And I didn't believe them
When they called you a hurricane thunderclap
■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■

Soupirant, Rose regardait l'objet hors de portée qui se trouvait tout en haut d'une haute étagère. Se mettant sur la pointe des pieds, elle essaya tant bien que mal d'accéder à ce carton pourtant inaccessible. Le Terrier était vide, Ginny était sûrement partie voir ses enfants tandis que Ron et Hermione étaient partis au Chemin de Traverse. Rose soupira, encore. Ses iris se baladèrent un peu partout dans la pièce, elle aimait cette maison dans laquelle elle avait grandit, dans laquelle elle avait tout apprit. Un sourire vint élargir ses lèvres entrouvertes. Scorpius lui manquait, terriblement et bien que son coeur doucement semblait s'en détacher; son esprit ne semblait pas partager cette envie. Ses pensées étaient remplies par ses yeux bleus, envoûtants. Penser lui faisait du mal. Penser à lui lui faire du mal. Son sourire lui manquait, son odeur aussi, tout lui manquait. Il était rare qu'elle ne rêve pas de lui, des moments qu'ils avaient partagé, comme si ses pensées ne semblaient pas vouloir se détacher de lui. Rose ne le voulait pas. Un doux frisson la sortit de ses pensées. Sa peau était froide et douce, seule. Ses longs cheveux blonds vénitiens venaient lui caresser le bas du dos tandis que sa main droite se posa sur sa baguette. Ce bois, elle le connaissait si bien. Elle la sortit de sa poche doucement tandis qu'elle le levait en direction du carton. Rose soupira, elle n'aimait pas utiliser la magie quand il s'agissait d'actions qu'elle était tout à fait capable d'effectuer seule mais l'envie lui manquait. Pour une fois la facilité semblait l'attirer, la charmer un peu plus chaque seconde. « Accio carton. » dit-elle d'une voix parfaitement neutre et calme. Le carton bougea mais ne manqua pas de faire tomber ce qui l'entourait avec lui. Ainsi un vase vint s'écraser sur le sol ne manquant pas de couper l'avant bras de la rouquine. Un gémissement de douleur s'échappa des lèvres de la jeune Weasley tandis qu'elle vint placer son autre main sur la coupure. Du sang chaud et lourd vint couler tout le long de sa peau blanche et douce tandis que de délicates gouttes vinrent s'écraser sur le sol du Terrier. Salissant de parts et d'autres le sol en bois de tâches rouges. La douleur fut saisissante quelques secondes mais elle s'effaça doucement. La douleur n'était plus, et elle avait emporté l'autre douleur, celle causée par le manque de sa moitié. Rose ne souffrait plus. Son bras cependant semblait faiblir un peu plus alors que le liquide rougeâtre semblait de plus en plus dense.
Rose transplana.
St Mangouste. L'hôpital semblait plutôt calme ironiquement. Le silence cependant n'était plus. De multiples conversations se mêlaient alors que la rouquine ne pouvait uniquement discerner que quelques mots. Elle put entendre Harry Potter, Infidélité, et elle cru même entendre Drago. Rose tourna la tête sans vraiment savoir ce qu'elle recherchait. Enfin, non, elle le savait: Scorpius. D'une manière ou d'une autre elle aurait voulu croiser son regard, le revoir encore une fois. Rien qu'une seule fois, c'était tout ce qu'elle demandait. Une infirmière se précipita vers elle ce qui la fit sursauter. Elle semblait affolée par l'état de Rose qui elle ne paniquait pas. La douleur s'était envolée et c'était tout ce qui comptait pour elle. Sans prêter attention aux paroles de la jeune femme elle tourna les yeux vers elle, un rictus se dessina sur son visage. Rose n'aurait su dire si il était sincère ou non. « Je vais bien, je peux attendre. » ajouta-t-elle doucement. Et c'était vrai. Elle pouvait très bien attendre, elle aurait fait n'importe quoi pour attendre pourvu que la douleur ne revienne pas. La jeune Weasley fut cependant emmenée (presque de force) dans une chambre où elle se retrouvait seule. Encore. Pâle, Rose attendait patiemment tandis qu'elle tenait une compresse sur sa coupure. Le sang s'imprégnant un peu plus du tissu blanc originellement vierge, pur. La porte s'ouvrit et un courant d'air vint soulever les cheveux de Rose qui posa le regard sur la personne qui venait entrer. « Garance. » souffla-t-elle tandis qu'un sourire illumina son visage.

And i didn't believe them
when they called you a hurricane thunderclap.

