« On ne devrait pas être là ! » fait remarquer la rouquine en entrant dans le bureau de leur père. L'ainé n'en fait rien, il affiche un sourire jusqu'aux oreilles en approchant du secrétaire, sa baguette magique à la main. La magie est interdit en dehors de l'école, bien entendu, James Potter ne compte pas l'utiliser, mais il garde toujours sa baguette avec lui. Il marche rapidement vers le meuble alors que Lily se fige en remarquant que son frère sort un vieux canif de sa poche. « Où as-tu eu ça !? James !! » « C'était à Sirius puis à papa et à moi maintenant ! » répond le jeune homme en sortant la lame pour crocheter la serrure du bureau. On entend rapidement un clic et le sourire de James s'illumine à l'instant. « Parfait ! » mais Lily n'est visiblement pas de cet avis. Elle reste devant la porte et se crispe en entendant des bruits de pas qui approchent. « C'est maman ! » et elle sort de la pièce sans attendre James qui continue de fouiller. Il trouve enfin ce qu'il cherche. Un vieux de parchemin qui semble miteux. Il le cache sous sa chemise et ferme le tiroir avant de se précipiter vers la porte, mais déjà, il entend sa mère dans le couloir. James en profite pour se cacher derrière la porte. Il ne bouge plus, ne respire plus et ferme les yeux en serrant le canif dans sa main. Ginevra est là, devant la porte et elle fixe le bureau d'un œil suspect avant de reculer en fermant la porte. James souffle un grand coup, il expire l'air de ses poumons et sent la tension qui descend avant de sortir en ouvrant la porte. Sa mère est partie dans la cuisine et James en profite pour aller dans sa chambre où il retrouve sa soeur sur son lit. « Froussarde » lance-t-il en ricanant avant de s'asseoir à son bureau et de déplier le parchemin. Lily fait une légère moue et approche pour observer son frère. « C'était un repli stratégique. Alors c'est ça ? On a prit tous ses risques pour ça ? » tous les risques ? James se met à sourire en songeant qu'ils risquaient juste une remontrance et être privés de dessert. « Tu veux dire tous les risques que j'ai pris ? » Lily tire la langue sous la remarque, mais reste proche de son frère pour l'observer. James sort sa baguette de sa poche et la pose sur le parchemin. Il essai de se souvenir des paroles de son oncle Georges, il se concentre et ferme les yeux. « Voyons... Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises. » il ne se passe rien durant les premières secondes, mais rapidement, des inscriptions apparaissent. Le texte devient lisible tandis que James déplie le parchemin et observe l'école. Lily a les yeux qui pétillent, elle est impressionnée. « Et voilà ! Parfait pour cette année ! » déclare le sorcier en se redressant pour la ranger après avoir lancé l'incantation méfaits accomplis. Sa soeur laisse échapper un soupir, elle doit encore attendre deux ans avant de s'amuser à son tour. Elle fixe James qui range le parchemin dans sa malle. « Tu vas le dire à Albus ? » « On verra » déclare l'aîné. Il a confiance en Albus et déjà, il s'amuse de les imaginer parcourant l'école, à découvrir tous les passages secrets et à manger des sucreries. Oui, James a hâte de vivre tout ça avec Albus.

