WE DO NOT FORGET - POTTERS

« nous avions dix ans à peine, tous nos jeux étaient les mêmes, au gendarme et au voleur, il me visait droit au coeur, bang bang. »

L'air est froid malgré que les rayons de l'astre solaire traversent les carreaux de la cuisine pour éclairer la pièce. Elle qui d'ordinaire est si vivante, est éteinte à neuf heures du matin. Adossé contre la porte, l'ainé des Potter observe les lieux. Son esprit est encore perdu dans le néant, que fait-il ici ? A se souvenir comme un pont entre deux mondes. Il imagine encore Lily qui se bat avec sa mère pour avoir le droit de manger encore du pain d'épices après les trois tranches déjà consommées et Albus en plein débat avec leur père à propos d'un décret de loi que le ministre veut faire passer. Et James, silencieux qui décrypte dans son magazine favori les prochains pronostics de jeu, mais tout cela appartient au passé. Un passé révolu et qui apparaît tellement loin. James se détache du mur doucement avant d'approcher des étagères. Il en ouvre une et sort de là un vieux pot de patacitrouille qu'il tartine sur une biscotte avant de s'approcher de la fenêtre. Dehors, une brume épaisse empêche d'observer les rues alentours et la forêt qui est cachée derrière le clocher de la ville. Godric's Hollow est toujours endormi, dans une sorte de halo protecteur et invisible. L'air pensif, le sorcier ne voit pas l'arrivée de Ignis, le hibou de la famille. Son plumage est sombre et ses ailes, aussi grandes que sa prestance. C'est un hibou grand-duc qui incarne une certaine forme de noblesse oubliée. James ouvre la fenêtre et laisse entrer le rapace qui dépose une lettre sur la table avant de disparaître au sommet d'une poutre et de réclamer un biscuit que son maître lui donne immédiatement. Il referme la fenêtre et sent un frisson lui parcourir l'échine. Est-ce le froid ou un mauvais pressentiment ? Il ne saurait le dire. Sa concentration se porte sur le courrier arrivé. C'est le nom de son père sur la lettre, mais James est trop curieux pour le laisser ainsi, surtout depuis l'affaire de l'adultère que pour laisser une information lui passer sous le nez. Les yeux du garçon dévorent presque chaque ligne avant qu'un soupir ne s'échappe d'entre ses lèvres. Ce n'est rien d'intéressant, une simple convocation pour un rendez-vous avec les aurors. James laisse le papier sur la table pour se diriger à nouveau vers la fenêtre. La brume semble épaisse, le brouillard matinal, mais on distingue des formes près du cimetière et de la forêt qui se trouve juste derrière. Un flot d'images traverse son esprit. Des souvenirs d'une époque lointaine qui jaillissent sans prévenir. Trois enfants qui se rendent sur une tombe, déposant un bouquet pour des grands-parents qu'ils n'ont pas connus. Trois enfants qui vadrouillent entre les tombes et disparaissent derrière une barrière rouillée au verrou éclaté. Trois enfants qui s'enfoncent dans les sou-bois et s'y cachent. Trois enfants qui découvrent les ruines d'un mausolée et en font leur forteresse. Trois enfants qui s'aimaient autrefois. Un noeud à l'estomac se forme chez James, il n'a plus faim, il repose ce qui fait office de petit déjeuner et sort de la pièce. Sans un mot, il enfile une veste épaisse noire et la vieille écharpe qu'il avait quand il arpentait les couloirs de l'école. Elle est toujours là, comme le lien qu'on ne peut pas briser d'une époque à une autre, même si elle s'effiloche et qu'elle est trouée à quelques endroits, elle tient toujours aussi chaud.

Dehors, le paysage d'été s'est effacé pour laisser place à l'automne qui se veut glaçante. Le froid mord chaque parcelle de peau laissée à l'air libre de James. Ses joues prennent une teinte rose ainsi que le bout de son nez. Il enfile ses gants en écailles de dragons pour se protéger autant que possible et avance. Il pousse le petit portail de sa main et se dirige vers le cimetière. Quand il était enfant, James vagabondait souvent dans les ruelles de Godric's Hollow accompagné de Albus. Parfois, Lily les suivait, elle jouait le rôle de mère à la perfection alors qu'elle était la cadette. Elle essayait aussi d'avoir du courage, mais elle était froussarde et croyait toujours que le croquemitaine allait la punir le soir pour avoir désobéi. Les souvenirs sont là, encrés dans l'esprit de James, mais ils ne sont plus d'actualité malheureusement. Les souvenirs se sont estompés pour laisser place aux regrets et à la rancune. La pudeur de l'enfance s'est envolée et les cendres des discordes retombent sur le ciel. James saute par dessus le petit muret qui le sépare du cimetière et fait quelques pas qui craquent sous les feuilles mortes tombées des arbres dénudés. Il avance, observe chaque tombe avant de sortir sa baguette de sa poche. Enfin, le jeune homme arrête de marcher. Ses yeux cobalt se posent sur la tombe de James et Lily Potter. Ses grands-parents sont décédés il y a très longtemps, mais le souvenir est encore là. Ils sont morts de la main du Lord en personne, assassinés lâchement par un fou. Cette pensée enrage James qui ne pardonne pas à ceux qui soutenaient ce fanatique, même si son coeur bat pour la fille de l'un d'entre eux. Il desserre son poing et tend la baguette vers la tombe. D'un geste précis et délicat,une couronne de fleurs blanches apparaissent sur la tombe et l'enroulent. James s'est juré de toujours l'entretenir si personne ne le faisait et il tient parole, même s'il sait que son père ne dérogerait jamais à cette tâche. Le sorcier reste de longues minutes à contempler la tombe avant de se diriger vers le fond du cimetière. Il se baisse pour éviter les branches des premiers arbres qui délimitent l'entrée dans la forêt alentours et aperçoit cette barrière rouillée par les adages du temps qui est entrouverte. Il la pousse un peu et entre dans les bois. Chaque pas est un torrent de souvenirs, d'images qui entrent et sortent de sa tête. Il avance presque les yeux fermés jusqu'au mausolée. Les ruines sont encore là, les grosses pierres blanches découpées par le temps, recouvertes de feuilles oranges et feu. D'un geste de sa baguette, James fait s'envoler les feuilles dans le ciel, dévoilant les ruines qui n'ont pas changé. Il grimpe sur l'une des pierres et se souvient que quand il avait douze ans, il pensait être le roi du monde au sommet de sa tour. Il jouait avec Albus à diriger la forêt qui faisait office de royaume. Aujourd'hui, James a grandi et son royaume lui semble bien petit et vide sans quelqu'un avec lui. Il laisse échapper un soupir et s'assoit sur cette pierre. Nul doute que l'absence de Albus a laissé depuis toujours un trou dans son cœur qu'il n'arrive pas à combler. Ça fait mal, plus qu'il ne l'admettra jamais.

