'était votre petit secret. Rester la nuit pour pouvoir travailler sur vos projets. L'alchimie, un art qu'il fallait manier avec précautions. Vous pratiquiez cela à Sainte Mangouste pour la simple et bonne raison que c'était le lieux qui posséder le plus d'ingrédient pour la concoction d'une potion. Mais ce soir, tu étais de nature évasive. Tes idées étaient ailleurs et Nicolas Flamel était le dernier de tes soucis. Abel le remarquerait sans doute. Il n'était pas aveugle. Et puis il avait appris à te connaître. Parler te ferrait sûrement du bien. Cependant tu ne souhaitais pas engagé la conversation, de peur de l'ennuyer avec tes problèmes, de peur briser l'ambiance. Tes esprits divaguaient. Tu suivais pourtant la recette mais à plusieurs tu te trompas. « Désolé. » Tu avais répété ce simple mot une bonne dizaine de fois déjà. Ce n'était clairement plus possible. Tu recommenças. Tu avais déjà fait du felix felicis pourtant. Mais ce soir, tu n'y arrivais pas. Ce n'était pas le bon soir pour préparer une potion pour la chance. Ces derniers temps la chance n'était réellement pas de ton côté, alors pourquoi arriver à faire quelque chose qui te fuit depuis ces derniers jours. Ta tête était trop embrouillé. Tu en avais marre. Tu soupiras. Bruyamment. Tu t'arrêtas. Tu fermas l'ouvrage et t'assis. La tête dans tes mains tu essayais de remettre un peu d'ordre. « Désolé. » Tu n'avais pas à t'excuser, surtout à Abel. En vrai tu avais juste envie de t'effondrer par terre et pleurer tout ce que tu pouvais. Tu ne l'avais pas encore fait depuis l'annonce. Tu étais une femme forte. Mais plus le temps passait plus l'envie se faisait de plus en plus pressante. Une larme commença à rouler sur ta joue. Puis deux. Et trois. Ce liquide salé n'en finissait plus. Voilà. Tu avais craqué. Et la goutte du vase avait été de ne pas réussir une potion de chance. Quelle paradoxe.

es soirées te font sourire. Vous passez des heures tous les deux, à tenter de dépasser les exploits d'un alchimiste de renom, ou à créer le soin unique qui sauverait le monde entier. Vous avez de beaux objectifs, quand tu te retrouves devant un chaudron avec Asmodée tu oublies ta folie de la potion Tue-Loup, ce que vous faîtes est plus important. Et plus amusant, sans l'ombre d'un doute. De ce que tu sais, vous n'avez pas toujours de raisons de rentrer, ce n'est pas ton elfe de maison qui risque de s'inquiéter pour toi. Tu devines qu'il est en train de se prélasser devant la télévision moldue, avec du whisky à la main, il a prit tes mauvaises habitudes. Un loup-garou ami avec un elfe de maison, t'en cumules des trucs bizarres.

D'habitude, Excalibur te file un coup de main, mais tu ne peux pas vraiment l'inviter à venir à l'hôpital avec toi. D'un point de vue productif, c'est une aubaine qu'ils t'aient garder malgré tes yeux défaits et ton statut de monstre, tu n'allais pas non plus leur imposer un elfe de maison un peu particulier. Tu te débrouilles comme tu peux, passant tes doigts au dessus des récipients, sentant les produits en espérant ne pas tomber sur quelque chose de toxique. Par chance, dans un vieux bouquin coincé sous une armoire tu as réussi à trouver un sort permettant de transformer le texte en braille. Au moins, tu t'en sors là-dessus. Puis pour aujourd'hui, tu n'es pas le plus catastrophique, les ratés d'Asmodée commencent à t'inquiéter. Tu t'inquiètes souvent trop. Mais d'habitude, c'est son sourire et sa voix qui te foutent un peu de baume au cœur, et là c'est différent, sans le voir tu peux le comprendre. Une excuse que tu balaies d'un geste de la main, une seconde qui te fait froncer les sourcils, mais tu ne dis rien. Tu hésites quelques fois à poser ta main sur la sienne ou sur ses affaires pour l'interpeller, la questionner, mais tu ne sais sur quel pied danser lors d'excuses. Jusqu'à la dernière, un silence la suit. Une odeur un peu salée, étrange, ta sœur avait la même quand tu es revenu aveugle. Des larmes. Ces terribles larmes qui te fendent le cœur. Rapide, tu clos la porte du bureau, que personne ne vienne vous déranger, puis t'avance vers elle, un soupir aux lèvres. « Asmo. » Tu poses tes doigts sur son épaule, une brève pression avant de la relâcher et de t'accroupir à ses côtés. « Au lieu de t'excuser pour rien, si tu me disais ce qui se trame ? » Sans détour ni hésitation, tu ne la laisseras pas fuir tes questions.
 