Le match bat son plein. Les lions dominent la rencontre de vingt-points d'écart sur leurs adversaires, ces vipères sournoises. Le mois d'octobre se fait particulièrement doux et la rencontre est palpitante. Les gradins sont remplis et les spectateurs ne savent toujours pas qui va gagner. C'est intense, c'est violent, c'est percutant.  James observe les poursuiveurs ennemis. Ils ont le Souafle. Il ajuste ses gants et tient fermement le manche de son balai. Il attend, prévoit la trajectoire de la balle quand le numéro six arme son tir. Et Potter plonge sur le côté droit, il a deviné la feinte et attrape le Souafle dans un tonnerre d'applaudissements. Il lève le poing, celui de la victoire avant de tirer loin vers Thomas Dickens, poursuiveur des Gryffondors. Le match est serré, mais James est meilleur que le gardien adversaire, il le sait et il ne doute pas de lui. Il dévisage le capitaine ennemi. « Prêts à perdre, Talbolt ? » le joueur serre les dents avant de repartie au milieu du terrain. Les dix prochaines minutes semblent longues, mais à chaque fois, James se montre magistral. Il arrête les tirs alors que le gardien des verts est une véritable passoire sous la pression. Le match arrive à son terme quand trois coups de sifflet résonne. « Rose Weasley attrape le vif d'or, cent cinquante points pour Gryffondor. Gryffondor l'emporte ! » et les gradins des lions hurlent leur joie en même temps que les joueurs. James s'avance vers sa cousine et lui tape dans la main. « Bravo Rosie » dit-il en souriant, il ajoute avec un petit air vaniteux qu'on apprécie ou déteste chez lui « Tu t'en ai bien sortie aussi » Rose lève les yeux au ciel en se mettant à rire, serrant le vif d'or dans ses mains. Quelques minutes après, les joueurs sortent des vestiaires. James tient son sac avec son uniforme et dirige son équipe vers le château. Autour d'eux, les gryffondors chantent la chanson de la victoire. Les vipères ont la tête baissée et ils avancent rapidement. Un groupe passe devant James et ce-dernier remarque immédiatement la tête blonde de Scorpius. Il accélère ses pas, les mains dans les poches et ses cheveux en bataille, comme toujours. « Alors Malfoy, on digère mal la défaite ? » Le blond se retourne et le fixe. La foule s'arrête et les observe. James n'a jamais caché son antipathie pour Malfoy et celui-ci préfère se taire. Rose approche et attrape le bras de son cousin. « Arrête, Potter. » et quand on l'appel Potter, celui-ci sait qu'on est sérieux, mais il n'en fait rien. Il se dégage de Rose et fait un pas en avant. « Ca doit être dans le sang non ? Le talent ? Ton père était toujours en dessous du mien et ca se transmet de génération en génération, on dirait... » il ricane, ainsi que d'autres sorciers, mais pas Rose qui dévisage son cousin. « Ferme la, Potter... » soupire Malfoy en détournant le visage pour reprendre sa route avec son groupe. James sort sa baguette et s'apprête à riposter quand un contre-sort le désarme. « Ca, c'est lâche et papa ne l'accepterait pas. » lance Albus qui apparaît derrière son frère. James le dévisage à son tour et déglutit lentement. Albus. Voici la source de son problème. Il se moque de Scorpius, des serpentards. Son intolérance qui le rend si détestable vient de son frère qui a décidé lors de sa première année, d'aller  Serpentard plutôt que de le rejoindre à Gryffondor. James ramasse lentement sa baguette. Les sorciers autour d'eux murmurent. « La lâcheté, tu t'y connais non ? » les deux frères se fusillent du regard et le bruit du silence résonne un long moment avant que Scorpius approche de Albus. James observe la scène, incrédule. Il serre fermement sa baguette dans sa main. Si fort... Si fort que ses jointures deviennent blanches. Albus l'a trahi. Son petit frère a choisi volontairement de devenir un élève de serpentard plutôt que de se joindre à lui. Pourquoi ? Tous les éloignent et James sait qu'il n'agit pas comme il faut, qu'il apparaît comme un idiot et un prétentieux, mais il s'en moque. C'est sa seule manière d'exprimer sa colère. « Viens, Albus. Laissons les célébrer leur victoire. » dit Scorpius. Le jeune homme acquiesce et range sa baguette sans quitter son frère des yeux. Il marche et fixe James. Riposter, exprimer son désarroi, sa tristesse, son incompréhension. Il n'y parvient pas James. Il souffle un peu pour se contrôler. « Thomas, tu as toujours des plumes au sucre ? » son camarade fait oui de la tête. « Parfait alors on va fêter tout ça ! » et les gryffondor se mettent à rire et à chanter à nouveau, mais pas James. James reste silencieux, le coeur lourd.