La journée avait commencée sur les chapeaux de roues où l'énergie et la tension se côtoyaient sans cesse depuis le fameux jour de la manifestation soit disant pacifique des gobelins. Des créatures magiques que tu ne manquerais pas  de davantage te méfier pour la plupart d'entre eux quand bien même il y avait du bon et du mauvais un peu partout. Les couloirs d'ordinaires presque déserts à cette heure de l'après-midi était vastement occupé, les médicomages surmenés de travail et de patients, les chambres inhabituellement vides étant désormais occupés. A la suite de ce qui c'était déroulé les jours précédents tu aurais pu prendre quelques jours de repos mais le personnel manquait cruellement – surtout à cette période de l'année – mais c'était une occasion de bloquer le flot de tes pensées. Ta carrière professionnelle était presque une vocation dans l'âme, à l'image d'une ambition mais aussi d'un moyen d'occulter une existence où la famille se perd et s’essouffle. Une indépendance parfois chère payer, mais tu ne l'avais jamais entrevue de cette manière. Une maladresse pouvait arriver bien rapidement et pouvait être dangereuse par bien des façons. Une maladresse synonyme d'insouciance et qui s'apparente à un enfant à toujours le don de te rappeler combien l'enfance peut vite se perdre. Et l'imagination avec elle. La fillette allongée sur le lit te toise avec une expression faciale qui trahit sans grand doute sa peur. Une peur intérieure qui voile partiellement la douleur de son bras qui consiste l'essentiel de sa visite. A ses cotés son père lui caresse les cheveux comme pour tenter de la calmer, de l'apaiser. Résultat d'une mauvaise chute, son bras était quelque peu enflé mais rien de bien gravissime en soit. Au cours de ta jeune carrière tu en avais vu des biens pires mais à douze ans, tu sais combien cela peut être impressionnant. Tu la rassures d'une voix sincère et douce à la fois, lui permettant ainsi de se détendre et d'obtenir sa confiance. Un pas en avant lorsqu'elle hoche la tête, un pas en avant pour qu'elle te donne également le feu vert pour passer à l'étape suivante, celle de la guérison. Dans son cas, seul le breuvage peu goutteux du  repousse os aurait son effet. Deux fractures au bras gauche, la nuit allait être difficile et quelque peu douloureuse. Ton calme semblait permettre à tes patients de comprendre la situation sans trop l'appréhender. Une manière comme une autre de laisser à l'honnêteté du choix de la prise de décision. Bien évidement, tu ne laisserais pas ta jeune patiente ainsi et avec quelques infusions pour favoriser le sommeil tu espérais qu'elle passerait une nuit moins agitée. Sa figure paternelle s'empresse de te remercier avant que tu ne quittes la chambre. De nouveau tu retrouves l'effervescence du couloir où plusieurs bavardages résonnent. Des propos en relation avec le mécontentement de la prise en charge d'autres au contraire en rapport avec les événements actuels. La réalité politique ne manquerait jamais de rattraper le monde de tous les jours. Tu occultes tout cela tout en saisissant le dossier accroché à la porte de la patiente que tu viens de quitter afin d'y noter le traitement administrer. Ignorer tes pensées mais aussi tes préoccupations, ton travail te le permet et c'est un fait qui a été un sujet de discorde entre toi et James il y a encore quelques heures. Enchaîner les heures – plusieurs fois d'affilées – à raison de nombreuses fois par semaine, cela avait tendance à l'agacer. Il s'inquiétait de ton état intérieur comme tu pouvais le faire à son égard, des marques d'affections que ces derniers temps tu peinais à accepter. Pourquoi ? Tu ne préférais ne pas approfondir le sujet.  Tu secoues la tête comme pour remettre de l'ordre dans tes idées, lorsqu'une des infirmières se penche à ton oreille pour te faire part de la présence d'une Weasley dans les locaux de l’hôpital. Tu la remercies d'un sourire avant de prendre la direction du couloir où se trouvait un membre de la famille de Weasley. La seule dont tu étais le plus proche était Rose, mais que pouvait-elle bien faire ici ? Une curiosité piquée et intrigué, tu pousses la porte de la chambre pour y découvrir une chevelure rousse, une silhouette et un visage plus que coutumier. Un visage qui semble s'éveiller lorsqu'elle te voit pénétrer dans la pièce. « Garance. ». Tu la considères d'un sourire mais au delà de cela, tu as l'impression que quelque chose ne va pas. Rien avoir avec le fait d'être medicomage mais juste avec la réalité qu'elle est avant tout ta meilleure amie. Une personne en qui tu as placée ta confiance, toi qui d'ordinaire renie toute attachement. « On m'avait dit qu'un membre de ta famille était là mais je ne m'attendais pas à te … Quoi que au vue de ta blessure, comment tu t'es fait ça ? ». Tout en dialoguant, les gestes du quotidien reprennent le dessus. Tu examines la plaie où s'écoule encore un filet de sang. Rien de bien grave mais la pâleur de la jeune sorcière n'est pas seulement synonyme de son accident. Tes mains s'activent et à l'aide d'un sort tu tempères l'écoulement du liquide rouge. « Qu'est-ce qui ne pas va pas, Rose ? ». Bien que tes yeux soient attentifs à l'avant bras de ta camarade, ta voix reflète le sérieux de ton interrogation.

