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your hands can heal, your hands can bruise / julius.

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ϟ SORTILÈGES : 45
ϟ CRÉDITS : © kttniss.
ϟ PSEUDO : Marido/Castiells.
ϟ AVATAR : Jennifer lawrence.
ϟ MES COMPTES : Un seul.
ϟ ÂGE DU PERSO : Ses traits poupins, et son visage de gamine sont aisément trompeurs en la matière, pourtant malgré les apparences Raina vient de fêter ses vingt-huit ans.
ϟ SANG DE SORCIER : Sang pur. Bien en marge des des considérations que l’on pouvait autrefois porter à la qualité du liquide pourpre (notamment du côté de son paternel), Raina est aussi fière qu’indifférente sur le sujet.
≈ PROFESSION : Potionniste au département des mystères.
ϟ STATUT CIVIL : Célibataire, toutefois il y a cette odeur reconnaissable entre mille dont le spectre la suit à la trace. Elle a beau vouloir l'oublier, elle l'a dans la peau..
ϟ ANCIENNE MAISON : Serpentard comme pratiquement tout le reste de la famille; le choixpeau a pourtant longuement hésité avec Serdaigle..
ϟ BAGUETTE MAGIQUE : Frêne, vingt-deux centimètres et demi, poil de centaure.
ϟ DON MAGIQUE : Aucun.
ϟ LOCALISATION : Présente à Londres tout au long de l'année, elle s'exile tantôt à Hereford lorsqu'elle a besoin de repos.
Raina Slughorn
Raina Slughorn
MessageSujet: your hands can heal, your hands can bruise / julius. your hands can heal, your hands can bruise / julius. EmptySam 30 Jan - 11:24


your mouth is poison, your mouth is wine.

feat. raina slughorn & julius fletcher.


Il s’en était passé des choses en trois semaines; bien plus que ces cinq précédentes années.

Raina avait déserté le ministère en se faisant porter pâle. En réalité les maux qui l’accablaient étaient bien pires qu’une simple maladie. C’était un cancer qui rongeait son cœur, ses os, et son esprit. Et pour s’en défaire, un détour dans sa ville natale s’imposait. Hereford était assez éloigné de Londres, et le voyage eut été plus simple en transplanant, mais se déplacer de la sorte lui donnait la nausée. A défaut de dormir dans le train, elle avait donc contemplé le paysage d’un regard vide et mort. Les mots pesaient encore sur sa conscience, et il lui était impossible de les oublier. Gravés au fer rouge, les lettres mille cinq cent gallions dansaient devant ses yeux. Elle leur en voulait à tous. À tous ceux qui avaient participé à lui arracher son bonheur, à commencer par son père. Puis à Julius pour avoir accepté un pareil marché. Dire que tous les hommes qu’elle avait pu connaitre, la décevaient un par un, était un euphémisme. Et lorsqu’elle arriva à destination, un sentiment de détresse la traversa, cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas foulé cette terre. Depuis qu’elle était rentrée dans la vie active, ses visites s’étaient espacées, d’abord une fois par mois, et enfin uniquement pour les fêtes. Tant qu’il y avait Horace, supporter ses parents était acceptable, le cas échéant, ses cauchemars refaisaient surface. Personne ne l’attendait à la gare, et elle dû faire le chemin à pieds. Si d’ordinaire, elle cherchait la quiétude et le calme, l’ambiance campagnarde était aujourd’hui extrêmement pesante. C’était à croire que l’air était irrespirable, car même les tintement des oiseaux se faisait discret. L’accueil qu’on lui réserva sur place fut glacial. « Raina ? Qu’est-ce que tu fais ici ? » A quand remontait son dernier passage ? Elle même était incapable de le dire, une éternité très certainement. Le visage brut et austère de sa mère ramena à sa mémoire des souvenirs qu’elle aurait préféré enfouis dans un coffre sous clef. « J’ai besoin de le voir. » Pas de bonjour, ou de geste affectif, ils n’étaient pas comme ça dans la famille, elle l’avait appris à ses dépens en voulant dupliquer ce qu’elle avait vu chez ses camarades du même âge. A la place d’une accolade, on l’avait renvoyé dans ses tranchés d’une remarque pincée. « Tu arrives trop tard. » Ses sourcils se froncèrent de surprise, mais après tous les missives marquées du sceau familial avaient terminé dans les cendres de la cheminé. « Pardon ? » Que s’était-il encore passé ? Le vieux fou avait-il finalement trépassé ? Il n’avait pas le droit, pas avant qu’elle obtienne satisfaction, et réponses à ses questions. Elle avait besoin de le confronter une bonne fois pour toute afin de guérir et d’avancer. « Tu n’as pas lu ton courrier ? Ton père est gravement malade. » Avait-elle achevé, avant que Raina ne la pousse pour rentrer dans la demeure. Elle avait traversé sans s’arrêter les grandes pièces aux tentures vétustes, et avait débarqué comme un boulet de canon dans la chambre parentale. Il était là, à quelques mètres, tel qu’elle l’avait toujours connu. Un frisson la fit trembler, même allongé à moitié affable dans les draps, il lui faisait peur. Et pourtant elle avait grandi. L’emprise cruelle qu’il s’était évertué à créer sur elle était immuable. Une chance que ses pupilles grises inquisitrices demeuraient fermées. L’idée de l’étouffer avec un coussin traversa ses pensées aussi rapidement que le vol d’un vif d’or. Le charisme et l’aura subsistait en dépit de son état secondaire : Raina le craignait autant qu’elle le haïssait. Ses ongles s’enfoncèrent dans sa paume, faisait-il exprès ? Il venait de lui gâcher sa quête de vérité, et son opportunité de décharger sa colère. Elle défaillit, face à cet exécutoire qui s’évanouissait.