Il est tard et tandis que tous les garçons qui partagent le dortoir de James dorment d'un sommeil profond, ce-dernier est caché derrière les rideaux de son lit. Il utilise le sortilège lumos pour s'éclairer et relire ses notes car demain, il doit passer une épreuve pour les potions et même s'il se débrouille assez bien dans cette discipline, il devra faire mieux qu'à ses BUSES où il a obtenu un E pour s'en sortir dans ses ASPICS. Il relit en essayant de se souvenir des composants de la potion Tue-Loup tandis que sur ses genoux, la carte du maraudeur est là. James jette quelques coups d'oeil de temps en temps, une vieille habitude. Il baille soudainement et sent ses paupières devenir lourdes. Le sommeil approche et il range ses notes avant de prendre la carte. « Méfaits... » commence-t-il avant de se figer en voyant quelques pas qui marchent des cachots vers le hall d'entrée. Le nom s'affiche aussi, laissant James patois. Albus Potter. Que fait donc son petit frère dans les couloirs après le couvre-feu ? Albus est en cinquième année, les BUSES approchent à grands pas pour lui et sa relation avec James n'a jamais été aussi tendue. Ils ne se parlent presque plus, ils s'évitent constamment et quand ils échangent des mots, c'est pour se contredire et essayer d'avoir toujours raison. James hésite quelques minutes. Que faire ? Dormir serait la solution raisonnable, mais il n'est pas raisonnable d'ordinaire. James se redresse, attrape sa baguette, sa carte et sa veste de pyjama pour sortir sans faire un bruit. Il se faufile à travers la salle commune et marche en surveillant sa carte. Le concierge est au cinquième étage, il prend grand soin de l'éviter en empruntant des passages secrets et suit le parcours de Albus. Il se rend à la bibliothèque... Non. La réserve ! Endroit interdit aux élèves. Curieux, James accélère ses pas tout en ignorant les protestations des tableaux qui réclament le noir complet. Devant la réserve, James observe la porte entrouverte. Il entre sans faire de bruit, regarde sa carte et remarque que Albus se trouve sur sa droite, devant des livres. Il avance doucement et regarde la pièce, vide. Il voit cependant une lampe à huile sur la table allumée et un grimoire de déplacé. « Comment il... » murmure-t-il avant de comprendre. James avance. Un peu doucement, deux pas sans bruit. Il tend la main, il essai de saisir le vide et se prend les pieds dans le tapis par mégarde. Il chute lourdement sur quelque chose d'invisible qui gémit aussi et sent un tissu invisible sous ses mains qu'il retire. Le visage de son frère apparaît. Ce-dernier est stupéfait, sans voix. « Bonsoir, petit frère. » « Comment tu as su !? » demande Albus en poussant James pour se relever. Il ramasse sa cape et la pose sur la table. L'intéressé hausse les épaules et affiche un sourire vaniteux. « Peut-être que j'ai un oeil magique qui voit à travers les capes d'invisibilité ! » Albus fronce les sourcils et range un livre, mais James l'en empêche et regarde le manuscrit en question. « Le secret des sorts interdits. » il marque un temps d'arrêt « Depuis quand tu étudies la magie noire ? » Albus soupire et lui prend le livre pour le ranger. « Je n'étudie pas la magie noire, je veux juste me renseigner pour mieux m'en prémunir, tu comprends ? » « Je comprends surtout que tu es devenu un parfait petit serpentard. Oh et c'est la cape de papa ? Je croyais qu'il l'avait enfermé dans son coffre à la banque. » « Et bien tu croyais mal, maintenant laisse moi passer... » et Albus bouscule presque James qui le repousse contre l'étagère et sort sa baguette. « Comment tu as eu cette cape ? Réponds moi Albus... » la colère disparaît, elle laisse place à l'inquiétude et à cette crainte que James a toujours eu au sujet de son frère. Le voir devenir comme tous les serpentards du passé de leur père, le voir devenir un adepte de la magie noire, le perdre définitivement. « Laisse moi passer James, je n'aime pas me répéter. » « Excuse moi, j'ai du savon dans les oreilles. » réplique ce-dernier. « Tu l'auras cherché ! » Albus dégaine sa baguette avec vivacité. Il est cinquième