et chaque matin que je me lève, et me penche sur toi
une goutte de rosée à tes lèvres, un rayon au bout de tes doigts
j'arrive à lire dans tes rêves, et tu penses pareil que moi.

La nuit tombe. Elle assombri le ciel au cœur des échos des cris et des interpellations. Elle emporte avec elle les conséquences qui demeurent latentes l'espaces d'un bref instant. Juste bref, juste trop court. La nuit est prolongée par le sentiment d'inquiétude qui ne cesse de grandir. Des tas de pourquoi, des tonnes de comment ? Des interrogations qui demeurent en suspend parce que ses paupières sont closes depuis plusieurs heures. Le corps inerte, étendue sur un lit d’hôpital, il semble baigner dans un sommeil qui tu espères réparateur après l'intervention qu'il avait subit quelques temps plutôt. Il était bien là, en vie mais dans un état de santé que tu aurais préféré ne pas le voir subir encore une fois. Son corps se remettrait de ses blessures mais son conscient subirait une fois de plus un choc que cette fois peut être tu n'étais pas en mesure de compenser autant qu'il pouvait t'en accorder le crédit. A ce moment précis, ta raison ricane en silence et se veut moqueuse de ce qu'elle avait prédit juste avant que tu ne te laisses dompter par des sentiments. L'attachement n'a rien de bon, Garance. Le lien n'est qu'une faiblesse avec laquelle on joue aussi aisément qu'un château de carte. Ne t'avais-je pas supposée d'être prudente ? Tu refoulais la prudence et la clairvoyance, tu repoussais les risques et les défaites, tu les acceptais même si tout cela pouvait t'apporter autant ce que James avait pu te donner. Tu étais celle que rien n'ébranle à l'intérieur comme à l'extérieur, pour autant c'est là que les apparences sont fortement trompeuses. Les aurors avaient finis leur interrogatoire lorsque tu es partie à sa recherche. Tu avais vu quelques têtes connues sur ton passage jusqu'à ce que tu l'aperçoivent allongé à même le sol. Gisant sur le macadam de la ruelle, inconscient et blessé. Très rapidement, l’enchaînement des minutes est devenue aussi mécanique que tes gestes et tes réactions. Te laisser dominer par tes émotions ne lui viendrait aucunement en aide et tu savais ce que tu devais faire. Vous aviez transplanés ensemble à Sainte Mangouste où les premiers blessés étaient déjà attendus de pieds fermes. Il était toujours en état d'inconscience lorsque vous étiez arrivés à destination mais ton instinct et ta raison dominaient de concert ton comportement. Le médicomage reprenait ses droits et la priorité revenait à prendre les dispositions nécessaire pour donner les premiers ordres. Les infirmiers l'avaient déposés sur un brancard tout en suivant le protocole tandis que tu suivais le mouvement. Tu avais suivis la prise en charge de James jusqu'au bout, jusqu'à ce que son état soit stabilisé. Tu avais connaissance de ce dernier, tu le sors hors de danger mais cela n'avait en rien enlevé cette impression pesante qui te taraude. Installée dans une chambre dans les étages supérieurs, tu le savais entre de bonnes mains. On prendrait soin de lui, le temps où tu serais en service afin de venir en aide à tes collègues. La vague de blessées avaient été plus grandes que prévues mais chacun avaient été suivis. Une affluence massive que ton service n'avait pas subit depuis quelques mois lors d'une rencontre sportive voilà quelques semaines auparavant. Les traits fatigués et légèrement plissés par l'inquiétude, tu avais pris le temps d'envoyer un hibou aux proches de James. Le fait est que certains ne t'appréciaient pas mais c'est un détail bien lointain dans ta manière de raisonner. Ils étaient sa famille quoi qu'il arrive et tu espérais malgré tout que le temps saurait apaiser la tension au sein de cette famille autrefois soudée, unie.

