{ octobre 1997, tinworth }
« C'est lui ! Maman, c'est lui ! » s'écrit Daerys, la soeur ainée du garçon. La tension s'accroît alors que Amon tremble et se serre dans sa couverture. Quatorze ans, c'est trop jeune pour mourir, beaucoup trop jeune. Il souffle, il sent que la nausée lui monte tandis que sa mère se précipite pour l'attraper. « Par ici, Amon, vite, l'armoire à disparaître ! » elle le pousse vers le meuble, le jeune sorcier se retourne et dévisage sa mère « Et toi ? » elle le gifle presque devant sa stupidité et son inconscience, elle a tellement pour lui, Irma, qu'elle le pousse dedans. « Wendy, vas-y avec ton frère, on arrive après avec tes soeurs ! » elle ne laisse pas le temps à la sorcière de seize ans de discuter, elle les enferme et quand Wendy ouvre la porte, ils sont ailleurs, dans une vieille grange vide et froide. « Viens Amon... » elle souffle et Amon sort en titubant, il manque de tomber en se prenant les pieds dans la couverture. A dire vrai, il est terrifié et ne peut pas s'empêcher de saisir la main de sa soeur, elle qui tient fermement sa baguette. Il sent qu'elle tremble, il fait de même. La voix de sa soeur tremble, elle essaie de paraître forte, mais Wendy est pétrifiée également, ils le savent tous les deux, mais le frère comme la soeur ne disent rien, c'est mieux, certainement. Les mots ne sont pas nécessaires pour manifester les émotions qui les assaillent. « C'est la grange de tante Agatha, elle nous a quitté quand tu avais trois ans et.. Allons dans la maison. » elle se dirige d'un pas décidé vers la vieille maison et pousse la porte après avoir lancé un alohomora! la porte grince et l'odeur de la poussière envahie les narines de Amon comme sa gorge. Il se met à tousser alors que Wendy se précipiter vers la cuisine, elle a faim. Tout le monde a faim car depuis que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom est au pouvoir, manger normalement est devenu difficile. Amon le sait, cela doit bien faire sept jours qu'il n'a pas touché à de la viande et que le pain perdu est devenu son aliment préféré - certes c'est très bon - mais le corned-beef lui manque ainsi que le thé.  « Il y a... De la marmelade, mais elle est date un peu... Je pense qu'elle est périmée. » elle soupire tandis qu'elle ouvre une autre armoire. Amon s'assoit sur un vieux fauteuil et se serre dans sa couverture. Il sent que la fatigue accumulée le trahi et pique du nez. C'est à ce moment là qu'un, crack sonore résonne devant la maison. Un sort traverse le couloir et s'écrase juste au dessus de Wendy qui pousse un cri strident avant de se plonger au sol. « AMON, COURS ! » il ouvre les yeux, tout se bouscule dans sa tête tandis qu'il approche de la fenêtre pour voir la silhouette d'un homme massif, ou plutôt... D'une bête, une créature sauvage. « Grey... Greyback... » il bafouille alors que la vitre explose. Il a le réflexe de se protéger sous un meuble et lâche sa couverture pour courir à l'étage. Amon ne sent même pas qu'il s'urine dessus, tellement il est paniqué. Un éclat vert perce le ciel, la marque apparaît. Amon donne un coup de pied dans la porte qui s'ouvre à la volée alors qu'il part se cacher sous le lit. Il tousse un peu encore, à cause de la poussière tandis qu'il entend des bruits de verre, le choc de plusieurs sorts et un hurlement. Un hurlement glacial qui le fige sur place. Wendy. Quelque chose de lourd tombe au sol et puis... Plus rien. « Avada... Kedavra... Avada Kedavra... » il répète le sort de la mort dans sa tête tandis qu'il serre sa baguette dans sa main. Il connait ce sort parce qu'on lui a rapidement enseigné sa dangerosité à l'école, il est prohibé et jamais Amon n'aurait cru devoir un jour s'en servir, mais a-t-il le choix ? Tout à coup, des bruits de pas résonnent. Quelqu'un monte les marches, la bête arrive ! Le coeur de Amon s'enflamme, la peur le domine et il ne se souvient plus du nom d'un quelconque sort pour se protéger ou défaire son adversaire. Les chaussures sont alors visibles depuis la cachette du garçon. Des grosses chaussures boueuses et sales, tâchées de sang qui approchent du lit. « Sors de là, misérable vermine, sors de là... Je sais où tu te caches ! » et le lit s'enflamme, Amon glisse pour sortir quand la terrifiante silhouette de Greyback apparaît, le loup est là, enragé, les crocs en avant. « Vais-je tuer le fils de Malveric ou simplement le punir ? » il ricane tandis qu'il lève sa main, ses griffes prêtes à frapper. « Stupefy! » le sort frappe Greyback dans le dos et il transplane au dernier moment avant de disparaître en éclatant la fenêtre. « Amon ! » sa mère approche et le serre dans ses bras. Des membres de l'ordre l'entourent comme Remus ou encore Kingsley. Wendy est là aussi, boiteuse mais en vie et elle sourit à son frère.