Spoiler:

WE DO NOT FORGET - POTTERS

« nous avions dix ans à peine, tous nos jeux étaient les mêmes, au gendarme et au voleur, il me visait droit au coeur, bang bang. »

Un appartement vide de chaleur humaine, son royaume sans couleur. La solitude qui règne en compagnie de son solitaire. Ce n'est pas le plus accueillant de Londres, mais suffisant pour le jeune homme qui depuis sa fenêtre observe les passants. Sur le trottoir face à lui une famille moldue fait son habituelle balade. Albus regarde. Pas un sourire niché sur son visage aussi froid que le vent qui souffle sur leurs joues rosies. Mais dans son muscle insensible, il sait. Une caresse d'amertume se faufile contre celui-ci forçant les plus beaux souvenirs de son enfance à refaire surface. Tous les jours à la même heure, il regarde, mais reste insensible. Les images, les rires, les bons moments défilent - il ne veut rien savoir. Il ne peut plus vivre dans son passé, ce n'est plus le sien. Un homme l'a détruit. Albus s'éloigne enfin de la fenêtre pour tomber quelques mètres plus loin sur son canapé. Les yeux rivés vers le plafond, les lèvres toujours attachées, il réfléchit dans son éternelle solitude. On ne peut entendre que le rythme de sa respiration, l'unique mélodie qui puisse exister entre ses murs. La famille Potter ne peut pas dépendre uniquement des exploits du père, elle doit vivre avec ses propres armes. La promesse qu'ils ont faite devant leurs grands-parents paternels ne pouvait pas être réalisable. Albus veut voler de ses propres ailes, la maison rouge-or était le deuxième obstacle ; James en étant le premier.

Une branche craque sous ses pieds à en faire froisser ses sourcils. Il grimace légèrement. Il connaît cet endroit, ces arbres, ces chemins imaginaires. Une immense forêt qu'il connaît sur le bout des doigts après toutes les parties de cache-cache déroulées ici. Il s'avance les mains enfoncées dans ses poches pour éviter d'être agressé par les dents pointues du froid. Un rire éloigné. Féminin. « qui est-là ? » Il commence à chercher du regard, mais rien. Les arbres nus bougent lentement leurs branches, aucune demoiselle à l'horizon. Sa mâchoire se contracte et il reprend sa route. Il secoue légèrement la tête pour ne plus avoir à penser à ce rire enfantin. Il peut arriver qu'il ne sache plus différencier ses illusions et la réalité, occulmentie oblige. Albus continu son chemin, les yeux rivés vers les feuilles mortes. Aussi morte que sa pauvre mère qu'il compte rejoindre sous peu de temps. Continuant sa route sans penser retomber nez à nez avec elle, il fit face à une signature gravée sur un arbre dénudé. Les ruines ne sont qu'à quelques mètres de sa position actuelle. La plus importante question de sa journée surgit dans sa caboche glacée. Doit-il y aller ? Mais pour faire quoi. Tout détruire ? Rien toucher ? Il prit quand même cette fameuse route. Les arbres n'étaient pas tous semblables, dans l'un d'eux James pouvait monter jusqu'à son sommet, dans l'autre Lily avait les cheveux coincés. Les yeux d'Albus se posèrent ensuite sur un plus différent des autres. Quand il n'était âgé que de six ans, il fut coincé là-haut. Son grand-frère était même venu le chercher. Il ne bouge plus. Le jeune homme fixe l'arbre en silence avant de faire remuer sa baguette en sa direction pour qu'il soit coupé en deux. Plus rien ne doit le lier à James. C'est terminé. Un peu plus loin, quelques mètres pour ainsi dire, il aperçut un physique familier installé sur l'une des pierres, dans une solitude semblable à la sienne. L'homme qu'il observe regarde d'un œil flou le monde qui l'entoure, comme si quelque chose n'était pas à sa place. Alors il s'avance, Potter, sans parler. Il n'arrive pas à reconnaître son frère. Pas couvert de cette manière du moins. « vous n'avez rien à faire ici, qu'il crache. » Cet endroit est à eux. Lui et Lily. James aussi. Même si l'envie de tout faire exploser lui torture l'esprit, il ne peut pas tuer un homme. Alors faire fuir avant d'agir est la meilleure des solutions. L'inconnu se retourne enfin. Faisant face à son frère Albus eu un sourire provocateur, naturel. « j'aurais du m'en douter. toujours à remuer le passé. »  