Un bruissement de pas légers la tira de sa torpeur, et la silhouette de sa génitrice se matérialisa à ses côtés. « Tu savais ? » Sa voix était chevrotante, il y avait trop d’informations à digérer, et l’être à la santé déclinante était le seul à en détenir les aboutissants. Le mutisme de son interlocutrice eu le don de mettre ses nerfs à fleur de peau. La sorcière se tourna vers elle, se faisant plus insistante. « Est-ce que tu savais ? » Le sujet était l’évidence même, se confondre en détails était inutile. « Oui. » Des aveux arrachés au prix d’un effort conséquent si elle en jugeait par les mimiques de la femme de Marcus Slughorn. Sans l’apprécier, Raina la tolérait, se contentant de rapports polis et cordiaux avec celle-ci. Hormis son oncle, les autres membres de la fratrie essuyaient une indifférence des plus totales de sa part. « Je vous ai entendu ce soir-là. Le jour de tes dix-neuf ans. » La jeune femme eut l’impression qu’une vague de tristesse se levait quelque part et elle ressentit une nouvelle fois, la douloureuse morsure de la trahison. Elle décida de lui laisse le bénéfice du doute. Elle repensa à Julius, et tout ce qu’ils avaient échangé cette nuit-là. Beaucoup de paroles en l’air, comme celles que des adolescents en fleur peuvent tenir, mais aussi des promesses sincères. Qu’elle croyait sincères plus exactement. Peu importait en tout cas, c’était à eux, ça n’appartenait pas aux autres. Le fait qu’elle ait entendu provoqua un malaise chez Raina. « J’ai entendu ce qu’il t’a dit, et la façon dont tu riais bêtement à tout ce qu’il te racontait. Ce vaurien que personne n’avait invité, et qui partageait ton lit… Un Fletcher sous notre toit… » Foutue réputation Slughorn, à qui importait-elle vraiment ? La guerre des sangs purs contre les sangs mêlés appartenait à une époque différente. Les mentalités avaient évolué et les combats de même. « … Je lui ai tout répété. Il a dit qu’il s’en occuperait, qu’il s’occupait toujours de tout. Ce qu’il a fait, c’est pour ton bien Raina, tu devrais le remercier au lieu de le détester. De nous détester. Nous voulions ton bonheur… Que l’honneur de cette famille persiste. Tu n’imagines pas le scandale qu’une telle histoire aurait pu nous causer… Oh non. » Elle était devenue comme lui une créature fétide gonflée par la méchanceté et à l’esprit malsain. « Pour quelqu’un de si intuitif… » Elanora secoua sa tête, un sourire pervers, mauvais perdu sur ses lèvres. « Tu ne vois vraiment que ce que tu veux voir. Je suis surprise que tu l’ai appris si tardivement. C’est lui qui te l’as dis n’est ce pas ? Tu l’as revu ? C’est ça ? DIS MOI. » Toutes ces années passées à essayer de plaire à son père, sans jamais réaliser qu’étant du sexe féminin elle n’y arriverait jamais. Ces échecs répétitifs, la douleur, la peine, les larmes, tout revenait en boomerang. Et elle revoyait dans le fond du tableau, sa mère, spectatrice silencieuse, acquiesçant lentement du menton. Comment avait-elle pu être aveugle à ce point ? Sans plus attendre, elle prit la fuite, et quitta cette maison toxique qu’elle ne pouvait plus sentir.