année et même si James est supérieur à lui sur le papier, il sait que son frère est très doué, voir brillant et sans attendre, il lui lance un sortilège informulé. « Protego ! » se défend immédiatement James. Le sort rebondit et fait exploser la lampe à huile dans un bruit de verre éclaté. Il n'y a plus que les rayons argentés de la lune qui éclairent les deux frères et James lance un maléfice à son tour. « Incarcerem ! » au fond, il ne veut pas faire de mal à Albus, simplement comprendre son frère, lui parler après tout ce temps. « Finite ! » le sort de James est annulé par l'incantation de son frère qui le désarme avec expelliarmus. Il y a une seconde de silence où on entend la baguette de James qui tombe sur le carrelage froid. Un instant où Albus baisse sa garde et où son frère lui saute dessus. Il lui arrache sa baguette des mains, mais Albus lui donne un coup de genou dans les cotes et la baguette de Albus roule sous l'étagère, loin de la portée des deux Potter. « LÂCHE MOI, JAMES ! » hurle soudain Albus en poussant son frère en arrière. James se redresse et titube un peu en grimaçant sous la douleur. Albus n'est pas en reste avec ses boutons de sa chemise qui ont sauté. « Pourquoi tu me repousses... » articule-t-il difficilement. Albus reprend son souffle avant de répondre. « C'était mon choix ! Je voulais être à Serpentard parce que... Parce que je voulais faire changer les choses ! Montrer que le passé était du passé ! Tu ne l'as jamais accepté !» « PARCE QU'ON S'ETAIT PROMIS D'ÊTRE TOUJOURS ENSEMBLE ! » s'écrit James en oubliant où ils étaient. « Peux-tu seulement imaginer un seul instant ce que j'ai ressenti quand je t'ai vu dire que tu voulais aller à Serpentard !? Et si ce n'était que ça... Mais non ! Tu m'as ignoré, tu ne voulais plus me parler, plus passer du temps avec Lily ou moi. Tu n'avais que tes amis de Serpentard ! Tu as oublié qui tu étais ! » « J'ai simplement trouvé ma place et tu devrais en faire autant. » « Tu es un Potter, ta place est... » et il se tait en entendant le grincement de la porte. Quelqu'un vient d'entrer et il s'agit du concierge qui le dévisage. « Tiens tiens, Potter, nous avons des ennuis ? » James ne répond pas, il tourne la tête vers l'endroit où se tenait son frère et ne voit rien. La cape... songe-t-il en serrant les poings, mais il ne le dénonce pas. Il se tait et comprend qu'entre eux, les morceaux ne sont pas cassés, mais brisés. Le lendemain, James recevra une énième beuglante de sa mère.

La foule en délire hurle le nom de chaque joueur. C'est un vrai match, un match officiel et le moment de briller. Canons de Chudley contre Flèches d'Appleby, une affiche de rêve et le public s'est déplacé en masse pour voir l'exploit des outsiders, Appleby. Ils peuvent faire la différence, ils le savent et James aussi. Il ajuste ses gants et reste à son poste. Il pleut beaucoup, beaucoup trop et la visibilité est réduite, mais le sorcier ne doit pas oublier sa priorité. Il est là, c'est son premier match où il est titularisé à vingt-quatre ans, il doit faire ses preuves. Il serre fermement le manche de son éclair de feu et observe les joueurs. C'est un autre niveau, très supérieur à celui de l'école, rien à voir même. Un premier Souafle arrive, on entend la foule qui s'agite tandis que le commentateur s'égosille dans son micro, mais c'est loin, tout ça semble très loin pour James qui ne voit que la balle qui fonce vers ses cages. « Tinsley approche des cages de Potter ! Potter se prépare ! Tinsley tire et... ARRÊT SPECTACULAIRE DE LA MAIN GAUCHE DE JAMES POTTER, LE NOUVEAU GARDIEN ! » la foule éclate, tout résonne et le match reprend. Le Souafle s'envole vers le ciel, James se sent bien, comme euphorique malgré le vent qui se déchaîne et la pluie qui tambourine. Le jeune gardien s'imagine déjà devant les Obscura et les journalistes, entrain de commenter son arrêt spectaculaire qui a donné la victoire à son équipe, à prendre des photos et à signer des autographes. Il sourit et n'entend pas l'avertissement de son capitaine. C'est lointain, trop lointain et trop tard quand James tourne la tête vers le