Elle fixe le plafond de sa chambre. Elle trône sur sa chambre comme une déesse trônerait dans l’abysse. Elle n’est que dans un mélange de sensation. Un néant, une cage. Un temple qui s’effondre. Les piliers qui s’effilochent. Et la roche qui se fissure à chaque mot, chaque tremblement. Elle mourra ici. Sous la rocailleuse maison. Sous la torpeur et le dégoût de sa propre maison. Et quand tout ce qui liait les Potter à la grandeur ne sera plus qu’un lointain souvenir, on retrouvera la tombe de pierre de Lily Potter. Allongée sur son lit avec son regard peiné. Elle ne travaille pas aujourd’hui. Du moins, elle se dispense de travailler. Un hibou reçu tard dans la nuit pour la prévenir que l’interview d’une grand-mère a été repoussé pour le lendemain. On peut dire qu’elle est en congé, et ça la dérange. Parce que cette solitude prend une ampleur importante. La solitude lui rappelle que bientôt, ça sera la fin. Que si elle n’agit pas, c’est fini. Elle se lève alors pour fixer la rue d’un air lasse et la figure de son frère qui se dirige vers la forêt l’intrigue. Elle reconnaît sa grande carrure de dos, son air lasse et je m’en foutiste. Alors elle dévale les escaliers. Elle prend pas la peine d’observer sa vieille baraque, parce que tout ce qu’a pu bâtir l’élue n’a plus d’importance à ses yeux.
Le manteau de son père bien trop grand sur les épaules, elle agite ses bras pour se réchauffer malgré le froid pénétrant. Elle a perdu la silhouette de vue mais elle devine rapidement sa destination. Le cimetière. Elle s’approche devant ce lieux où repose les morts, les vaillants. Elle jette un regard à la tombe de ses arrières grands-parents, ornés de blancs. Elle s’agenouille un instant, fixant l’écriture des tombes. James et Lily Potter. Qui sont-ils. Est-ce qu’ils les voient ? Est-ce qu’ils voient leur fils ? Dans un élan de pitié, de faiblesse, elle se demande si un jour Harry changera et redeviendra son Papa. Celui qui la couchait le soir avec une histoire, lui racontant des tas de chose. Réconfortant sa peine et ses malheurs. Mais il est mort le soleil. Et elle ne voit plus les jolis astres dans le regard de celui-ci. À croire que sa courtisane lui a volé son âme. « vous n'avez rien à faire ici. » Une voix familière résonne au loin et Lily tourne la tête. Le bruit l’attire et elle se relève immédiatement. Ses pas avancent rapidement et avec imprudence pour se diriger vers le bruit. Et elle les voit. Cacher derrière des branches, elle les observe. Eux. Les deux ombres de son enfance. Ces astres. Son soleil et sa lune. James qui survole tout d’un regard et Albus qui détruit l’espoir. « j'aurais du m'en douter. toujours à remuer le passé. » La froideur dans ses mots glacent le sang de Lily qui ne peut supporter tant de désastre. Sa gorge se serre et légèrement à pas de loup, elle approche derrière Albus avant de mettre ses mains sur ses hanches pour le chatouiller. « Bouh. » Elle tente de calmer l’atmosphère avec une petite blague qui la fait sourire. Celle que James et Albus s’amusaient à lui jouer quand ils étaient enfants. Quand Albus s’amusait à comploter et James à agir. Et qu’elle était le tourment de ses complots. Quand ils partageaient tous le même rire enfantin, insouciant. Ce rire réel et indolore qui panse n’importe quelle douleur. « Ça fait longtemps que je n’étais pas venu ici. Ça me manquais. » Lily elle le voit, elle le sent. C’est tendu entre eux. C’est froid, c’est un mur de glace qui les sépare. Et pour une fois, elle décide de ne pas se mettre dedans, d’intervertir. Parce qu’elle briserait l’espoir d’une connexion, d’une fissure. Alors elle grimpe sur les pierres malgré le lourd manteau paternel – par faute de vouloir prendre le sien avec rapidité – et grimpe sur une grosse pierre. Debout, elle observe ses frères en les regardant en bas avec un petit sourire. « Pour une fois, c’est moi la plus grande et la plus forte. Je suis enfin la reine de la forêt. » Elle est puérile Lily. Mais elle perd ses vingt ans avec eux. Il ne reste qu’une gamine de douze ans qui tente de se divertir et ne serait-ce que de sourire. Elle en veut Lily, elle en a dans le ventre. Et c’est pas les deux êtres bornés et futiles qu’elle a de frère qui vont tenter de l’arrêter. Parce qu’on arrête jamais un Potter une fois une idée en tête, encore plus la petite dernière.

