Dernière année de scolarité, dernière année dans la cour des enfants, dernière année et il deviendra un adulte. Une décision qu'il a prise après une conversation avec lui-même. Un secret. Il imagine la réaction de son paternel, sa fureur en comprenant que son fils continuera sur son étrange lancée, sera sans réelles surprises une déception et ne poursuivra pas la moindre carrière au ministère de la magie, ou au pire dans le quidditch. Il ne sera pas une fierté, ne permettra pas au nom Goyle d'être un jour bien vu, il ne fera rien dans l'honnêteté. Seulement dans la violence et la douleur d'autrui. Björn malsain, Björn qui n'a pas peur de donner des coups, et qui n'aurait pas peur d'en prendre, si qui que ce soit osait s'en prendre à lui, ou même osait s'en prendre à Maeve sans craindre la riposte de son aîné. Björn, c'est celui qui crée la peur, avec ses poings fermés qui frappent les visages en échange de sucrerie, en échange de plaisirs sanglants et en offrant ce sourire effrayant collé sur un visage qui n'hésite jamais, qui ne connait ni les remords, ni la pitié, qui ne connait que le meilleur des plaisirs. Si ça l'intéressait, s'il y mettait du sien, il pourrait être un grand, être un batteur professionnel, se faire un nom dans le sport sorcier, puis prendre une large retraite à l'âge de trente ans, sans avoir à se fatiguer, en ayant une vie bien plaisante. Il a des rêves le petit Goyle, des rêves anormaux que personne ne comprend, que même Maeve ne pourra comprendre, il sera quelqu'un mais pas ainsi, pas comme l'imaginent ses professeurs, pas comme le souhaiterait Gregory Goyle. Björn, il sera unique, il fera peur, davantage même qu'à Poudlard, davantage même qu'en envoyant des cognards au premier qui se présente à lui. Terreur de Poudlard, terreur du monde.

Les pas silencieux de Björn semble faire ressortir le mauvais présage qu'il annonce, ses mauvaises intentions et faire trembler l'infirmerie. Il parcourt les lits, en tournant la tête, sans affecter la moindre attention à ceux qui sont blessés, aux malade, à ceux qui lui doivent leur présence dans ces lits, jusqu'à ce qu'un regard se pose sur lui, trop intensément, avec trop de colère, pendant trop longtemps. Björn le défit du regard, haussant un sourcil, il va baisser les yeux, il va gentiment baisser les yeux devant lui, ne faisant pas le poids, pas plus dans cet état que lorsqu'il est en pleine forme et Björn pourra tranquillement continuer sa route. Sauf qu'il ne les baisse pas, sauf qu'il ose ne pas cligner des yeux, comme s'il n'était pas un misérable insecte que Björn a écrasé, comme s'il pouvait se supposer le plus fort, comme si son coéquipier était son égale, comme s'il ne lui avait pas mis un sale coup, l'envoyant dans ce lit inconfortable. Avec un air lassé, un brin amusé, Björn s'avance vers lui, à de courtes enjambées. « Un problème, l'ami? » Björn le voit reculer, s'enfoncer dans son lit, tenter de s'effacer sous les draps face au regard durement amusé de Björn, qui finit par tourner les talons après avoir mis  fin aux soudaines ardeurs de courage d'un faible. Puis, il arrive jusqu'à elle, sa poupée de chiffon endormie, fragile chose avec laquelle il s'amuse, dont il se joue lorsqu'il s'ennuie. Il appuie sa main sur son épaule qu'il secoue avec douceur, presque un prince charmant, avec sa main qui serre fortement l'épaule de l'innocente, d'un geste il pourrait briser ses os. « Réveille-toi, beauté. » Ses yeux de princesse s'ouvrent, sa main ne la lâche pas. Il l'observe en détail, ses yeux parcourant ce qu'il se trouve sous les draps, imaginant les hématomes qui couvrent son corps pur, provoqué par son chevalier noir, voulant s'amuser un peu, tourmenter son jouet. L’abîmer, l'affaiblir, la détruire, son terrain de jeu.