{ janvier 1998, loutry st-chaspoule }
Amon ajuste son écharpe autour de son cou. Il ferme les yeux quand la pluie déferle sur ses mèches auburns. Il ne dit rien, il observe sa mère qui dépose un bouquet de fleurs sur la tombe de Malveric, son époux. Il est décédé depuis plusieurs mois maintenant, depuis qu'il a refusé de s'allier à Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom en septembre dernier et c'est seulement aujourd'hui que l'on découvre la tombe anonyme où a été enterré l'homme rapidement. Tous les enfants du couple ne sont pas là. Daerys est restée avec ses soeurs et seule Esther est également présente. Elle serre la main de son frère avant de regarder sa montre à gousset. « Maman, nous devons y aller... L'endroit n'est pas sûr. » Irma sèche rapidement ses larmes d'un revers de manche et soupire avant d'acquiescer. Elle s'empare de la main de son fils, ils vont transplaner. Amon ferme les yeux, il n'aime décidément pas cette sensation. Il souffle et chancelle quand on le ramène dans leur nouvelle cachette, une vieille maison qui serait apparemment à un cousin des Weasley. Amon respire, reprend son souffle et ignore les questions de sa soeur Octavia. Il s'éloigne pour grimper dans sa chambre et s'y enferme. Il donne un coup de pied dans son bureau et souffle, la douleur est là, physique, mais celle de son âme est encore pire. Il y a la perte de ce père qui était si proche de lui, plus que chez ses soeurs car Amon est le seul garçon, l'espoir de tout un père qui a refusé de s'allier au mal et qui est mort comme ça, sans qu'on s'y attende, en laissant sa famille, en laissant son fils seul. Ca lui fait mal tandis qu'il souffle et s'allonge sur son lit, cache son visage sous l'oreille en plume et sanglote. Quatorze ans, c'est l'âge de l’insouciance. Quatorze ans, c'est l'âge des découverts, des premiers amours, du premier baiser. C'est tout ça. Ce n'est plus rien. Tout a été rayé par un éclair vert, par un mage noir qui fait naître en lui, un sentiment de haine.

{ juillet 2020, st-mangouste }
« Où est-elle !? » Amon est agressif, c'est presque comme un ordre, une obligation de sa part. L'homme dévisage une infirmière qui court devant lui pour lui montrer une chambre. Amon entre et observe sa femme, sa moitié, son monde. Sibylle. Son aspect est cadavérique, la maladie l'emporte et la peau est aussi pâle que son regard qui ne vibre pas de cette lueur de vie commune à chacun. Amon approche et s'empare de sa main. Glaciale, il fronce les sourcils alors qu'elle lui sourit avant de tousser un peu et de cracher du sang dans son mouchoir. « Oh, chéri, tu es là... » « Chut... Économise tes forces, je suis là, je ne pars pas. » demande l'homme ne passant une main sur le front brûlant de son épouse. Il coince quelques mèches derrière son oreille et lui offre un sourire qu'il souhaite réconfortant, mais derrière on lit la peur, l'angoisse, il ne veut pas la perdre, il ne peut pas. Sibylle le sait, elle le sent. Elle n'obéit pas et parle faiblement, mais elle parle. « Amon... Arabella ne doit pas venir... Qu'elle reste à l'école. » « Je sais et j'ai déjà fait le nécessaire, ne t'en fais pas pour ça. » Sibylle tousse encore, le sang étouffe sa bouche, la maladie la ronge, tout son corps succombe tandis que Amon lui serre la main. Il doit trouver une solution, il peut le faire, c'est son rôle, son devoir. Sa mâchoire se durci, ce sentiment d'impuissant le détruit petit à petit, comme un incendie qui se répand dans on âme tandis qu'il observe la scène, incapable d'agir. Sibylle se meurt dans ses bras. « Oh Amon... J'aimerai tellement qu'il en soit autrement... » ils savent que c'est fini, que leur histoire va s'arrêter là, mais l'homme ne pleure pas, il n'y parvient pas, il ne peut plus pleurer depuis ce traumatisme de l'enfance où il a été traqué par la légion de Greyback. Il pose sa main sur la joue de son épouse et lui chasse une larme qui coule de ses belles pupilles bleutées. « Ne dis pas ça. Nous avons passé de merveilleux moments et ça serait encore le cas pour les années à venir. » Sibylle l'observe un long moment, un sourire se dessine sur ses lèvres tandis qu'elle ravale ses sanglots. Ne rien laissait paraître. « Serre moi dans tes bras, serre moi, Amon. » il acquiesce, il ignore les consignes que les guérisseurs ont donné, il se hisse sur le lit, attrape sa femme dans ses bras et la serre contre lui. Elle niche sa tête dans son cou, elle souffle, elle tousse, elle murmure des mots, elle s'endort et elle expire son dernier souffle. Il reste longtemps là Amon, il interdit à quiconque d'entrer dans la chambre, il chantonne, une vieille chanson que sa femme chantait pour endormir leur fille au berceau, il chante et ne se rend pas compte que les larmes coulent à flot. « Oh petite fille ne pleure pas, rentre vite chez toi et ton petit chat ramènera ta baguette sur son balai volant... »