L'obscurité de la nuit est tombée. Elle impose avec elle la réalité, celle d'un présent où tout demande à être énoncé, posé. Les heures semblent s'égrainer au cœur d'une pièce où le calme règne en silence et patience. Debout devant la fenêtre, tu observes le paysage qu'offre la chambre qu'occupe James depuis deux jours. Les cachets et son traitement favorisaient le sommeil, un bien pour un mal que tu espérais malgré tout réparateur. Les pensées dansent, tourbillonnent et se jouent de toi comme un musicien domptent son instrument à cordes. C'est un art aussi malicieux que destructeur mais qui à la valeur d'émettre des vérités qui reviennent au devant de la scène pour les avoir refoulées. Tu fais tourner entre tes doigts le retourneur de temps sans cesser de songer encore et encore. Il pourrait avoir son utilité un jour – ou peut être jamais –, mais avoir recours à cet objet à toujours été contre tes idées, tes principes. Un objet magique en ta possession depuis le décès de ton père, un présent que ta mère tenait à te donner. Elle prétendait que tu serais la seule à en faire bonne usage. Et tu t'interrogeais encore les paroles qu'elle avait prononcée. Tu hausses les sourcils sortant doucement de ta léthargie passagère et personnelle. Seule la respiration de James vient rompre le silence complet de la pièce plongée dans la pénombre. Une sécurité qui t'apaise un peu plus comme un réconfort intérieur.  Tu t'approches du lit sur lequel il est allongé et tu t'assoies à son coté tout en prenant sa main. Ses boucles aux reflets de cuivre lui recouvrent le front, une image du quotidien qui t'arrache un maigre sourire. Une sensation de vertige te submerge l'espace d'une fraction de secondes, preuve que la fatigue te gagne. Tu as beau nier, les cernes sous tes yeux et ton visage fatigué parlent d'eux-mêmes. Vos mains jointes, tu les observes avec attention et minutie avant de t'attarder sur la bague que le jeune sorcier t'avait offert. Elle représentait un tas de choses entre plusieurs significations tu avais connaissance de celle qui forgeait l'essentiel. Songeuse, tu t’écume une fois de plus dans l’abîme de ta réflexion. Sa main exerce une légère pression sur la tienne, ses prunelles te regardent. Tu t'apprêtes à te relever pour vérifier les constantes mais sa main se resserre sur la tienne avec force, fermeté comme pour t'inciter à ne pas bouger. Un éclat danse ses iris, laquelle tu ne saurais le dire.

FAMILY, DUTY AND HONOR

« Mais ce n’est pas vos cris que je veux, seulement votre vie. Je me souviens de ce que vous m’avez dit. Seule la mort peut payer pour une vie. »

C'est comme un songe, une voix lointaine qui nous appelle et on l'entend, mais on ne peut pas l'atteindre, on court, on avance, on reste sur place, on est bloqué contre sa propre volonté. C'est ce que James ressent à cet instant, être incapable de réagir, tout en étant vivant, en entendant les sons, les bruits, les voix qui se lèvent autour de soi. Le temps s'est arrêté, depuis que James est tombé, depuis qu'il a chuté. Il sent encore les coups et les points de Eremon qui claquent sur son visage. Il y a aussi le bruit des os, de quelque chose qui se casse en plusieurs morceaux. Les souvenirs sont troubles et James plonge dans le néant, il va de peinture en peinture, de scènes en scènes. Sitôt il est devant le sapin de noël avec sa soeur et son frère, ils se battent pour ouvrir les cadeaux et ensuite, le voici dans la foule du chemin de traverse à essayer de sauver Lily, mais il ne peut pas. C'est un échec. Il le sait, il le sent, il serre les poings, les images se succèdent et James se sent trahi. Il voit dans son esprit, ses souvenirs et des souhaits, des rêves qui ne se réaliseront pas. Par exemple, il s'imagine lui, comme un excellent joueur de Quidditch, qui a réussi sa carrière et qui se trouve fièrement sur son balai entrain de contrer les assauts de l'équipe ennemie, mais un rêve s'efface facilement et tout s'écroule, le sol se dérobe et le monde tombe. C'est comme ça pendant des heures, de longues heures et au fond, James ignore combien de temps il est là, allongé, à revivre sa vie ou à vivre une autre vie. Il ne sait pas exactement ce qui se passe dans sa tête, mais il entend l'écho lointain de sa soeur, sa douce Lily qui l'appelle et disparaît dans la pénombre.
Attends-moi.
Ne pars pas.
Lily, s'il te plaît.
Sa main se resserre autour de celle d'une autre. Il ne sait pas si c'est celle de Lily, il espère vraiment. Il maintient la main, il la serre même plus fort qu'il ne l'aurait cru, mais ce n'est pas ça qu'il veut, le garçon. James veut ouvrir les yeux. Il peut le faire, il le sait. Il prend une profonde inspiration - il croit que c'est ce qu'il fait, mais en fait, non - elles sont lourdes, ses paupières. Trop lourdes... Pense à Lily. Ses yeux s'ouvrent doucement, ses pupilles découvrent le monde tandis qu'elles distinguent vaguement la silhouette d'une personne, d'une femme dont les cheveux reflètent l'onyx. Il n'a pas le temps de voir autre chose que ses yeux se referment. James n'a plus l'habitude de la lumière du jour et il lui faut de longues minutes pour recommencer encore à ouvrir les yeux et cette-fois, remarquer que ce n'est pas Lily qui se tient à son chevet, mais une autre personne chère à son coeur. « Garance... » sa voix déraille, à la fois grave, profonde et comme caverneuse, endormie. Le sorcier a besoin de longues minutes pour comprendre la situation et ressentir à nouveau son corps vivre. Son sang circule rapidement dans son corps, son cerveau pense, réfléchi, accumule des données tandis qu'une migraine apparaît. « Lily... Elle... » la toux s'empare de lui. Il tousse et tousse, crache ses poumons en essayant de se redresser, il n'y parvient pas. James n'imagine même pas à quoi il ressemble, son reflet. Il avait le nez cassé dernièrement, l'arcade ouverte ou la lèvre, ou peut-être les deux... Et plusieurs hématomes.