Le corps de Thelma était allongé dans un lit de l'infirmerie alors qu'elle dormait. Son visage était la seule partie de son corps visible et il était aussi pâle que les draps sous le faible éclairage de la lune. Ses cheveux bruns étaient la seule tâche de couleur dans toute cette blancheur irréelle. Elle paraissait si pure ainsi endormie dans cet espace immaculé. Telle une princesse qui n'attendait qu'un doux baiser de son prince charmant pour la sortir de son sommeil. Mais ce n'était qu'une illusion. Il suffisait de soulever les draps pour voir que cette pureté était entachée. Sous les linges se cachait un corps meurtri, couvert d'hématomes et de petites blessures causés par sa chute de balai un peu plus tôt dans la journée. Ces marques ressortaient nettement sur sa peau laiteuse comme autant de trophées, symboles de la victoire des lois de la gravité contre elle. Au lieu de la tendre caresse de lèvres étrangères sur les siennes ce fût la secousse d'une poigne forte sur son épaule qui la tira de ses rêves agités. Pas non plus de prince charmant à son chevet rien d'autre que le responsable même de sa chute et de ses blessures. Thelma eu besoin de plusieurs secondes pour identifier celui qui venait de la réveiller, le temps que ses yeux ensommeillés s'habituent à l'obscurité qui régnait dans la pièce. Mais lorsqu'elle reconnut enfin le visage penché sur elle, toute trace de sommeil disparu de son esprit pour laisser place à la peur.

Björn Goyle. Son cauchemar personnel, son tourmenteur, son bourreau. Elle ne savait pas ce qu'elle avait fait pour mériter ça mais elle semblait être devenue la cible préférée du serpentard. Il l'avait déjà envoyé plusieurs fois à l'infirmerie avec ses cognards. Elle ne lui en aurait pas tenu rigueur, après tout c'était les dures règles de ce sport, si les agressions se limitaient au terrain de quidditch. Mais ce n'était pas le cas. Il lui arrachait son assurance et la piétinait pour transformer Thelma en créature craintive et apeurée. Elle ne répliquait presque jamais, se laissait faire avec une passivité qui ne lui ressemblait pas de peur d'empirer les choses. Parce que personne ne s'opposait à Björn Goyle et encore moins elle. Face à lui elle n'était qu'une petite souris tremblante devant les dents d'un chat. Mais la petite souris avait des rêves de grandeur et se voyait devenir tigre pour dévorer le chat.

« Goyle... » Elle cracha son nom d'une voix suintante de mépris « Tu es venu admirer ton œuvre ? »

Après tout elle portait les marques de la folie de Björn sur son corps. Sa peau de porcelaine marquait vite mais les traces ne restaient jamais bien longtemps. Ces marques s'estomperaient comme toutes les autres avant elles grâce aux bons soins de l'infirmière de Poudlard. Et il recommencerait dès que sa peau aurait retrouvé sa pureté pour apposer à nouveau sa marque sur elle. Encore et encore. Inlassablement. Elle craignait qu'un jour il applique son sceau sur sa peau laiteuse de manière permanente. Ou qu'abîmer son corps ne lui suffise plus et qu'il s'attaque à son âme. Et ça lui faisait peur. Il lui faisait peur. Elle voulait se défendre, elle devait se défendre. Mais comment pouvait-elle se défendre alors que son épaule était toujours prise dans l'étau de fer de sa main. Elle avait l'impression d'être une poupée de porcelaine dans les mains d'un enfant maladroit qui ne contrôlait pas sa force. Mais Björn n'était pas maladroit et il contrôlait sa force. S'il la brisait en mille morceaux il le ferait volontairement. La force avec laquelle il tenait son épaule était comme un rappel de sa puissance à ses yeux. Un rappel qu'elle ferait mieux de se tenir tranquille. Qu'elle n'était rien face à lui. Il la tenait trop fermement pour qu'elle puisse prendre sa baguette sur sa table de chevet et physiquement elle était bien trop faible. Elle ne savait pas se battre contrairement à lui et ses os étaient trop fragiles pour qu'elle prenne le risque de provoquer Björn sur son propre terrain. Alors il ne lui restait que les mots.