Une bourrasque de vent se lève, elle vient tout droit du sud de la ville. James ferme les yeux et se laisse immerger par l'élément de la liberté. Le soleil est masqué par la grisaille du mois de novembre. Quand le vent caresse son visage jusqu'à le fouetter, que ses cheveux se battent pour s'envoler, il a l'impression de revivre la sensation d'autrefois. Être sur un balai, être libre. C'était sa façon à lui de se détacher de ce poids qu'est de porter le patronyme des Potter. Un sourire se dessine sur les lèvres du jeune homme alors que la bourrasque se fait plus dangereuse, plus forte, elle résonne en écho avec la tempête qui assaille son coeur et son esprit. James est tout cela à la fois, il est le chaud et le froid, la pluie et l'océan qui se débat, les vagues qui s'écrasent sur les récifs avec force et violence. Albus est la nuit, Albus est la lune d'argent qui flotte et qui est malicieuse, silencieuse et entourée par les ténèbres alors que James est le soleil sous la pluie et le tonnerre qui gronde au loin. Lily est un mélange des deux, elle a ses deux facettes en elle et c'est sans doute elle, le pilier des trois enfants. La plus jeune avec le plus lourd fardeau, quel triste sort au fond. Chacun d'entre eux a essayé de se détacher de ce nom, à leur façon, mais James en a été privé quand il a chuté de ce maudit balai. Une chute qui l'a marqué et qui le marque aujourd'hui encore. Sa part d'ombre à lui-même qui le hante et le dévore intérieurement. Jusqu'à quel point seulement ? Le vent disparait, s'enfonce dans la profondeur des bois et les feuilles qui virevoltent retombent sur le sol humide. James respire, reprend son souffle et ouvre les yeux. Le rêve est fini, la liberté s'envole et l'espoir avec lui. Il enfonce ses mains gantées dans ses poches avant d'entendre un craquement dans son dos. James ne tourne pas la tête, il reste dos à l'inconnu. Qui vient le déranger dans son havre de paix et de souvenirs ? Il imagine déjà un ivrogne qui a consommé trop de rhum au groseille ou de whisky pur-feu, mais au fond, il n'a pas envie de se battre aujourd'hui James, il a déposé les armes depuis le début. « Vous n'avez rien à faire ici. » scande la voix qui n'est pas inconnue celle-ci. James est amusé et affiche un léger sourire taquin, sa signature, au coin des lèvres. Albus. Que vient donc faire son frère ici ? Il se pose la question sans pour autant avoir la réponse, mais est-ce la meilleure tactique que de lui rire au nez ? Sans doute pas, mais il est devenu tellement difficile de dialoguer avec Albus. C'est à un mur de fer qu'il se heurte à chaque fois. Alors James avale son sourire et tourne la tête. Ses yeux cobalt se posent sur ceux aux reflets émeraude de son frère. Les yeux de Lily. Un regard qui ne dit rien. James n'arrive pas à décrypter ce que Albus ressent. Cela fait trop longtemps qu'ils se sont fermés l'un à l'autre, que le frère est devenu un parfait étranger. Le silence est vite coupé par les propos assassins de son frère. Il lance les hostilités, ce n'est pas dans ses habitudes. C'est toujours James qui donne les coups en premier, mais il faut croire que Albus a changé sa tactique. « J'aurais du m'en douter. toujours à remuer le passé. » James sourit à cette remarque et fait face entièrement à son frère, les mains dans les poches. Sans le savoir, son coeur s'emballe, il palpite plus rapidement, mais il ne montre rien. Il garde le contrôle, toujours. « Apparemment, je ne suis pas le seul dans ce cas. » Son regard ne quitte pas celui d'Albus. Un défi silencieux, un combat sans arme, à la seule force de la prestance. Ses yeux quittent un instant ceux si froids et dédaigneux du cadet pour s'arrêter sur le vestige du combat passé, remporté par James. Cet hématome qui forme un oeil au beurre noir. La main de James qui a donné le coup en tremble encore, mais pas d'excitation, de regrets. Comment savoir si on s'est trompé ? Le coeur le dit, la raison cri le contraire. « Je suis désolé pour... Enfin, la dernière fois. » articule-t-il avec difficulté. Les excuses, ce n'est pas dans les habitudes de James, mais il sait qu'il a eu tord de s'emporter et au fond, il s'en veut d'avoir levé la main sur son cadet. Il l'aime Albus, il l'aime d'un amour qui le dévore, d'un amour fraternel où le manque s'est changé en jalousie puis en mépris. Il ne l'a pas vu en lui, ce changement, mais il en ressent les effets.