Hélas que faire désormais ? Où aller ? Elle n’avait plus d’attaches, plus personne sur qui compter. Là bas dehors il n’y avait plus que la solitude qui l’attendait. A l’intérieur d’elle, son âme devint si froide, qu’elle n’éprouva plus que de la haine. Même le soleil se heurta à son ressentiment, et elle douta qu’il puisse la réchauffer de sa présence. Et lorsqu’elle retourna dans la capitale, le rire des passants, de tout ces gens qui paraissaient heureux lui arrachèrent des crampes atroces à l’estomac. Après le déni, vint l’instinct de survie, celui la même qui continuait de lutter puissamment dans son cerveau. La solution était là toute proche, juste sous son nez au milieu de tout le reste… Julius. Elle devait le retrouver coute que coute, elle avait tant besoin de lui. Qu’importe qu’il ait accepté ces gallions, qu’importe qu’il fut comme son père. Il lui manquait atrocement. Toutefois, par où commencer ? Elle ne savait pas si il était toujours là, ni même où il logeait, il ne lui avait rien dit lors de leurs retrouvailles écourtées. Cette nouvelle quête eut le mérite de la remettre d’aplomb, et pendant des jours et des nuits, elle patrouilla dehors à la recherche du moindre indice. En vain, il avait tout bonnement disparu. Ce constat ne fit que lui crever davantage son cœur, déjà en piteux état. Lorsqu’elle eut finalement l’idée d’user des ressources du ministères pour le localiser. L’affaire fut réglée en une poignée de secondes, et désormais en possession de l’adresse qui aurait pu la faire rire d’ordinaire (le chaudron baveur), Raina hésitait. Elle avait tenté de frapper à sa porte trois fois depuis le début de la semaine sans oser aller au bout de son geste. Sa main était restée sur le panneau de bois, et elle s’était évaporée dans un bruissement de cape. Elle était si faible… Et il était lui, son Julius, cet escroc qu’elle avait aimé, qu’elle aimait, et qu’elle aimerait malgré tout les évènements. Par dessus tout, elle ignorait ce qu’elle pouvait lui dire. Il y avait tant et si peu à la fois… La rancoeur ne s’était pas totalement effacée, mais dans la mesure où il n’était pas le seul coupable, elle diminuait progressivement. Qui plus est, ce qu’elle ressentait pour lui, faisait pencher la balance de l’autre côté. Ils avaient tellement de choses à rattraper. Aussi le quatrième jour, Raina Slughorn se rendit dans la célèbre taverne pour le voir et lui parler. Entendre encore sa voix, croiser son regard, et s’amuser de ses fossettes qui naissaient dans ses joues creuses. Ce soir également, elle lui dirait peut être au revoir définitivement, ou bien elle lui donnerait une seconde chance. Pour être exact, la raison de sa venue était superflue, tant qu’elle pouvait profiter de sa compagnie. Lui raconter ce qu’elle avait vu chez elle, et combien elle regrettait de s’être tant énervée. D’avoir douté de lui notamment. Elle parcouru la salle commune d’un œil vif, et le reconnu immédiatement. Même dans le noir, elle eut été susceptible de le trouver. Ses jambes flageolèrent, et elle cru qu’elle allait repartir en courant. Rien de ça néanmoins, car elle se dirigea automatiquement vers lui. Silencieuse, elle tira la chaise, et s’assit en face de lui. Juste un regard dans le brouhaha environnant. Celui de deux étrangers qui se retrouvent, et qui partagent un lourd secret.
© TEMPORIS HEREDITAS 2015