« Tu n'as rien de mieux à faire que de venir me voir en pleine nuit ? Personne d'autre à frapper ? » Ses paroles et sa voix criaient le dédain qu'il lui inspirait alors qu'elle dissimulait sa peur. Son père répétait quand elle était petite que si on était doué pour quelque chose il ne fallait jamais le faire gratuitement. Le batteur des serpentards avait dû entendre ce conseil lui aussi et il avait décidé de le prendre au pied de la lettre puisqu'il n'hésitait pas à envoyer des cognards sur ses propres coéquipiers pour quelques friandises. « Ou si tu es venu voir qui je pourrais te demander de frapper il faudrait que tu te frappes toi-même. Fort. A t'en faire péter les dents. »

Son visage pâle, ses yeux de mépris, sa soumission inavouée. « Goyle... » Une si douce mélodie d'horreur, depuis Gregory, la force supérieure, la violence dans le sang, le plaisir de faire souffrir, de mettre à genoux, de lire la peur sur les visages. Goyle, régnant dans le cour de Poudlard, plus forts, plus durs, s'élevant parmi les plus grands. Björn la brute, Maeve la peste. Goyle, synonyme de victoire, de rois et de reines, de maîtres parmi les faibles. « Tu es venu admirer ton œuvre ? » Elle est bousillée, totalement bousillée par la force de Björn, ce qui en ressort sur son humeur, clairement, qui devient mauvaise. La terreur remplacée par le mépris. Quelques coups et elle est furieuse, et elle ne s'en remet pas, et elle voudrait rendre les coups. Rêves irréalisables, Björn intouchable, elle impuissante face à son bourreau. Il la voit, il la voit porter son regard sur sa baguette, il voit en elle, elle s'imagine blessant Björn, être plus forte que lui, se libérer du grand méchant loup. Néanmoins, la prise de Goyle sur son épaule qui se fait de plus en plus forte lui rappelle son pitoyable état, lui rappelle sa place d'insecte, lui rappelle qu'il lui est supérieur, l'intimidant par le regard, son regard de monstre, son regard d'adepte de la violence. Elle n'est rien, qu'une petite chose blessée, qui ne vaut rien, qui n'a aucune chance contre lui et qui n'osera jamais le défier, pas autrement que par des mots futiles.

Il fait nuit, nuit totale et après le match, incapacité à dormir, impossible de fermer l'oeil. Loin du sommeil, ses pensées au loin, sur la journée, sur la batte empoignée entre les doigt de Björn, sur le cognard qui part, et sur elle, sur son corps frêle tombant du balai pour atterrir si lourdement contre le sol, pauvre créature assommée par les coups durs de Björn.  « Tu n'as rien de mieux à faire que de venir me voir en pleine nuit ? Personne d'autre à frapper ? » Elle a de l'audace, même allongée, blessée, souffrante, à son plus mal. Sa douleur a été endormie par l'infirmière mais si elle était maligne, elle baisserait d'un ton, elle n'encouragerait pas Björn à réveiller sa douleur, elle sait qu'il en est capable, elle sait qu'il n'est pas venu dans l'unique objectif d'avoir une conversation polie avec une poupée fragile. « Ou si tu es venu voir qui je pourrais te demander de frapper il faudrait que tu te frappes toi-même. Fort. A t'en faire péter les dents. » Björn rapproche son visage de celui de la petite Thelma, il jauge la stupide enfant, veut lire la peur dans ses yeux, il veut sentir son corps trembler. « Ce n'est pas très gentil de parler comme ça, surtout à quelqu'un qui est plus fort que soit, tu ne crois pas? » Il recule son visage de celui de Thelma, pour poser de nouveau son regard sur les draps propres, désirant découvrir ce qu'il se trouve en-dessous, afin d'admirer son oeuvre, d'admirer le corps brisé dont la vue le satisferait. Il la voit encore s'écraser contre le sol, hurler dans sa chute. « Tu permets? » Le sourire du diable, ses dents blanches, ses yeux et ses pensées empoisonnés se baladant sur le corps frêle de Thelma. Il relève les draps, il pose son regard avide sur son corps en piètre état, sur ses bras, sur ses jambes qui ont changés de teintes; devenues bleues, vertes, violettes, les marques de Björn sur son jouet favori. Amusement, plaisir, excitation. Björn n'a pas fini de jouer. « Ca fait mal? » Il s'est assis à côté d'elle, au bord du lit, avec son air sournois. Tandis qu'une main serre toujours l'épaule, jusqu'à la mettre en miette, comme un avertissement silencieux, un avertissement de ne pas bouger, un avertissement de ne même pas penser à essayer de se défendre; son autre main se pose presque avec délicatesse sur l'estomac de Thelma, le poing fermé, appuyant dessus avec de plus en plus de force, pour tester sa douleur, pour tester la puissance de son coup, pour l'entendre manifester une douleur par un gémissement.