« Garance, tu dois... M'écouter. » chaque mot est une épreuve, la douleur reprend le dessus ainsi que l'humiliation qu'il a subi. Il bafouille, il ne sait pas si ce qu'il dit et compréhensible, mais elle doit comprendre, il en va de l'avenir de Lily, de sa soeur. Garance est la seule à pouvoir l'aider, à faire ce qu'il faut pour y parvenir. « Lily... C'est Lily » inspire, expire, toujours lentement car trop vite, James ne le supporte pas. « Elle a été enlevée je crois par... Travers. » il tousse encore, il sent un goût métallique et âcre naître dans sa bouche, le sang remonte, tâche ses dents blanches. « Tu dois prévenir mon père. » ses paroles résonnent dans sa tête. Son père. Tout lui revient, comme une vague qui s'éclate sur le récif, comme une claque en plein visage, comme un autre coup, tardif et plus douloureux. Harry a tué Draco ou du moins, il est responsable de quelque chose. Harry Potter n'est plus que l'ombre de lui-même, que fera-t-il ? Prévenir le ministère, attendre et il sera trop tard. Non. Son père n'est pas la solution. Il faut quelqu'un qui est prêt à franchir la ligne, à dépasser les limites pour sauver Lily et qui ne reculera devant rien. James sait qui peut sauver Lily. « Préviens Albus... Albus doit sauver Lily de Eremon Travers... Garance, pars envoyer un courrier, maintenant... Plus elle reste prisonnière, plus c'est dangereux. Je t'en pris... Fais le. » il supplie presque et ses pensées se tournent vers Albus. Leurs différences sont profondes, mais leur amour pour leur petite soeur est le même. James n'a pas pu empêcher Eremon de la prendre, Albus doit la sauver. Il lâche la main de Garance et l'observe un long moment. « Vas-y. » il hoche la tête, il sait qu'il peut lui faire confiance, elle représente son tout, son monde, sa confiance, sa meilleure alliée. Avec Garance, tout devient possible et réalisable, comme prévenir Albus et James sait que si son frère n'aime pas la femme qui partage sa vie, il écoutera quand même, il lira les lignes écrites dans la rapidité, il y verra des malheurs et se moquera de l'auteur pour se précipiter au secours de Lily. Il sera le chevalier, le preux héros et Lily sera sauve. Tout rentrera dans l'ordre et Garance aura fait le rôle que James attend, elle peut le faire, il le sait, elle a ça en elle, cette force invisible et puissante à souhait.

et chaque matin que je me lève, et me penche sur toi
une goutte de rosée à tes lèvres, un rayon au bout de tes doigts
j'arrive à lire dans tes rêves, et tu penses pareil que moi.