C'est peut-être mieux de quitter les lieux maintenant ? James n'a pas envie de se disputer encore avec Albus. Il préfère garder ce souvenir illusoire d'une trêve courte et inexistante entre eux qu'une querelle violente et déchirante. Il fait un pas un arrière, deux pas et s'arrête en voyant la silhouette de sa soeur. « Ça fait longtemps que je n’étais pas venu ici. Ça me manquais. » Lily apparaît dans la brume qui se dissipe enfin. Elle porte la veste de leur père, ce que James remarque immédiatement. Dans ce grand manteau noir de cuir, elle a l'air tellement chétive, fragile, comme une statue de porcelaine, mais elle est forte à l'intérieur. C'est une lionne qui rugit à chaque instant, une lionne oui, mais la statue est fissurée indéniablement comme chaque enfant. Ils ont tous un point commun, ils ne peuvent pas le nier. L'adultère de leur père les a fait souffrir et ça ne les rapproche pas, ça les divise encore plus songe James en suivant du regard Lily qui grimpe sur une pierre et les domine de quelques mètres. « Pour une fois, c’est moi la plus grande et la plus forte. Je suis enfin la reine de la forêt. » James rit légèrement à cette remarque. Quand ils étaient petits, elle était toujours la dernière, derrière les silhouettes de James et Albus qui marchaient devant elle et la protégeaient de tous les dangers. Aujourd'hui, elle est devant eux, elle les domine, elle est le lien, elle est l'unification. James approche et sort ses mains des poches. Il grimpe sur le même rocher, derrière sa soeur. « Et qu'est ce que sa Majesté des bois souhaite ? » demande James en saute sur une autre pierre derrière avant de retirer les feuilles mortes et la mousse d'un rocher. Sur cette pierre autrefois, ils avaient écrit des mots, dessinés des balais, des baguettes juste avant que James n'entre à l'école pour sa première année. Il fixe chaque dessin, effleure la pierre abîmée du bout des doigts avant de sauter sur le sol. « Peut-être que cette année... Pour les fêtes de fin d'année, Noël tout ça... On pourrait organiser quelque chose pour maman. Tous les quatre et papa... » il marque une pause et fait un geste de la main, comme s'il cherchait à balayer l'horizon devant lui. « De toute façon, le ministère prend trop de place dans sa tête. » et James désigne des sapins au loin dans les bois. « On pourrait le prendre là-bas. »

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« nous avions dix ans à peine, tous nos jeux étaient les mêmes, au gendarme et au voleur, il me visait droit au coeur, bang bang. »

Ils ne sont pas égaux tous les trois et ne le seront jamais. Le vent monte et souffle sur les joues dénudées d'Albus. Il observe sagement son frère, sans le juger du regard, sans être méchant. Il observe comme un enfant, comme celui qu'il était autrefois. James était un héros à ses yeux. Un grand-frère qui sera toujours là pour le sauver. Son grand-frère. Maintenant ce n'est plus qu'un inconnu. C'est horrible de vivre des moments comme celui-ci. Faire face à un souvenir, à un visage si détesté avec les années. Mais Albus ne ressent plus rien - il avait eu un cœur autrefois. Un cœur aimant et bon à aimer. Autrefois. Le jeune homme s'arrête de sourire. Il ne sourit que très peu Albus. Pour les grandes occasions seulement. Ses doigts se froissent dans sa poche, le froid qui l'agresse. « apparemment, je ne suis pas le seul dans ce cas. » James. Grand James. Ils ne sont pas bien différents les deux inconnus. Ils ont tous les deux ce regard perçant, qui pénètre une âme. Qui bouleverse n'importe qui. Albus reste froid, écoute à peine les excuses de l'homme face à lui. Des excuses, comme c'est lâche pense-t-il en voyant le visage plein de sincérité de son aîné. Il ne pardonne pas le plus jeune, il faut savoir assumer, souffrir de ses fautes. Ça force à réfléchir. « d'accord. » La réponse qui résume le personnage. Il n'est plus le même depuis des années, il est différent. Social avec certains mais exécrable avec d'autres. C'est une lune, Albus, qui est plein de rage certain soirs et à l'âme coupée le reste du temps. Il n'est plus entier, il manque quelque chose. Quelqu'un peut-être. Il pouvait rester là pendant des heures, à défier le regard de James. Mais Lily, la sauveuse des deux hommes, n'est pas de cet avis. Elle arrive comme toujours pleine de naïveté, comme un enfant qui plonge dans l’arène aux lions qui ne sont que des chatons à ses yeux.