videmment il avait remarqué. Il n'était aveugle Abel, il avait aperçu tes larmes. Comme tu t'y attendais, il s'accroupi à tes côtés attendant des explications. Tu hésitais à lui dire, mais peut-être l'ennuierais-tu avec tes problèmes. Sauf que tu avais besoin de parler, d'avoir son point de vue sur la situation… Alors tu commences à tout raconter, depuis le début. Tu sèches rapidement tes larmes et commence ton récit : « À poudlard j'ai eu la chance de rencontrer deux fantastiques garçons qui sont par la suite devenus mes deux meilleurs amis. Cependant je suis tombée amoureuse d'un de ces garçons mais il était fiancé. Et récemment, on m'a fiancé à mon autre meilleur ami. Une histoire drôle non !? » même sous tes larmes tu réussis à pousser un légèrement soupire d'amusement. À raconter c'était assez drôle et plutôt singulier comme genre de situation. « Le problème dans tout ça, c'est que je suis perdue, je n'arrive plus à distinguer mes sentiments dans tout ce bordel puisque évidemment, il y a eu un fort rapprochement avec mon futur potentiel fiancé, et je ne sais plus trop quoi penser de la décision de mon père. Au fond, je suis toujours attristée parce que je n'aurais jamais la chance de choisir l'homme qui restera avec moi jusqu'à la fin de mes jours mais je sais plus...c'est tellement confus... » Tu le regardais d'un air qui signifiait qu'il était ton dernier espoir pour remettre un peu d'ordre dans tout ce tapage émotionnelle. Tu avais juste peur. Peur de te retrouver coincée encore une fois dans une impasse. Tu pensais à tout, à Aconit, à Louis et même à ton père. La chose dont tu avais le plus peur était de ressentir quelque chose à l'égard d'Aconit. Ce n'était pas mal au contraire. Mais tu le connaissais, tu savais qu'il ne s'engagerait jamais dans une relation, et tu savais qu'il n'était jusqu'alors jamais encore tombé amoureux alors pourquoi cela changerait-il avec toi ? Encore une fois tu souffrirais, mais au fond, au moins celui-là, il t'appartiendrait un jour.

ès qu'il s'agit d'amour, t'es largué. Pourtant tu sais à quel point ça peut être compliqué – impossible de te faire gober l'inverse, t'es amoureux du même type depuis tes quatorze ans, alors que vous avez eu quoi... aller, une année scolaire en couple ? Merveilleux. Ça te dépasse, l'amour, et encore plus quand il s'agit des autres. Par contre, tu sais de quoi tu peux parler, les parents tarés. De quel droit il l'oblige à se fiancer avec un qu'elle n'aime pas ? Tu grognes, plus proche du canin que du l'humain. « Envoie chier ton père. » La réponse à tout, envoyer paître les parents trop envahissants. Ça ne marche pas à tous les coups, mais disons que c'est efficace dans 99% des cas. Tu soupires, creusant un peu plus loin ta réflexion. « Je veux dire. Tu dois pouvoir choisir ta vie. Je vois bien que c'est plus vraiment ça le souci, mais il n'aurait pas tu te mettre dans cette position. » Tu bascules, te laissant tomber dos contre la table en tâtonnant quelques secondes pour ne pas t'asseoir sur quelque chose. Les yeux dans le vague, comme d'habitude, t'aimerais bien pouvoir voir son visage. Évaluer ses pleurs, sa tristesse, trouver une idée pour la rasséréner. « Le premier garçon, là. Celui qui est fiancé. Tu l'aimes toujours ? Il est toujours fiancé ? C'est quoi ces manies de vous fiancer si jeunes aussi ! » Tu hais cette idée par principe. Le père d'Abigaïl a voulu la fiancer à un inconnu quand tu sortais à peine de l'école, et tu as du menacer autant ta mère que cet idiot pour qu'ils lui foutent la paix. Vous n'êtes plus au Moyen-Âge, les enfants n'ont pas à être fiancée sans leurs consentements. Le système sorcier avance péniblement dans l'ère moderne, et tu ne pourrais pas souhaiter qu'il arrive plus vite que maintenant. Puis tu préfères jouer au vieux con plutôt que de devenir comme cette génération désillusionnée que sont vos parents à tous. « Et ton fiancé, il en pense quoi ? Il n'a pas son mot à dire non plus sur la situation ? » Du bout des doigts, tu agites ta baguette pour une fois docile, dessinant des arabesques de fumée dans l'air, semblables à celles tatouées sur ton bras. De l'autre main, tu tapotes le sol à côté de toi, persuadé qu'il est vide – au pire une chaise ça se déplace. « Viens t'asseoir ici, je saurais où t'es comme ça. Et puis, pourquoi tu t'enfuis pas avec celui que t'aimes ? Le monde est vaste, et mince, t'es la future super-alchimiste Asmo, tu peux faire ce que tu veux ! » ça doit jouer de ne jamais avoir eu de parents sur le dos qui assénaient sans cesse des codes de conduite. Il lui suffirait de prendre une goutte de Felix Felicis, d'envoyer bouler son père et les familles des fiancés pour décider enfin de ce qu'elle veut. Pourquoi les gens ne voient pas le monde ainsi ?