And I didn't believe them
When they called you a hurricane thunderclap
■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■

La douleur. Aiguë, dure, inévitable. La douleur présente, imprégnée dans son coeur. Rose n'arrivait pas à s'en débarrasser, comme imprimée sur son organe vital. Écrasant chaque veine, chaque artère, chaque cellule. Douleur si présente qu'elle devenait habituelle, presque invisible et pourtant si assidue. Rose semblait s'être habituée à cette douleur, cette douleur si présente s'étant imprégnée des souvenirs, des mouvements, de tout. Même le froid glacial de décembre ne semblait pas être suffisant pour défier ce mal prenant, dominant. Ce mal qui semblait même devenir presque agréable au fil des jours qui défilaient sous les yeux de la rouquine. Spectatrice des évènements, admiratrice du temps. Cette douleur n'était que minime après tous les évènements explosants. Elle était presque inexistante alors que tout se chamboulait sous ses yeux. Rose était encore pale à cause de ce qu'il s'était passé lors de la dernière manifestation des gobelins. La vérité avait éclaté. Vérité qui ne pouvait pas rester cachée bien longtemps. Vérité que Rose avait tant de fois renié. La rouquine avait déjà perdu confiance en son oncle et pourtant, le penser capable d'une telle monstruosité la dépassait. Comme si commettre un adultère n'avait pas été suffisant, il avait fallut qu'il l'assassine. Qu'il assassine Drago. Le père de Scorpius, le père de l'homme qu'elle n'a jamais cru, qu'elle a perdu. Rose secoua la tête à sa pensée. Ça lui faisait mal, bien trop mal. Une douleur qu'elle n'arrivait pas à dissimuler, cette fois-ci. Une douleur tellement profonde qu'elle était insupportable. Infâme. Ses yeux se posèrent sur Garance. Son visage l'apaisait; il était doux, réconfortant, familier.  « On m'avait dit qu'un membre de ta famille était là mais je ne m'attendais pas à te … Quoi que au vue de ta blessure, comment tu t'es fait ça ? » dit-elle. Rose ricana. Rire sans joie. Ses pupilles se déposèrent de nouveau sur le visage de sa meilleure amie, elle hésita quelques secondes avant de croiser son regard. Ce qu'elle finit par faire.  « Oh, tu me connais. Je ne sais même pas pourquoi je m'obstine à déplacer des objets toute seule, ça ne finit jamais bien. » un nouveau rire s'échappa de ses lèvres rosées, sincère cette fois-ci. La gaucherie de la jeune Weasley avait toujours eu le don de la mettre dans des situations délicates. Nombreuses étaient ses visites à Ste Mangouste pour telle ou telle raison. Il lui arrivait même de réussir à tomber rien qu'en marchant tant elle était maladroite. C'était peut-être pour cela que la douleur n'était pas aussi prenante que jadis, les blessures avaient été si nombreuses que, pour que Rose puisse enfin ressentir de la peine, il fallait quelque chose de plus fort. Une peine plus grande qui lui serrerait le coeur, qui lui torturerait l'esprit. Une peine qu'elle avait trouvé. « Qu'est-ce qui ne pas va pas, Rose ? » sa voix douce lui serra le coeur, ou peut-être s'agissait-il de la question à laquelle Rose n'arrivait pas à répondre; elle n'aurait su le dire. Ses iris se déposèrent sur son bras qui semblait déjà aller bien mieux. Les mouvements de Garance étaient fluides, doux, l'habitude se faisait ressentir dans chacun de ses gestes. Le regard de Rose se perdit dans le vide tandis qu'elle essayait désespérément de visualiser ce qui n'allait pas. Mais rien n'allait. Tout n'était qu'un bazar dérangé, abstrait. Elle soupira doucement et sentit l'air inonder ses poumons, gonfler sa poitrine tandis qu'un bien-être étranger se dispersa dans tout son corps. Rose se mit à jouer avec ses doigts tandis que des sourires étrangers venaient parfois habiller ses lèvres, rosir ses joues. Colorant doucement la pâleur de son visage. « Plus rien ne va. » les mots étaient sortis tout seul sans que Rose n'ait le contrôle sur quoique ce soit. Victime de ses pensées. Son ton avait été monotone, presque effrayant dans de telles conditions. Mais Rose semblait brisée, son coeur se séparant en plusieurs parties, ses idées s'égarant un peu partout. Puis ses yeux se reposèrent sur le visage de Garance. Rose sentit une douleur s'emparer de son estomac, pourquoi devrait-elle se plaindre? Elle n'était pas seule, elle pouvait toujours compter sur ceux qu'elle aimait, ceux qui restaient. « Mais tout finira bien par s'arranger, n'est-ce pas? » son ton s'était voulu optimiste et ses lèvres s'étaient élargies en un léger rictus. C'était tout ce qu'elle souhaitait Rose, que tout finisse par s'arranger.