 

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ϟ SORTILÈGES : 19
ϟ CRÉDITS : * { lux
ϟ PSEUDO : juice
ϟ AVATAR : oscar isaac
ϟ MES COMPTES : only one
ϟ ÂGE DU PERSO : trente et un ans
ϟ SANG DE SORCIER : sang-mêlé
≈ PROFESSION : reporter pour le chicaneur
ϟ STATUT CIVIL : célibataire
ϟ ANCIENNE MAISON : serdaigle
ϟ BAGUETTE MAGIQUE : poirier ~ dent de farfadet ~ vingt trois centimètres
ϟ LOCALISATION : londres
Julius Fletcher
Julius Fletcher
MessageSujet: Re: your hands can heal, your hands can bruise / julius. your hands can heal, your hands can bruise / julius. EmptyDim 13 Mar - 8:46


your hands can heal, your hands can bruise

feat. raina slughorn
Après que la tempête Raina se soit abattue sur lui, Julius oublia tout des raisons pour lesquelles il s'était rendu au Ministère de la Magie ce matin-là. D'un air distrait et absent, il quitta les lieux sans même s'en rendre compte. Ses pas le menèrent naturellement vers la sortie, comme si son but était achevé ici. Il oublia la secrétaire bavarde qui devait l'attende patiemment quelque part. Il oublia la tâche qui lui avait été confié par Le Chicaneur. Il oublia même le sourire qui barrait habituellement son visage. Ce qui demeura dans son esprit fut les mots inquisiteurs de Raina. Ses gestes, le son de sa voix, son regard assassin, tout. Chaque détail lui revînt en mémoire encore et encore, tournant inlassablement dans son esprit comme une vieille rengaine. Profondément déboussolé par la dispute, Julius sembla flotter longtemps au dessus de lui-même. Ses pensées furent occupées par la nouvelle image de Raina. Avec elle était réapparus des sentiments familiers et candides. Mais son discours avait fait naître en lui le douloureux sentiment de culpabilité, qu'il n'avait jusqu'alors pas expérimenté, grâce à son exil. Face à elle, la donne n'avait plus été la même. Julius avait pu ressentir pleinement le poids de sa trahison. Ses mots durs et aiguisés comme des lames de rasoirs qu'elle avait affûté en quatre ans d'agonie, l'avaient secoué plus qu'il ne l'aurait cru. Il avait vu une telle fureur dans ses yeux, qu'il en avait eu peur, au point d'avoir le cœur tremblant. Milles fois dans ses songes, il avait imaginé croiser sa route à nouveau. Parfois dans des circonstances réjouissantes, parfois lors d'issues plus funestes. Cependant, rien ne l'avait préparé à un tel courroux. Il avait perçu tant de sentiments écorchés chez Raina, tant de plaies durement cautérisées, mais également tant de haine refoulée au fil des années. Jamais il ne l'avait vu comme cela et pourtant il connaissait nombre de ses visages. Julius frissonnait à la seule pensée de la violence avec laquelle elle l'avait chassé, sa baguette à la main. Mais le pire qu'il retenait de ces retrouvailles inattendues, n'avaient pas été les reproches – justifiés – ou les éclats de voix, mais la surprise de revoir Raina. De découvrir la femme qu'elle était devenue depuis qu'il était parti. De voir la vie qu'elle s'était construite (ou qu'elle avait essayé de se construire) sans lui. Et de se rendre compte qu'elle n'avait fait que survivre en quatre ans. A présent, il songeait à tout ce qu'il avait laissé de côté en disparaissant de sa vie. A tout ce qu'il aurait pu vivre avec elle et même accomplir, en quatre ans. Son existence toute entière aurait pu être tellement différente, remplie de joies et de peines, qu'il aurait certainement aimé partagé avec elle. Si seulement il en avait décidé autrement, ce jour-là...