{ octobre 2030, antichambre }
Il entre dans la pièce, il ne scille pas, il marche et son regard se pose sur la silhouette devant lui, ce misérable gobelin, ce voleur infâme, cette créature qu'il n'apprécie guère. Amon le dévisage presque tandis que le gobelin commence à se plaindre du traitement, à l’injure et à promettre des sanctions lourdes. Amon affiche un léger sourire et attrape une cigarette dans son paquet qu'il coince entre ses lèvres avant de l'allumer par la magie. « Vous n'avez pas le droit de me retenir ici ! J'ai été manipulé et vous le savez ! » se plaint le petit gobelin. Amon expire une longue bouffée de fumée qui s'évapore dans le ciel. Il s'assoit face à Morgol et se décide enfin à parler. « Tout me donne un droit sur toi, gobelin. Maintenant, j'en ai assez que tu me fasses perdre mon temps comme tu as fais perdre celui de mes agents. Dis moi tout ce que tu sais, immédiatement. » le gobelin fronce les sourcils, sa mâchoire se durcie et il frappe du poing sur la table, mais ça ne surprend pas le sorcier qui ne bouge pas d'un seul centimètre. « Mais puisque je vous dis que je suis innocent ! Je vous préviens, quand Hermione Weasley apprendra le traitement que vous m'infligez, vous allez... » d'un geste précis et d'une rare vigueur, Amon dégaine sa baguette hors de sa ceinture et la pointe sur le gobelin qui n'a pas le temps d'achever sa phrase. Incarcerem. Le voici entortillé dans un cordage dur et qui brûle sa peau épaisse. Il couine l'animal tandis que Amon range sa baguette et se lève. Il fait le tour pour arriver derrière Morgol qui ne peut plus parler à cause d'une corde qui enserre sa bouche. « Personne ne peut rien pour vous, sale vermine... Personne, ni Hermione Weasley, ni même Potter et encore moins le ministre. Tu es ici dans mes locaux et tu dépends entièrement de moi. Je fais ce que je veux, tu entends ? Ce que je veux et tu vas parler, tout le monde parle, ce qui change, c'est simplement le temps que chacun met à parler et bien sûr... » il saisit sa cigarette entre ses doigts et expire la fumée tout en fixant le mégot « Le rapport que l'on a à la douleur. » un sourire féroce, un sourire bestial, un sourire carnassier s'affiche sur son visage tandis qu'il attrape le gobelin entre ses bras et écrase le mégot encore brûlant et fumant sur la joue de la créature. Celle-ci ne couine plus, elle hurle, elle s'égosille et perd sa voix pour exprimer sa douleur. (...) le gobelin est emmené hors de l'antichambre une heure plus tard, plusieurs traces de brûlures sont visibles sur le corps de Morgol qui est pratiquement inconscient ainsi que des hématomes divers. Amon sort également et ordonne à un agent de le conduire dans une cellule tandis qu'une sorcière est visible au loin dans le couloir. Amon l'observe un long moment en allumant une nouvelle cigarette. « Elia, que fais-tu ici ? » la sorcière hoche négativement la tête, elle se doute de la torture qui s'est déroulée, elle se doute de ce qui s'est passé, elle comprend tout, elle sait tout même. « Je venais te voir... Je cherche mon frère, mais... C'est le gobelin responsable du vol ? » Amon tire une longue bouffée sur sa cigarette et souffle au dessus du visage de Elia qui grimace. « Ca ne te regarde pas, ne t'occupe pas de ça, c'est une affaire secrète du ministère et pour te répondre, Rhaegar se trouve sûrement au département des catastrophes magiques, il devait rencontrer le chef des oubliators pour moi. » La sorcière fixe un long moment son oncle avant d'afficher un large sourire. Si elle sait que son oncle lui ment, elle sait aussi mentir et elle feint l'ignorance volontairement. « Tout va bien, Elia ? » elle hoche la tête et sourit un peu, faussement. « Bien sûr, on mange ensemble ce soir ? » Amon se penche et lui embrasse le front en acquiesçant pour dire oui. Elia s'éloigne rapidement hors du département des mystères, elle n'aime pas cette partie du ministère, trop sombre et trop malsain à son goût. Elle se dépêche d'aller dans son bureau et prépare un hibou pour une journaliste qu'elle fréquente, le ministère a ordonné la torture du gobelin Morgol... et le rapace s'envole avec la précieuse information.