nvoyez chier ton père. Ça se voyait qu'il ne le connaissait pas du tout. C'était un Bulstrode, une famille anciennement partisans des mangemorts. Ce n'était pas un homme avec lequel on rigolait à contrario de toi. Il avait l'air lui aussi dépité par la situation, ta situation. Tu relèves finalement la tête, séchant tes larmes à bout de bras. « C'est ce que je me disais aussi mais quand ton père est qui il est crois moi que tu évites de te le mettre à dos.. » Tu essayes de te retenir de pleurer. Tu n'aimais réellement pas ça, c'était comme montrer une partie de toi, une partie vulnérable. « Je sais plus qui j'aime et qui je n'aime plus au final. J'ai toujours considéré mes deux meilleurs amis comme des personnes à part, comme si j'avais toujours ressenti quelque chose pour les deux, mais pour Louis c'était plus fort et maintenant les tendances s'inversent, enfin j'crois… » Au fond tu n'étais pas si jeune, tu avais quand même 25 ans, c'était quand même le premier quart d'un siècle, un bel âge. Il était réellement attachant à vouloir essayer de deviner tout ce bordel sentimental et cette histoire de contrat. Tu l'appréciais pour ça Abel, au fond, derrière son visage impassible c'était un garçon très gentil et un honnête homme. Pourquoi n'était-il pas ton fiancé ? Merlin fait mal les choses. « Mon fiancé, j'ai juste l'impression qu'il est paumé. Ça n'a jamais été un grand sentimentale préférant les coups d'un soir aux relations sérieuses. Il profite de la vie. Et ça, ça lui tombe dessus comme une troll. » Tu ne regrettais pas d'être tombé sur Aconit au final, tu le connaissais tu l'appréciais, tu ne l'aimais pas certes, mais valait mieux quelqu'un qui te respecte en tant qu'ami qu'un inconnu arrogant et buté. Tu répondus à son invitation en allant te loger près de lui. « Le problème c'est que je ne sais plus qui j'aime, tu sais j'ai déjà pensé à m'enfuir avec mon chat… mais je ne suis pas sûre qu'il me rendra heureuse. » Tu ris finalement. Enfin. Même si ce que tu venais de dire ne rimer à rien et surtout n'avait aucun sens mais tout simplement tu en avais marre de te prendre la tête. « Tu penses que si un jour tu es le créateur d'un phénomène incroyable en alchimie tu m'épouseras ? Mon papa sera peut-être d'accord, si tu deviens célèbre et tout... » Bah quoi, tu essayais tant bien que mal de trouver un échappatoire à ce merdier. Voilà tout.

ien sûr que tu ne connais pas son père, ni sa famille, ni rien. T'es peut-être trop incapable d'apprécier les règles pour comprendre qu'elle ne peut sans doute pas s'enfuir. « Mais si tu ne peux pas refuser, pourquoi ne pas simplement t'en aller ? » Oui, tu insistes. T'es lourd, sûrement, mais c'est ancré à ta personnalité de l'être, ça ne t'inquiète pas plus que ça. Un mouvement de tête en arrière et tu t'appuies contre le meuble, fixant vraisemblablement le plafond, portant toute ton attention à son écoute. Comment les gens se retrouvent dans ce genre de situation ? Ça te dépasse. La vie pourrait être plus simple parfois. « Les chats sont des ingrats, il finirait par manger quiconque se trouve prêt de lui ! » Oui, bon, tu as un souci avec les chats, ce n'est pas de ta faute. Ils ne peuvent pas te blairer et tu leur rends bien en leur rugissant dessus dès que tu as l'occasion. Tu vas finir par lui offrir un chien, un échappatoire, et la harceler jusqu'à ce qu'elle se décide à s'enfuir. On a pas idée d'accepter une telle obligation de la part de ses parents. Sa seconde idée te fait rire, on ne te laisserait même pas épouser un troll. « Je ne suis pas sûr d'être un gendre idéal, même célèbre. » Tu le dis avec un sourire, cette pensée est sérieuse. Des tares se cumulent, un loup-garou qui rêve de tuer sa mère, un aveugle violent qui aimerait bien savoir remonter le temps. Et il suffit de gratter un peu pour savoir ce que tu penses du gouvernement, pour voir un de ces pauvres idiots qui rêvent de révolte sans s'en donner la peine. « Tu dois vraiment être désespérée pour en venir à cette idée là, ma chère. » C'est dit sans méchanceté, juste avec la même voix douce que tu emploierais pour parler à ta petite sœur. Du bout de la baguette, tu balances des petites étoiles devant vous sans en avoir conscience, elle se sent mal elle aussi. Ces bouts de bois ont des réactions bien particulières, et maintenant tu es prêt à sortir une nouvelle solution tirée de nulle part. « Et pourquoi, avec ton fiancé, vous ne tombez pas juste d'accord sur un point : vous vous mariez, d'accord. Mais vous n'avez pas à tomber amoureux ou quoi, chacun de vous fait ce qu'il veut dans son coin et basta. Non ? » Ou c'est que toi qui trouve cette idée plus juste ? S'ils n'ont pas le choix, autant qu'ils s'amusent.