Les doigts fins de la rouquine viennent trouver place sur les hanches d'Albus mais il ne sait plus rire. Ni sourire. Il regarde sa sœur comme si elle venait de commettre un acte odieux. Il fait l'horrifié. « bouh. » Il se souvient, elle aimait faire ça. Elle avait les cheveux attachés derrière son dos. Un visage plus doux, les traits moins présents. Il revoit sa petite sœur. Mais ne sourit pas. Il n'écoute plus Albus, trop perdu dans ses souvenirs - quand il entend les pieds de sa sœur prendre place sur les pierres, c'est rapidement que ses yeux se posèrent sur elle. « pour une fois, c’est moi la plus grande et la plus forte. je suis enfin la reine de la forêt. » Il surveille. La peur, peut-être. Elle est importante Lily, plus que James, plus qu'Harry, moins que Ginevra mais importante à ses yeux. Elle est belle et forte, elle est précieuse. « desc.. » Coupé. Pas le temps de parler. Comme un tais-toi, tu vas tout gâcher. James rentre dans le jeu de la petite dernière ; c'est presque la famille idyllique qui s'amuse encore à cet âge. « et qu'est ce que sa Majesté des bois souhaite ? » Puis plus rien. C'est calme tout d'un coup. Il n'a pas bougé de sa place Albus, il observe en silence. Comme derrière sa fênetre, il observe un monde dans lequel il n'a pas sa place. Une famille. « peut-être que cette année... pour les fêtes de fin d'année, noël tout ça... on pourrait organiser quelque chose pour maman. tous les quatre et papa... » Fêter noël. Des cadeaux, une réunion. Papa. Salaud. La mâchoire d'Albus se contracte, pas lui. Il fête noël avec n'importe qui sauf lui. The Chosen One, my ass.  Il déteste son père, plus que n'importe qui. Ce n'est pas son père, pas le héros qui passe dans la boîte à images, pas celui qui est qualifié comme l'un des plus grands sorciers. Non. C'est qu'un salaud dont une seule femme ne suffit pas mais qui pourtant fait trois gosses. C'est un hypocrite. « de toute façon, le ministère prend trop de place dans sa tête. » Albus fait craquer ses doigts dans sa poche. Ça l'énerve tellement lui qui est d'un naturel si calme. Son visage ne dit rien. C'est à l'intérieur, c'est un bombe potter. « c'est plutôt lui qui prend trop de place dans sa tête. » il soupire, observant l'horizon. « mais comme tu veux. le repas de noël sera grandiose, vous ne serez que quatre. je passerai uniquement pour souhaiter les vœux, je ne mangerai pas avec lui. » Un garçon buté, malheureusement. Si Albus mange en compagnie de son père, c'est certain qu'il ne finira pas le repas. Il sera forcé de lui faire une réflexion, de lui poser une question. Un simple pourquoi ? Mais n'aura jamais la réponse. Ce n'est pas un père, pas un homme bien. Faire ce repas est une bonne idée dans le fond, Ginevra serait ravie. Alors peut-être fera-t-il un effort, pour le moment, il semble décidé. Non. 

Elle a ce sourire qui l’abîme. Et ce silence qui l’habite. Son âme morne et morose s’ennuie de sa triste vie de famille. Ça l’amuse Lily. A croire que c’est elle, l’Elue. Elle qui doit tout faire, tout reconstruire. Tout voir, tout savoir, tout dire. Elle gueule des mots sur un papier et s’écorche avec ses tristes pensées que seule la matière grise peut entendre. Elle pleure parfois en boule dans son lit avec pour seul compagnie ce silence qui l’assourdi. C’est des fois, quand la nuit est invisible et que la noirceur éclaire le ciel, qu’elle se décide à aller voir son père. Parfois, elle s’assoit sur le fauteuil en face de son lit et le regarde dormir. Le seul problème, c’est lui. Elle l’aime son père, bien trop. Mais c’est lui qui fait de sa vie un enfer. Elle le remercie, Lily. Il aurait pu partir avant. Quand Lysander était parti lui aussi. Quand Warner et elle n’étaient que du passé. Quand le cœur de Lily était trop fragile pour affronter le monde morne et gris.

Y a ses iris qui fourmillent un peu partout. C’est ce petit regard habituel de détective, qu’elle dit. Fouineuse, trop curieuse. Ça la tuera, elle le sait. Mais elle prend le temps de tout Lily. Quitte à enlever quelques grains de sable dans son sablier, elle le fait. Elle a plus le temps de prendre le temps d’attendre. Elle doit monter dans le train, prendre le bon coche et enfin savoir trouver la paix qu’elle a toujours cherchée. Ce milieu, cet entre-deux. Ça a toujours été ainsi. Ils sont les exacts opposés. Les deux garçons. La lune et le soleil. Deux symboles si différents et pourtant, toujours aussi proche. L’un ne peut mourir si l’autre existe. Et Lily, elle est de ces deux garçons ce fil. Ce côté aussi solaire qu’insolent qui lui vient de son aîné. Cette lionne qui n’a pas peur, bien trop imprudente et qui refuse de fuir devant le danger. Mais également lunaire, sournoise. Ambitieuse comme son frère.

