enfin devant leurs cœurs battants ; la sortie qui s'approche aussi rapidement que les vigiles. Pourtant.. Une alarme fait éruption dans leurs oreilles, les grilles se ferment. L'alerte des détenus. La mâchoire de Potter se contracte légèrement. « accroche-toi » Il fait signe à son meilleur ami de s’accrocher à son avant-bras. Un dernier regard, un dernier espoir. Scorpius est aussi déterminé que lui et cette détermination rassure Potter, qui depuis quelques jours, ne sait plus comment vaincre ses propres démons. Malfoy doit aider Potter. Alors ils lâchent un petit sourire, un hochement de tête qui annonce un départ. La cape d'invisibilité qui s'ôte, Albus qui l'agrippe de toutes ses forces. Puis ils transplanent. Toutes personnes lucides auraient baissé les armes ; mais pas eux. Ils sont Draco et Harry, qu'ils le veuillent ou non. Les vieux frères arrivent dans une forêt couverte de neige fraîche et pure. Les arbres qui les entourent, la beauté naturelle plus jolie que celle des Hommes. Leurs pieds s'enfoncent dans la poudreuse et Scorpius lâche le bras de son ami, observant les alentours - et devant les yeux de l'ancien détenu, de vieilles ruines s'exposent. C'est grand et beau, d'une certaine manière. « on sera en sécurité ici » Potter s'avance légèrement, retournant aux côtés de son invité. « c'est déjà mieux que rien.. »
on va se casser de ce tunnel, on va prendre notre revanche vieux frères. on va gagner la belle.

Accroche-toi.
Il n'en faut pas plus à Scorpius pour comprendre ce qu'a en tête son ami. Leurs regards ce croisent une dernière fois et Scorpius agrippe l'avant-bras d'Albus. Leur unité est la plus grande force de Scorpius, il le sait. Parfois, il se demande ce qu'il adviendrait de lui, s'il n'avait pas Albus pour le soutenir, pour l'aider dans ses moments de galère, comme celui qu'il traverse depuis quatre ans déjà. Combien de fois il s'est retrouvé au fond du trou, face à lui-même, face à ses démons qu'il n'arrive pas à contrôler, qui bouillonnent au fond de lui et qui, aujourd'hui, semblent littéralement exploser pour former une accumulation de haine, de chagrin et de tristesse, combien de fois s'est-il retrouvé dans cette situation où la vie lui a donné envie de tout lâcher, d'abandonner, de baisser les bras ? De tourner la page et de passer à autre chose. Même si c'est impossible, et il le sait, il l'a toujours su. Mais combien de fois Albus et Lorcan ont été les seuls à pouvoir l'aider à se reprendre, à remonter la pente ? Ils sont les deux seules personnes en qui Scorpius peut avoir une terrible confiance aveugle.
Albus transplane, et en quelques secondes, les deux fugitifs se retrouvent à des kilomètres du Ministère, loin de toute l'agitation qu'ils ont semé. Scorpius pense à toutes ces choses qui l'ont mené ici, au beau milieu de cette forêt, avec une baguette qui n'est même pas la sienne et qu'il n'arrivera certainement pas à utiliser correctement, accompagné Albus. Eux deux seuls contre tous, désormais. Ca remue toutes ces émotions. Il a soudainement mal à la tête. Tout se mélange. Son esprit perturbé crie à l'aide.
En sécurité. Scorpius ne sait pas où il peut se sentir en sécurité, désormais. Chaque endroit lui parait un peu plus traitre, désormais, et même ces arbres qui s'élèvent vers les nuages lui paraissent prendre une allure dangereuse, soudainement. Des ruines sinistres s'offrent à lui. Leur nouveau "chez eux". Scorpius se sent misérable et terriblement faible. Assommé d'impuissance, il s'assoit un le premier rocher qu'il aperçoit, plonge sa tête entre ses mains, frotte son visage. Il n'a plus rien. Alors ça va être ça leur vie ? Se planquer dans des ruines et refuser d'être les parfaits sujets de ces tyrans ? Scorpius n'a jamais voulu cela. S'il a été réparti à Serpentard, c'est avant tout pour son ambition, son égocentrisme, son égoïsme un peu, aussi. Le courage n'a jamais été évoqué dans le contrat. « C'est rien. » Il a cette rage, cette colère, qui bouillonne au fond de lui. Il transpire de haine. Il l'accumule au fond de son âme en pagaille. « Ca fait longtemps que tu pourris ici ? » Il lance un regard à Albus, à deux ou trois mètres de lui. Le coeur en ruines, au moins autant que l'endroit où ils se trouvent. Il n'arrive pas à mettre des mots sur tout ce qu'il a vécu depuis la veille. S'il avait su, il ne se serait jamais rendu à cette maudite manifestation. Quoi qu'au final, il ne sait pas vraiment ce qu'il y a de mieux. Il est soudain pris d'un rire maladroit, d'un rire nerveux, qui sonne faux, qui sonne mal. Qui grésille dans sa bouche et fait grincer ses dents. Le rire du misérable. « Merde, on est vraiment des clochards » Il regarde à nouveau Albus. Folie étrange qui danse dans son regard ; la folie de celui qui n'a plus rien à perdre, puisqu'il a déjà tout perdu. Celui qui doit tout reconstruire en lutant, mais qui se demande s'il en a encore la force, l'envie. Celui qui a terriblement besoin qu'on l'aide à contrôler ses émotions, à rétablir son coeur meurtri. « Et maintenant ? »