Souafle qui revient vers lui. Il se jette pour l'attraper et ne remarque pas la feinte du batteur qui a tiré le cognard derrière souafle. Trop tard. James s'empare du souafle et le cognard le frappe en pleine épaule. Ca lui arrache un hurlement tandis qu'il chavire, lâche le souafle et s'écroule, tout tombe, comme un château de cartes. La foule, les joueurs, le commentateur, tout a disparu et tout est noir. Seule la douleur persiste dans le noir et dans le monde des rêves. « James ? » la voix de Garance le sort de ses pensées. Le sorcier se tourne vers elle. Il ne dort pas, ou mal. Il s'est réveillé car comme les nuits précédentes, il a rêvé de ce match qui a scellé sa carrière, un point final pour le joueur et une vie morcelée. Après sa chute, tous ses souvenirs sont dispersés, mais quand il a touché le sol, ses jambes se sont paralysées, la douleur l'a assommé et il s'est réveillé plus tard, dans une chambre d'hôpital à St-Mangouste aux côtés de sa mère. Elle lui a appris qu'il avait été victime d'une fracture ouverte grave, que les médicomages avaient fait leurs possibles, mais que les dégâts étaient trop importants pour continuer sa carrière. « Je suis là, ça va. » dit-il en passant de l'eau sur son visage. Il retourne dans la chambre et observe la sorcière en boitant légèrement. Elle est belle et elle est sa béquille, son meilleur soutien en dehors de sa famille. Il s'assoit près d'elle et pose sa tête contre son épaule. « Pourquoi tu es toujours là ? Après onze mois. » souffle-t-il alors que Garance lui redresse le visage avant de l'embrasser. Un baiser tendre, doux, fait pour panser les plaies. « Tu aimes bien que je le dise non ? » elle est maligne, astucieuse, piquante et agréable à la fois. Elle l'a aidé à se relever. James sourit avec malice et prend un air faussement innocent. « Oui » ils échangent un rire alors qu'elle niche sa tête dans son cou et y dépose quelques baisers. « Je t'aime » des paroles véridiques et pleines de douceur qui apaisent James et repoussent ses mauvais rêves. Si on lui avait dit qu'il finirait avec la fille de monsieur Rosier, il ne l'aurait pas cru, mais c'est le cas. Il l'aime, elle est son pansement, son infirmière. Elle l'a soigné quand il est arrivé à St-Mangouste, elle l'a soutenu tout le long de sa convalescence et lui a dit de croire encore en lui, en ses capacités malgré la fin de sa carrière. Elle est sa canne, son pilier, sa plus grande force. James veut engager une véritable relation, que cela soit une véritable relation et pas juste des rendez-vous chez elle. « J'aimerai qu'on habite ensemble... » souffle-t-il enfin entre ses lèvres chaudes. Garance le fixe, incrédule. Elle ne s'y attend pas ? Certainement pas, mais elle sourit, elle aussi, elle veut que leur relation aille plus loin, puisse battre les préjugés du passé. « Ca serait parfait, mais... Et les journalistes ? » ils grimacent en même temps. Les journaux se régalent de cette romance qu'ils n'ont pas réussi à cacher bien longtemps. On aime les voir sur la première de couverture des cancans, voir des articles qui parlent de la fraternité entre Rosier et Potter, des scandales que les mégères aiment lire et critiquaient. James le sait, il sent ce poids au quotidien, les regards des gens quand il marche dans la rue et Garance aussi. A l'hôpital, elle entend les murmures sur son chemin et elle a vu les regards de ses collègues changer. Cette relation apparaît comme ridicule, la dernière frasque des Potter depuis l'adultère de Harry, mais entre eux, c'est sérieux et James veut le prouver, plus que tout. Il attrape la main de Garance, la serre dans la sienne. « On ne peut rien faire contre eux, mais on peut vivre et fermer les yeux sur ces critiques. » « Mes parents m'en tiennent déjà rigueur alors quelques personnes de plus ou de moins... » lance-t-elle avec un sourire plein de malice. « Ah, je suis pourtant le gendre parfait. » ils se mettent à rire ensemble, au beau milieu de la nuit. Garance et James, James et Garance, deux âmes vagabondes, deux âmes qui se sont trouvées et qui se moquent des cancans tant qu'ils sont ensemble.