Julius passa l'ensemble chemin du retour l'air pensif, le front posé contre la vitre du magicobus, qui le ramenait dans le centre de Londres. Il s'était enfermé dans une bulle d'apathie, dénué de l'habituelle jovialité qui faisait toute sa personne. Il glissa hors du double decker violet, puis s'engouffra dans l'atmosphère chaude du Chaudron Baveur. A cette heure-ci, les lieux étaient calmes, encore vides de l'agitation qui régnerai au déjeuné, dans une poignée de minutes. Mais peu importait la vie quotidienne à présent. Julius avait l'estomac noué, la gorge sèche et le cœur serré. Il rejoignit la modeste chambre qu'il louait à la semaine au premier étage du bâtiment et referma avec lourdeur la porte derrière lui. Soudain, dans le silence de la pièce, il prit conscience de toute l'étendue de sa vanité. Sa faute, sa culpabilité, ses regrets. Sa belle matinée d'investigation avait tourné au désastre, par le biais d'une rencontre fortuite, qu'il avait longtemps redouté, à juste titre. Comment avait-il pu espérer qu'elle l'efface un jour de sa mémoire et puisse ainsi refaire sa vie sans lui ? Il avait cru, naïvement (à nouveau), que son salopard de paternel se soit arrangé pour que Raina trouve un bon parti et l'oubli aussi vite qu'il était parti. Mais cela n'avait pas été le cas. Pire, il semblait qu'elle n'est jamais tournée la page. Sincèrement, ce n'était vraiment pas ce qu'il avait espéré pour elle en partant. De tout son cœur, il avait souhaité son bonheur, peu importe si c'était avec lui. Il ne l'avait pas quitté par orgueil, ni pour quelqu'un d'autre. Il l'avait quitté pour des raisons bien plus personnelles et pécuniaires (même si ces dernières étaient inexactes à son égard). Son amour pour Raina était profond et ce n'était pas de gaîté de cœur qu'il l'avait abandonné. Lui aussi avait souffert de cette séparation, mais il avait fini par se convaincre que la situation était mieux ainsi et qu'elle trouverait son bonheur dans les bras de quelqu'un d'autre. Quelqu'un d'autre qu'un Fletcher. Une personne qui la méritait plus que lui, qui en était plus dingue. Grossière erreur. Adossé à la porte de chambre, Julius croisa furtivement son reflet dans le miroir de la penderie. Son regard se posa sur le badge du Ministère encore accroché à sa boutonnière, qu'il arracha d'un violent geste de la main. Dans un autre mouvement de colère, il quitta sa veste écrue pour la faire valser sur le dessus de lit. Un objet métallique rebondit et roula sur le sol miteux. Julius se pencha pour le ramasser. C'était un gallion d'or. Aucunement un des siens. Il n'en possédait pas, bien trop précaire pour posséder ce genre de monnaie. Cette pièce appartenait à Raina, cela ne faisait aucun doute. Le gallion avait du se ficher dans un revers de son costume lorsqu'elle lui avait jeté son argent au visage. Voilà ce qui lui restait d'elle à présent : un gallion d'or. Triste ironie.  