Son souffle est court mais l'intonation de sa voix est réelle. Les mots qui sortent de sa bouche lui demandent de l'effort mais il lnen tire aucun réconfort. La douleur se traduit dans son discours. Le timbre éraillé, saccadé, fragmenté un peu plus à chaque minute des incertitudes qui le rongent. L’inquiétude est un terme qui s'apparente à un ressenti, une sensation et une émotion mais à cette heure l'évoquer n'est pas ce qui s'y apparente le mieux. Sa main se serre fermement autour de la tienne, une force à l'image des ondes qui éclairent ses pupilles quelque peu dilatées. « Garance, tu dois... M'écouter. ». L'écouter, tu ne faisais que cela. La vibration de sa voix – aussi mise à mal soit-elle – est un bonheur personnel qui apaise l'avance de la crainte. Honteuse d'éprouver un tel soulagement ? Pourquoi ? La vérité s'impose à toi malgré que tu désires encore la contrôler par la raison. Une fière et une puissante alliée, une armure qui jusque là ne t'a jamais fait défaut. Et pourtant, tu lui fais front une fois encore. Tes sentiments de cœur pour l’aîné des Potter semblent s'épanouir, s'étendre et grandissent sans la moindre limite. Plus il dialogue, plus les pièces du puzzle se mettent en place. Une succession d’événements qui lève le voile sur le brouillard des réponses que tu cherchais. Tout s'expliquait, tout devenait clair. James avait raison sur un point : le temps de sa petite sœur était compté. Le fer forgé qui animé la flamme brûlante de Lily serait toujours aussi vivace mais pour combien de temps encore ? Travers n'avait rien d'un enfant de cœur quand bien même on risquerait de s'y tromper. Il en avait l'art et la manière après tout. Les cadeaux en seraient empoisonnés. Briser l'esprit par option première de mutiler le corps sur lequel il a une complète domination. La scène défile dans ta tête au fur et à mesure des propos de brun, au même titre que le temps qui file. Tu t’abîmes dans le silence, un silence qui semble tranché la patience du blessé. Le sorcier lâche ta main avant te tirer de ta réflexion passagère. « Vas-y. ». Une affirmation impatiente qui se noie dans une supplique . Tu l'entends, tu devines le cheminement de son état intérieur. Tu avais conservée tes lèvres scellées, l'esprit déjà en pleine ébullition. Culpabilité, impuissante étaient des mots et des impressions de déjà-vu et de déjà vécu qui ne cessent de s'entrechoquer dans sa tête. Il compte sur toi pour réaliser ce qu'il n'avait pas été capable de faire. Voilà, voilà comment il raisonne, comment il s’autodétruit. Tu l'observes d'une œillade lointaine et attentive à la fois avant hocher la tête et de quitter la chambre, le temps d’envoyer une missive au second né de la fratrie.

La plume glisse, l'encre incruste le parchemin vierge avant de disparaître sous plusieurs lignes d'écriture. Cette dernière se veut limpide et italique. Elle contient un message explicite et  concis. Le rapace vient mordre affectueusement le bout de tes doigts avant de prendre son envol, disparaissant dans la nuit noire. Tes pas te ramènent dans ses couloirs, que tu connais si bien, comme si cet établissement était une seconde maison. Remarque cela était le cas. Les corridors sont déserts, calme bien loin de l'effervescence de ces deux derniers jours. Ta décision est prise mais une impression plus que péjorative te taraude. Elle te nargue comme une mise en garde dont tu ignores l'issue contrairement aux conséquences. Et cela ne cesse de t'agacer. La porte de la chambre qu'occupe le jeune homme est entre ouverte. Appuyée contre l'encadrement de cette dernière, tu le regardes. Il représentait  tout ce que tu t'étais intimement refusé par le passé. Un fruit interdit dont la passion et la confiance s'allient pour se renforcer comme un besoin vital. Sa respiration est la tienne, son bonheur est le tien. Un équilibre qui s'est trouvé par vos deux destins croisés. Lorsque que tu rentres dans la pièce, James repose son attention sur toi afin d'entendre la confirmation de ton absence. « Le message pour Albus vient de partir, elle lui parviendra d'ici peu ... ». Réponds-tu d'une intonation neutre mais calme, peut être beaucoup trop calme à ton goût. Tu commences à émettre, à dessiner à nouveau de la distance entre tes paroles et tes émotions. Un espace creux où la brume masque la signification exacte de tes lignes. Il s'interrogera sûrement sur ton comportement mais tu feins cette vision de la réalité. « J'ai également envoyé un hibou à tes parents … ta mère ne devrait plus tarder. Elle va veiller sur toi durant mon absence j'ai quelques affaires à régler. ». Des affaires qui s'annonçaient rebondissantes et incertaines. Tu lui mentais. Tant pis, tu prenais le risques. Ses perles azuréennes te sondent avec intensité. Il tente de comprendre, de tirer les énigmes de ton regard. Tu le considères d'un maigre sourire tout en remarquant la couleur qu'avait laissée les hématomes. Travers l'avait amoché comme jamais et cette pensée ne fait qu'irrité davantage ta colère. Le souffle de ton compagnon vient danser sur le bas de ton visage. Tu ne t'es même pas rendu compte de votre nouvelle proximité. Son contact est chaud, sa présence apaisante en dépit de la situation, des circonstances. D'un geste prudent mais surtout tendre, tu caresses sa joue marqué d'un bleu. Tes yeux s'attardent sur cette marque. Endurer la souffrance individuellement est un dur, mais le vivre par procuration t'est tout aussi douloureux. Son combat et ce qu'il défend s'harmonisent à l'écho de votre lien, il ne fallait pas l'oublier.