Quand on perd un membre de sa famille, ça nous fait tout un choc, c’est normal. Mais quand on n’a que sept ans, c’est toute une panoplie de questions qui nous vient en tête. Il y a aussi un éventail d’émotions qui nous submergent. D’abord, c’est l’étonnement, parce qu’on ne pense pas qu’on peut perdre sa tante comme ça, du jour au lendemain. Encore moins à cause d’un banal accident de voiture, moyen de transport qu’on prend à toutes les semaines, plusieurs fois par semaine. On se dit qu’on aurait pu être dans la voiture nous aussi, ou bien même être sur la banquette de celle qui a causé la mort d’un innocent. Après, c’est la colère. On en veut au monde entier pour cet événement qui nous semble si terrible, comme si on aurait pu trouver le moyen d’éviter cela. Puis, viens la tristesse, quand on accepte finalement le départ de cet être qui nous est si cher. Ensuite, vient toutes les questions qu’on peut imaginer. Mais où donc est passée son âme? Y a-t-il un endroit, quelque chose après la mort? Ou c’est fini, c’est tout. Qu’est-ce qui se passe quand une personne décède? Vais-je la revoir quand, à mon tour, je mourrai? C’est à cet âge-là qu’est apparue ma grande curiosité sur la mort. C’est un peu morbide, mais ce sujet m’intrigue énormément. Mes parents n’y sont pas allés de main morte en me racontant quelconques histoires pour tenter d’expliquer la mort à leurs enfants. Ils m’ont tout simplement dit la vérité : qu’on ne sait rien sur la vie après la mort. Certes, il y a plusieurs théories, mais comment savoir laquelle est véritable et lesquelles sont les fausses? De ce fait, existe-t-il plusieurs réalités? Tout au long de ma vie, j’ai tenté de me renseigner sur le sujet, mais je ne connaîtrai pas l’ultime réalité avant qu’il ne soit trop tard…

À l’âge de onze ans, c’est la grande rentrée à Poudlard. Ce moment si excitant dont la majorité des enfants attendent avec impatience. Oui, c’est stressant. Mais il faut rester positif si on veut attirer le positif. C’est une phrase que ma mère n’arrête pas de me raconter. Elle-même a vécu de nombreuses déceptions, comme le fait de ne pas avoir de pouvoirs magiques comme le reste de sa famille, mais jamais elle ne s’est laissé abattre. C’est aussi pendant cet été que j’ai eu mon premier animal de compagnie, et certainement le dernier. J’adore les animaux, ne vous m’éprenez pas. Mon père m’avait acheté un rat comme cadeau pour la rentrée, il était vraiment mignon. Je n’ai même pas eu le temps de lui donner un nom qu’il s’était déjà sauvé de chez moi. Enfin, c’est ce que je croyais à ce moment. Mes parents m’ont avoué quelques années plus tard qu’ils étaient entrés dans ma chambre lorsque j’étais absente pour « libérer ce pauvre petit ». J’avais beau me forcer, j’oubliais de le nourrir et de nettoyer sa cage. Je suis mieux sans animal, comme ça je ne mets pas d’animal en danger sans le vouloir. J’ai essayé d’avoir une plante une fois… Ce qui a aussi été une vraie catastrophe. Je crois que je vais devoir me contenter de ma propre présence.

Ce n’est pas tous les sorciers qui ont évolué avec les années. Même à 16 ans. Certains pensent encore que le statut du sang est important. Personnellement, je crois que c’est n’importe quoi, cette façon de penser. Le sang ne détermine pas l’intelligence, la puissance ou même la personnalité des gens. C’est stupide! Mais ce serpentard avait besoin de se défouler ce jour-là. Je ne sais pas ce qu’il lui a pris, mais il a décidé qu’il me prenait pour cible. Ça a commencé par des petites remarques ici et là quant à ma mère cracmole et mon père sorcier, mais né-moldu. Je ne sais même pas comment il a pu le savoir, puisque je ne le connaissais pas. Puis, il me ridiculisait avec ses amis. Je ne savais pas quoi faire, j’étais sans défense. J’aurais été folle de m’attaquer verbalement à un groupe de garçons, alors que j’étais seule. Le serpentard ne m’attaquait jamais quand j’étais entourée d’autres élèves, il attendait toujours que je sois seule. Le lâche. Comme il était fier quand il arrivait à me faire du mal. Pour lui, la récompense ultime c’était de voir mes larmes couler sur mes joues, ou de me voir m’enfuir en courant. Je n’osais pas en parler à personne. Puis, une âme charitable a été témoin de ce malheur et m’a offert de l’aide. Alors que le serpentard s’apprêtait à me rabaisser une fois de plus, ce nouvel ami est venu à ma défense. Il avait découvert que ce bourreau qui prônait le statut du sang était lui-même un sang-mêlé dont la mère était une moldue. Lorsqu’il me rabaissait, c’était pour se donner de la valeur, et faire croire aux autres qu’il était de sang-pur. Plus jamais le serpentard n’est venu m’embêter après cela.

En septième année, c’est là où on se pose des questions importantes concernant notre avenir. Quel métier est-ce que je désire exercer pendant plusieurs années? Je ne savais pas trop… J’avais quelques idées en tête en regardant mes points forts dans mes cours. Les potions, je trouvais ça intéressant et j’étais douée dans ce domaine. J’explorais les professions qui y sont reliées, mais je restais incertaine. Puis, en me promenant sur le Chemin de traverse lors des vacances de Noël, j’ai remarqué une boutique dans un coin où personne n’allait. Je ne savais pas ce que cette boutique vendait. Intriguée, j’y suis entrée. Quelle a été ma surprise lorsque j’ai réalisé qu’ils vendaient des cercueils et des pierres tombales. Toutefois, ça ne me donnait pas de frissons. Cette boutique avait piqué ma curiosité. Un homme est venu me voir, me souhaitant ses sympathies. Je n’ai pu m’empêcher de rire. Il semblait confus. Je lui ai alors expliqué que personne n’était mort dans mes connaissances, mais que j’étais entrée dans la boutique par simple curiosité. Il a alors commencé à me parler de son travail et c’est après une longue conversation que le déclic s’est fait dans ma tête. Je veux devenir embaumeuse. C’est macabre, mais ça m’intéresse. Une fois retournée à Poudlard pour les derniers mois, j’ai fait plusieurs recherches sur ce type d’emploi et plus j’y pensais, plus je me voyais travailler là-dedans. Ce n’est pas seulement que de travailler avec des morts, c’est surtout rencontrer des familles en deuil qui ont besoin de notre soutien et de notre compassion. Ça demande de l’empathie et de l’écoute. En sortant de Poudlard, diplômée, je me suis mise à la recherche d’un stage pour devenir embaumeuse. Ce même monsieur à qui j’avais parlé pendant le temps des fêtes m’a gentiment offert un stage dans sa boutique. Depuis, je l’ai terminé avec succès et je travaille à cet endroit. J’aimerais acheter la boutique lorsqu’il prendra sa retraite dans quelques années. En attendant, il me montre quelques trucs sur l’administration d’un commerce pour me préparer à cette éventualité. Je lui suis amplement reconnaissante pour son aide.