Trois jours avaient passé depuis ses « retrouvailles » avec Raina. Julius n'avait pas oublié un seul mot du discours prononcé par la jeune sorcière. Depuis, son sommeil comme son sourire étaient devenus artificiels, l'un aidé par une potion et l'autre par des ronds de jambes habituels pour un Fletcher. Il lui était pourtant très difficile de feindre l'enthousiasme cette fois-ci, si bien que même le barman du Chaudron Baveur lui avait demandé des nouvelles de sa santé. Julius était devenu rêveur, absent, silencieux. Bien loin de son attitude exubérante connue. Il lui était également devenu difficile de réfléchir. Voire impossible. Voilà deux soirées qu'il grattait le parchemin, pour pondre un article fictif au Chicaneur. Son entrevue avortée avec la jeune secrétaire du Département de la Justice Magique le laissait face à une page blanche que même toute l'imagination du monde ne pouvait combler. Il n'avait aucune matière à traiter. Rien, si ce n'était que de furtives intuitions qu'il n'arrivait pas à extrapoler assez pour en rédiger un article complet. Assis à une table du Chaudron Baveur, Julius demeurait pensif face à sa page, qui restait désespéramment vide. Il regardait la flamme de la chandelle se consumer d'un air distrait, tandis que ses doigts jouaient machinalement avec le gallion appartenant à Raina. La pièce tournait lentement entre ses phalanges, avec l'agilité de maîtres illusionnistes moldus. Soudain, l'on tira bruyamment la chaise libre devant lui et Julius sorti de sa torpeur. Lorsqu'il releva les yeux, la surprise figea son visage dans une expression si ébaubie que l'on aurait pu croire qu'il était pris de fièvre. C'était Raina. En chair et en os. Le visage pacifique, l'allure tranquille, étonnement silencieuse. Le temps se suspendit durant quelques secondes, l'espace d'un long regard échangé. Elle s'assit devant lui. Avec tant de légèreté, que Julius n'entendit même pas le son des pieds de chaises racler le plancher de la taverne. La sorcière le regardait fixement, intensément. Ses yeux n'exprimaient plus la colère dont il avait été témoin au Ministère. Son regard avait changé. Il était chargé d'une certaine tristesse, de lassitude, mais surtout d'interrogation. Elle semblait le défier du regard. Attendre quelque chose de lui. Un mot, une explication de plus. Une vérité encore inavouée. « Bonjour » sourit timidement Julius, qui finit par briser le silence. Était-ce lui qui avait prononcé ces mots ? Il n'en avait même pas conscience. Une pulsion le poussait brutalement. A vrai dire, il était considérablement surpris de la voir. Surtout après les mots qu'elle lui avait hurlé au visage en le mentant à la porte de son bureau au Ministère. « Je pensais que tu ne voulais plus me voir ? » commenta-t-il, presque gêné. Cela lui avait échappé. C'était indélicat de sa part de lui faire cette remarque, d'autant plus qu'il s'était attendu à ne jamais la revoir et cette fois-ci pour de vrai. Il regretta tout de suite ses mots en voyant la réaction hostile de Raina. « Moi, je suis très heureux de te voir » lui dit-il en posant prestement sa main sur la sienne pour l'empêcher de fuir. Son regard était insistant et sincère. Elle n'était pas sortie de ses pensées depuis qu'il avait quitté le Ministère et la revoir à nouveau – si vite – lui procurait un bonheur inespéré. Il retira aussi vite sa main de celle de Raina qu'il ne l'avait posé sur la sienne. Ce genre de familiarité n'était plus d'actualité entre eux et ce, malgré le frisson qui avait parcouru son épiderme à son contact. Julius se redressa alors sur sa chaise, afin de recouvrer un semblant de conscience et baissa subitement les yeux, vers l'objet qu'il tenait dans l'autre main. « Si tu veux quelque chose à boire, tiens. C'est à toi » dit-il à Raina, en déposant le gallion d'or qu'il tenait entre les doigts devant elle. « Reprend-le, je n'en ai jamais voulu » lui dit-il d'un ton éteint. Il releva les yeux vers elle. « Comme ceux de ton père. Je les ai refusé...tous » avoua-t-il à demi-mots. Telle était sa vérité. Il n'avait jamais accepté les peaux de vin du patriarche Slughorn. Quitter Raina avait été sa seule décision et sa seule erreur. Son père à lui avait été le profiteur du gain. C'était Mondingus Fletcher qui profitait de son argent à présent. « Tu ne m'as pas laissé le temps de te le dire au Ministère... » ajouta Julius, qui trouvait enfin le courage de parler. Une chose dont il avait été incapable, quelques jours plus tôt. Le silence de Raina l'aidait grandement. Après ses éclats de voix, il pouvait enfin se confier lui. Lui dire sa propre vérité, même si elle restait entachée de honte. Il avait été lâche et naïf dans cette histoire. « Raina, je...je sais que je me suis mal conduit. J'ai fait l'erreur d'écouter deux vieux séniles, parce que quelque part je savais qu'ils avaient raison. Tu méritais mieux qu'un vaurien comme moi » lança-t-il, tel un pavé dans la marre. C'était l'excuse qu'il s'était construit au fil des années. Une part de lui-même y croyait dur comme fer. Quel avenir auraient-ils pu avoir ensemble ? Qu'aurait-il pu lui offrir de concret ? Il avait eut les mots pour lui promettre monts et merveilles, mais comme tout Fletcher, ce n'était que des balivernes.

© TEMPORIS HEREDITAS 2015

   

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