B E A U T I F U L -  L I E S

La nouvelle est tombée depuis déjà quelques heures. C'est comme un coup d'épée, le glas qui sonne et quelque chose qui se fissure. Lily s'est cachée dans sa chambre pour échapper aux disputes et les cris de Ginny contre son époux résonnent encore dans les couloirs et le salon. Le regard de James se fige sur la table à manger, il y a des éclats de verre, des assiettes cassées au sol et cet article de journal au sol, l'arme du crime. James se baisse et le ramasse, il se décide enfin à le feuilleter, à voir la fameuse photo qui montre son père en compagnie d'une sorcière qui n'est pas sa mère, main dans la main, à la terrasse d'un café moldu. Les yeux dans les yeux, des regards qui en disent long sur la relation qu'ils entretenaient. James laisse échapper un soupir avant de s'approcher du foyer éteint. La braise est encore fumante et James en profite pour y jeter la dernière édition de Sorcière Hebdo. Il observe les pages s'enflammer, le feu qui danse et dévore le journal, mais le mal est fait, quoiqu'on en dise. Sa famille vient de se fissurer, une fissure qu'on ne peut pas boucher. Il entend encore les supplications de sa mère, les demandes criantes contre son père, menteur, égoïste, manipulateur ! Et mon coeur, est-ce que t'y songe !? Il ferme les yeux, l'ainé des Potter. Il a du mal à admettre la vérité, sa mère a raison. Leur père n'est pas parfait, mais dans son imperfection, il est médiocre. Mais comment lui en vouloir ? Pour James, son père a des circonstances atténuantes et après tout, il est humain avant tout. Il n'arrive pas à lui trouver d'excuse, mais il ne le juge pas pour autant. Il passe une main dans ses cheveux et essai d'assembler ses pensées, comme un puzzle, mais ça ne veut pas. Le bruit d'une valise qui descend les escaliers le sort de ses songes. Il tourne la tête vers le couloir et aperçoit son frère Albus qui entre dans la pièce et le dévisage. Le silence est long, pesant. Ginny est déjà partie avec leur oncle Ronald après une virulente dispute avec Harry qui est dans le jardin. Lily est en haut, mal, elle va mal, ils vont tous mal. « Tu pars aussi ? au Terrier ? » James brise enfin la glace. Albus approche de la table à manger et prend un fruit, une pomme dans le panier à fruits qui n'a pas valsé avec les assiettes. Il croque dedans bruyamment. « Au Terrier pour le moment, mais je m'installerai dès que possible à Londres. » le cadet lève les yeux vers la véranda qui donne sur le jardin et fixe son père sur le banc qui semble ailleurs. Il marmonne entre ses deux « Hypocrite. » « Ne dis pas ça... » le coupe subitement James. Albus tourne la tête vers son frère et pose sa pomme avant de ricaner un peu. Leur relation a toujours été difficile depuis l'école, mais encore plus depuis l'accident de James. Ce-dernier en veut à Albus de ne pas lui avoir rendu visite, simplement d'avoir fait envoyer un bouquet de fleurs, comme s'ils n'étaient pas de la même famille, du même sang. « Et pourquoi je ne peux pas dire ça ? C'est pourtant la vérité non ? Papa ou plutôt... The Chosen One s'est royalement foutu de la gueule de sa famille, de ses enfants et de sa femme. Je devrais le plaindre ? Désolé si toi tu y parviens, pas moi. Remarque... Vous êtes assez semblable, papa trompe maman tandis que toi, tu couches avec Rosier, je ne sais pas lequel est le plus pitoyable. » James se fige un instant et sent comme un coup à chaque parole de son frère. D'un geste rapide et précis, dirigé par son instinct - faire mal pour faire mal - il dégaine sa baguette et lance un sort qui touche de plein fouet le torse de Albus. Celui-ci se crispe et grimace. Ce n'est pas un maléfice cuisant, un simple sort qui fait l'effet d'un coup de poing, d'une claque en plein visage. Albus saisit sa baguette et s'apprête à riposter. « Tu veux jouer à ça ? Sectum... » « Finite ! » la voix perçante de Lily résonne alors qu'elle entre dans la pièce. Le sort de Albus se dissipe et elle le foudroie du regard. « Ca ne va pas !? Je sais quel sort tu allais lancer... » siffle-t-elle en se mettant en travers des deux frères. Albus hausse les épaules et range sa baguette. « James a commencé. » « Non, c'est toi avec tes paroles ! » « Peu importe... Je n'ai plus rien à faire ici, je m'en vais. J'espère que tu suivrais maman, Lily. » La sorcière ne répond pas, elle se contente de dévisager son frère qui prend sa valise et sort par la porte d'entrée. Il y a un crack sonore, Albus a transplané. James souffle, rassuré. Entre son frère et lui, c'est de plus en plus tendu. Il se laisse tomber dans un fauteuil. « Tu vas partir aussi ? » Lily hoche négativement la tête et s'assoit sur les genoux de son ainé. Elle a besoin d'affection au fond d'elle, ses repaires sont ébranlés. « Je devrais, mais je vais rester... Il faut bien une femme dans cette maison ! » elle rit, un rire dur qui fait mal, mais elle rit pour masquer les faux-semblants. Les Potter ont explosé, mais Lily rit à plein poumons. A ce moment, James ne pense qu'à une chose, que sa soeur est la plus courageuse de tous les Potter. Il l'admire.