A l'instant même où Björn se pencha vers elle, le peu de courage que Thelma avait réussi à rassembler partit en fumée. Il avait raison en disant qu'il était plus fort qu'elle. La serdaigle n'était pas une combattante. Sa peau était fine et ses os fragiles mais le serpentard était une muraille de chair et de sang qui frappait les gens pour le plaisir et quelques confiseries. Elle elle n'était pas habile avec ses poings et sans sa baguette ses seules armes étaient les mots. Mince rempart contre les coups d'un fou assoiffé de violence comme l'aîné des Goyle. Elle ne faisait pas le poids face à lui. Elle ne l'avait jamais fait et ce n'était certainement pas maintenant qu'elle était blessée qu'elle le ferait. Son regard, son attitude, la force de sa main sur son épaule lui rappelaient qu'elle n'était rien par rapport à lui. Juste une proie entre les griffes du grand méchant loup. Un simple fétu de paille qu'il pouvait briser entre ses doigts si l'envie lui en prenait.

Elle haïssait ça. Elle haïssait cette sensation d'impuissance, cette impression de faiblesse. Autant qu'elle le méprisait pour ce qu'il faisait et ce qu'il était. Alors elle lutait ce soir dans la faible mesure de ses moyens pour ne pas le laisser la briser. Elle essaya de retenir les draps entre ses doigts déliés en faisant secouant la tête dans un signe de négation affolé. Mais il était fort, trop fort pour qu'elle puisse lui tenir tête et les draps lui échappèrent des mains, révélant son corps pâle marqué par la chute. Elle n'avait pas besoin de baisser les yeux pour se représenter les hématomes sur son corps, témoignage de sa dure rencontre avec le sol. Elle revoyait encore le cognard qu'elle n'avait pas pu éviter lui foncer dessus à toute allure, elle sentait encore le choc contre son bras qui lui avait fait perdre l'équilibre, elle entendait encore son cri jusqu'à ce qu'elle touche le sol et que tout devienne noir. Elle n'avait repris conscience qu'à l'infirmerie. Elle savait que ces souvenirs la poursuivrait dans ses cauchemars pendant plusieurs semaines, avant que la nouvelle lubie de Björn les emporte pour quelque chose de pire. Si la violence était en art alors Björn était sans conteste un artiste et le corps de la jeune fille la partition sur laquelle il écrivait sa mélodie brutale. Et comme une musique dont on n'est jamais satisfait il la réécrivait encore et encore sur la même partition usée.

Alors qu'il regardait les marques qui noircissaient son corps ce sadique arrogant osa lui demander si ça faisait mal. Prenait-il autant de plaisir que ça à savoir que les autres souffraient par sa faute que voir leur corps arborer les traces de sa violence ne lui suffisait pas ? Une réplique brûlante lui monta aux lèvres mais fût rapidement étouffée alors qu'une main appuyait sur son estomac. De plus en plus fort, de plus en plus douloureusement. Elle le foudroya du regard malgré son visage qui se tordait en une grimace de souffrance. Elle ne voulait pas céder, elle ne voulait pas lui donner ce qu'il voulait à savoir la preuve de sa douleur mais elle ne pouvait pas faire autrement. Le bras qui n'était pas retenu par la poigne douloureuse du serpentard s'avança et elle agrippa son poignet en enfonçant ses ongles dans sa peau dans une vaine tentative de diminuer la pression sur son ventre alors que ses lèvres laissait échapper un gémissement de douleur.

« Laisse moi te lancer un cognard pour te faire faire une chute de dix mètres comme ça tu pourras voir par toi même si ça fait mal ! » Elle n'avait rien perdu de sa verve malgré la douleur mais cet élan ne dura pas longtemps. Elle détourna le regard avec un nouveau gémissement de douleur et elle relâcha la pression de ses ongles, renonçant à lutter. Elle n'était pas de taille à s'opposer à l'aîné des Goyle. Pas sans sa baguette. Et lutter contre lui ne lui vaudrait que plus de mal encore si elle ne calmait pas définitivement ses envies de violence à son égard. Alors elle lâcha son poignet en serrant les dents sous l'élancement dans son ventre et elle parla d'une voix lasse qui trahissait sa douleur. Elle renonçait à lutter pour le moment. « Qu'est-ce que tu veux Goyle ? Me voler mes friandises ? Sers toi. » Elle désigna vaguement la table de chevet de sa main, toujours sans le regarder.