« Desc.. » La voix de son frère résonne dans ses oreilles, mais il s’abstient. Regarde Albus, comme elle grandie ta petite fleur. Comme elle a éclos si bien. Toute une beauté, toute une pudeur. Un astre lumineux qui voltige autour de la lune et du soleil. Et elle rigole, inconsciente qu’elle est. Rigole pour panser les cœurs, apaiser les mœurs. Elle arrive avec l’espoir de paix et répand dans l’atmosphère une ambiance lumineuse. « Et qu'est ce que sa Majesté des bois souhaite ? » Oh, Lily elle veut un tas de chose. La première étant une accolade familiale. C’est une tactile, Lily. Elle a besoin de son touché et cette sensation de sécurité. Elle a besoin de sentir James et Albus l’enlacer si fortement qu’elle ne pourrait plus respirer. Elle sait que c’est impossible, alors elle sourit avec un petit air nostalgique. « Un tas de chose votre Altesse, un tas de chose qu’on ne peut réaliser en une soirée. » Et elle tente de regarder Albus. Elle sait que James l’écoute. Il est toujours plus docile, plus facile à cerner. Il a cette lueur vitale dans le regard, celui du soutien, de l’amour. Il a pas besoin de mot, son visage en dit déjà long. Non, ce que veut Lily ce soir, c’est une marque d’affection. Elle veut qu’il la remarque, qu’il la voit. Albus doit s’ouvrir avant que Lily ne ferme les portes du paradis. « Peut-être que cette année... Pour les fêtes de fin d'année, Noël tout ça... On pourrait organiser quelque chose pour maman. Tous les quatre et papa... » Lily, elle sourit directement. Comme si tout était joie et beauté. Un sourire qui se colle à ses lippes, qui les étirent avec la plus grande des sincérités possibles. Elle veut y croire Lily. Elle a de l’espoir, comme toujours. Et abandonner si près du but alors que James tente une approche ça serait creuser sa tombe. « De toute façon, le ministère prend trop de place dans sa tête. » Elle fait mine de ne pas avoir entendu. Comme si ce que son frère n’avait plus d’importance depuis qu’il avait évoqué Noël. Lily, elle adore Noël. Plus que toutes les autres fêtes. Les cadeaux, l’odeur de la nourriture familiale, la famille, tout simplement. Sa famille, la sienne. Une simple famille qui aurait pu éviter tant de souffrance. « On pourrait le prendre là-bas. » Lily suit le regard de son frère et observe le grand sapin. Elle voudrait se déplacer, courir, chercher sa baguette ou le couper comme elle peut. Tout faire pour que tout le monde s’amuse à le décorer. Voir Albus enfiler une guirlande comme écharpe. Et James jouer avec les boules du sapin sur ses oreilles. Et eux, aidant Lily à accrocher l’étoile. «  C'est plutôt lui qui prend trop de place dans sa tête. » Ce n’était qu’un simple sapin, un simple rêve, qu’il vient de briser. «  Mais comme tu veux. Le repas de noël sera grandiose, vous ne serez que quatre. Je passerai uniquement pour souhaiter les vœux, je ne mangerai pas avec lui. » Lily fixe toujours le sapin. Et elle le voit tomber en éclat. Elle soupire, lasse. Elle tente de prendre une voix joyeuse, rassurant James comme elle peut. « J’adore ton idée. Le sapin est parfait, on pourrait essayer de le prendre ? Mais ne comptez pas sur moi pour porter un arbre. » Elle tente de rire à sa propre blague, mais son sourire s’efface et le rire de l’enfant n’était plus ce qu’il était. Si James allume la flamme, Albus souffle dessus. La lune refroidit toujours ce fil qui brûle de joie par le soleil. « Pourquoi notre famille doit-elle tourner autour de papa ? » Sa voix est plus rocailleuse, plus dure. Elle tourne ses pouces dans ses mains avant de fixer un à un ses frères. « Peut-être qu’il est là, et alors. Maman y sera peut-être aussi. Et il y aura James. Et moi. En notant que je compte pour dix, tu peux bien rester. » Elle sourit à James, comme pour tenter de reprendre courage. Elle abandonne pas. C’est une Potter après tout, bornée comme elle est, elle ne lâchera pas. Elle en oublie même qu’Albus est aussi têtue qu’elle. « Et puis, tu peux pas louper MON repas. Je ferai le repas et tu n’auras qu’à boire et manger un délicieux plat, ce n’est pas si fabuleux ? » Et elle tente, l’innocente, de chercher de la lumière dans le noir. Fouillée comme elle le peut, retourner son regard, sa peau blanchâtre. Voir dans son âme. Voir la lumière. Elle veut pas que James s’énerve. Elle veut pas qu’il s’énerve, lui non plus. Mais elle veut pas être toute seule à table. Elle veut plus être toute seule tout court.