Thelma n'est pas la plus amusante des victimes, elle ne geint pas, elle ne pleure pas. Elle arrive à garder la tête haute, aussi haute que le lui permet son état alors que Björn se montre - en tout - plus fort qu'elle. L'insecte contre la chaussure, comme si l'insecte pouvait faire le poids contre la chaussure, comme si l'insecte pouvait subsister après avoir été écrasé par la chaussure. C'est peut-être ce qui a attiré Björn à l'infirmerie, jusqu'à Thelma. Peut-être trouve-t-il quelque chose de plaisant à sa bataille sans espoir, à son acharnement à ne jamais cesser le combat contre le bourreau, à ne pas accepter la défaite. Il se sent habité par la colère de Thelma, le poussant dans ses retranchements les plus tordus, l'amusant plus que le contrariant. Il voit son visage crispé, il l'entend gémir, il comprend la douleur qu'il est capable de procurer chez elle. Ses ongles, ses ongles qui tentent de s'enfoncer dans le poignet de Björn, dans sa peau dure de monstre sans âme, ses ongles qui tentent de faire un quelconque mal à Björn en échange de la douleur réelle qui transporte le corps de Thelma. « T'es mignonne quand tu t’énerves. » Soudainement, elle gagne l'apparence d'une petite fille qui lutte contre un adulte la punissant. Elle n'est pas de taille, absolument pas de taille. « Laisse moi te lancer un cognard pour te faire faire une chute de dix mètres comme ça tu pourras voir par toi même si ça fait mal ! » Il imagine cette utopie, il imagine la petite Thelma Bulstrode armée d'une batte et dirigeant un brutal cognard sur le costaud Björn Goyle. Scène impossible, un rêve pour elle. « Je te laisse me montrer ça au prochain match. » Si elle arrive à tenir sur un balai d'ici là. Si elle trouve la force de croiser son regard d'ici là. Si sa haine envers lui arrive à l’élever en supérieure.

Cette baguette, cette baguette sur la table à chevet qui ne demande qu'à être utilisé, cette baguette que Thelma ne demande qu'à utiliser contre lui. Lassée d'être pliée en quatre par le serpentard, elle ferait n'importe quoi pour pouvoir s'emparer de sa baguette et la retourner contre lui. Elle lui montrerait ce qu'elle voudrait lui infliger en retour, elle lui montrerait qu'elle peut être forte, que malgré les apparences, elle peut s'opposer à lui. La question de la possibilité d'une victoire semble rester en suspens. Ses chances sont minces, même avec une baguette. Björn n'a pas appris qu'à se servir de ses poings, il sait user de la magie, comme n'importe quel sorcier et pourrait y avoir recours contre Thelma, sans ressentir trop de remords, pas plus de remords que ce qu'il en a à lui envoyer un cognard. « Qu'est-ce que tu veux Goyle ? Me voler mes friandises ? Sers toi. » Les friandises n'est pas l'intérêt que Björn cherche à Thelma, seulement le plaisir de lui faire mal, d'admirer la douleur et la haine dans ses yeux, il ne lui demande rien de plus. Il attrape la baguette de Thelma de ses doigts agiles, lâchant l'emprise qu'il maintenait sur son épaule fragile. « C'est ça que tu veux? » L'esprit de Björn est tordu, complètement tordu. Une partie de lui doit bien en avoir conscience, à moins que non. Rien explique sa psychologie, aucun événement ne peu l'expliquer. Il semble avoir toujours eu un talent pour faire des démonstrations de force, un talent qui a été développé à des fins utiles. « Tiens. » Il glisse la baguette entre les doigts fragilisés de Thelma. La vengeance est à portée de main, un petit sortilège bien placé et elle peut rendre la pareil à Björn. « Je t'en prie, amuse-toi. » Il se demande si elle en serait capable, si elle peut trouver le courage de blesser Björn à son tour, d'échanger les places, de prendre un statut autre que celui d'insecte. « Par contre, j'espère que tu n'as pas peur de devoir ramper jusqu'à ton lit. » Par contre, tu ne seras plus capable de bouger le moindre orteil. Menace, jeu pervers.