Pourquoi est-ce toujours si compliqué ? Pourquoi l'équation est insoluble, le problème sans aucune réponse concrète ? Albus apparaît comme le hasard, le foutu hasard qui empêche les choses de se faire comme on le veut. Sitôt que James propose quelque chose, il ramène le monde à la réalité et prend le sens inverse, le détour du flot et le temps se suspend. C'est toujours comme ça, toujours depuis des années et cela donne des accès de rage à l'ainé. Il ne comprend pas cette mentalité et où est l'erreur. Enfin... Si. Il se ment à lui-même, il connait l'origine de cette erreur, de cette anomalie. C'est leur père. Harry Potter est l'élu de toute une génération, le sauveur d'une génération, mais le problème de cette famille. Il a ignoré ses enfants, il a divisé sa famille, il a brisé le lien que l'on appel confiance et Albus a certainement été le plus touché par cela. Ceci explique d'après James, son choix d'aller à Serpentard. Alors comment peut-il en vouloir à son cadet ? Il ne lui en veut pas totalement James, voir pas du tout, il s'en veut à lui-même de ne pas comprendre Albus et comme à chaque fois, ça tourne mal, ça dérape et ça s'enflamme. Au fond, Albus Potter et James Potter, James Potter et Albus Potter, ils ont bien plus qu'un nom en commun. Ils ont toute une vie derrière eux et la souffrance qui va avec. Ils n'arrivent simplement pas à se comprendre. L'anomalie, elle vient de là. De cette incapacité à se comprendre et non à s'aimer car si jamais Albus vient à être blessé, James s'enrage, James hurle, James devient un lion et sort les crocs, mais il ne peut pas l'admettre, il n'y parvient pas.
Foutue fierté masculine.
Foutu égo dominateur.
C'est ainsi et au fond, lutter c'est pour les braves et James n'est pas toujours brave, il n'a pas toujours envie de lutter, comme avec sa jambe, comme avec cette peur maladive de remonter sur un balai. Il préfère balayer tout d'un coup de gomme, raturer les mots. En ça, il ressemble d'avantage à son père. Il fuit lâchement les responsabilités, les épreuves alors que Lily et Albus, ainsi que leur mère, les affrontent. Albus se jette même à cœur perdu dedans. C'est pourquoi il n'hésite pas un seul instant à remettre en question les propos de l'ainé, avec force et violence dans ses mots. « C'est plutôt lui qui prend trop de place dans sa tête. » ce n'est que le début, Albus frappe juste après. « Mais comme tu veux. le repas de noël sera grandiose, vous ne serez que quatre. je passerai uniquement pour souhaiter les vœux, je ne mangerai pas avec lui. » le mot effort doit être inconnu se retient de dire James, mais il se contente de fermer les yeux, dos à son frère et sa soeur avant de les ouvrir après avoir avalé ses mots, après avoir respiré profondément avant de les affronter. Il ne peut pas forcer Albus, mais cette dualité le pèse plus qu'il ne veut se l'avouer. Il ouvre la bouche pour parler, pour essayer de répondre à Albus et lui dire de faire un effort pour leur mère, mais Lily est là. Lily, elle tient la barque, elle empêche le navire de couler alors elle rame pour s'en sortir et elle change de sujet. « J’adore ton idée. Le sapin est parfait, on pourrait essayer de le prendre ? Mais ne comptez pas sur moi pour porter un arbre. » « Tu oublies la lévitation, petite soeur. » réplique-t-il non sans lâcher un petit rire, comme pour détendre l'atmosphère. « Pourquoi notre famille doit-elle tourner autour de papa ? » un silence, encore. L’atmosphère n'est plus gaie, elle est morose comme le ciel gris qui se fâche.
Le ciel gronde.
L'orage approche.
Une goutte qui touche le front de James.
Plusieurs gouttes.
La pluie commence.

La gorge de James s'assèche malgré la pluie qui tombe doucement, clic clac, gouttes d'eau, elle va s'intensifier de minute en minute, ils vont finir tremper, mais les Potter ne bougent pas, aucun d'entre eux ne fait un pas. « Parce que papa est Harry Potter avant d'être papa. » siffle James d'un ton sombre. Il n'est pas terne James en vérité, c'est le rôle qu'il laisse volontiers à Albus, mais la colère est là et s'il vit encore sous le même toit que cet homme, il n'accepte pas ses erreurs et ses hauts-faits, qu'on se le dise. James descend du rocher et fait quelques pas dans les feuilles mortes qui craquent sous son poids. La pluie continue à s'abattre et déjà, les gouttes d'eau éclatent sur le visage de l'ainé, ses cheveux lui collent au front. « Peut-être qu’il est là, et alors. Maman y sera peut-être aussi. Et il y aura James. Et moi. En notant que je compte pour dix, tu peux bien rester. » Lily continue à jouer le rôle de la poupée, la poupée qui parle, la poupée qui brandit le drapeau blanc. James aimerait la remercier. Il ferme les yeux un instant. Comment dire les choses. « Et puis, tu peux pas louper MON repas. Je ferai le repas et tu n’auras qu’à boire et manger un délicieux plat, ce n’est pas si fabuleux ? » Cette idée perce dans l'esprit de James. Il imagine le repas, les biscuits de pain d'épices, le glaçage rouge et or, le sapin décoré et les rires comme autrefois. Une année, quand ils étaient jeunes. James et Albus avaient reçu leurs premiers balais et Lily, un boursouflet rose qu'elle avait décidé d'appeler... James ne s'en souvient pas. Les souvenirs sont troublés par la réalité et les sentiments qui se mélangent. Il se dirige vers le sapin et sort sa baguette. Il lance un sort informulé, diffindo et tranche le tronc avant de tirer le sapin qui le dépasse d'une tête, lui, l'ainé et le plus grand. « Wingardium leviosa » et le sapin se met à léviter au dessus de lui. Il l'amène jusqu'au pied de Lily, d'un air satisfait. « Voilà pour sa majesté. » et il s'amuse à faire une légère révérence avant de ranger sa baguette. Le sujet est toujours en l'air sur les fêtes de fin d'année et James le repose au sol, sous la pluie qui s'accroit. « Je pense que tu peux venir, Albus. Papa ne sera pas présent. Il a toujours trop à faire lors de Noël... Et maman aimerait avoir ses enfants avec elle, ses trois enfants. » dit-il avant de poser ses yeux cobalt sur ceux, d'un vert sombre et émeraude, de son cadet. « En revanche, je compte bien faire venir Garance. » il marque une pause. Il ne déclare pas la guerre, il pose juste ses conditions et elles ne sont pas négociables. Il sait que Albus n'admet pas la relation de son frère, il prétendait même aimer son ancienne copine avec qui il sortait il y a trois ans, l'excentrique Pamela Adkins, mais James aime Garance et elle a été reniée de sa famille pour sa relation avec un Potter. Il est hors de question qu'elle soit seule ce soir-là. « Et maman l'apprécie aussi, elle ne dira pas non. » conclut-il en espérant que cette fois, l'anomalie ne se produise pas et qu'un conflit naisse sous cette pluie battante.