Björn est respecté, crée la peur et personne n'oserait le tromper, sous peine de courir le risque de connaitre la mort d'un peu trop près. Personne ne se fout de Goyle, personne ne se permet de le prendre pour un abruti et de croire que quoique ce soit peut être géré dans un autre sens que le sien. A genoux ou à terre, aucun autre état n'est possible face à Björn. Il sait comment gérer le conflits, il sait comment y mettre un terme, alors personne n'ose discuter, personne n'ose se mettre en travers de son chemin, personne n'ose se jouer de lui, ils ont compris la règle du jeu, de son jeu. Pour certains, une piqûre de rappel semble être de mise. Pourtant, la journée avait si bien commencé, une affaire dès le matin. « Celui-là doit seulement être effrayé... » Björn hoche la tête, presque professionnel. Ce genre de proposition, c'est du rapide. « mais violemment, amuse-toi. » Un sourire ponctuant le visage du mercenaire, puis ensuite, l'homme disparaît, elle aussi, elle n'est plus là, elle a disparu, partie en fumée.

Björn n'est pas un paranoïaque, une âme sensible qui se fait du soucis pour le bien-être d'autrui, mais il n'aime pas particulièrement être abandonné, être laissé de côté, être rejeté, être trompé, par personne, et encore moins par elle. Ennemis, clients, partenaires, du pareil au même, personne ne s'amuse avec Björn, c'est lui qui s'amuse avec eux. Il la voit, avec sa crinière blonde, avec son air de fille parfaite jouant avec l'imperfection, jouant avec Björn, croyant qu'elle peut tout se permettre, croyant qu'il n'osera jamais lever la main sur elle. « Bonjour, Alyce. »  Ce sourire n'annonce jamais rien de bon, pour son destinataire, pas pour Björn. Ses doigts saisissent la gorge d'Alyce et soulève doucement son corps au-dessus du sol. La douleur, la surprise, une forme de panique dans ses yeux, un pur plaisir de la vie. « Je te fais mal peut-être? » Elle est légère, une petite plume, elle serait si simple à tuer, pour lui, pour n'importe quel homme de la corpulence de Björn. Elle ne semble pas le comprendre mais un geste, et elle est morte. « Tu essaies de parler? Désolé, je ne comprends pas. » Il est au bord de l'hilarité, c'est son dû, elle l'a cherché, personne ne cherche Björn, pas sans devoir en payer les conséquences, elle n'a aucune raison de se croire exceptionnelle, différente des autres victimes de Björn. Son regard glisse sur le bras d'Alyce, un bras qui ne demande qu'à se défendre, qu'à répondre avec force à la violence de Björn. « Je te jure que si tu touches à ton petit couteau, je te laisserai ramper jusqu'à Saint-Mangouste. » Finalement, il la lâche, presque avec douceur, en la posant, à partir de la plante de ses pieds, sur la terre ferme. Ca doit être soulageant, la fin de cette douleur, le retour à une respiration supportable, il peut imaginer, Björn contrôle totalement sa force, rien n'est laissé au hasard, il sait comment faire mal, il sait comment tuer, c'est un domaine dans lequel il expertise. « Je peux savoir quelles conneries tu faisais, cette fois-ci? » Il la dispute, comme une petite fille, il a une responsabilité envers elle, comme un père pour son enfant, il sait qu'elle chutera s'il ne garde pas un oeil sur elle, comme une enfant qui tombe douloureusement de son balai mais sa chute serait bien pire sans lui.

–  follow me into the jungle –

björn & alyce

Ses pas foulent les pavés crasseux des sombres ruelles tandis que des voix criardes lui chatouillent ses tympans. Elle dépasse les enseignes délavées des boutiques alentours. Des échoppes comme à l’abandon. Ça suinte l’humidité, l’alcool et le sale. Alyce, elle ferait presque tâche mais elle se fond également bien dans le décor à force d’y avoir mis les pieds. Ici demeurent les reclus de la société, la vermine, les exclus pour délit de sale gueule ; ceux que l’on redoute, ceux que l’on oublie. Avec des femmes de joie d’une élégance discutable pour divertissement. Entre ses fines phalanges, tourne une clope tout juste entamée. Latte bienfaitrice après un bon deal. Elle l’observe se consumer avant de finalement l’écraser au sol. La blonde ne désire pas trainer plus que nécessaire dans ces lieux malfamés. Sa pupille se fige pourtant au loin, place de la guillotine. Ça pue la mort et ça ne manque pas d’attirer son attention, à chaque fois. Il y a ce quelque chose de prenant qui lui remue les intestins. « Bonjour, Alyce. » Elle réprime un sursaut de surprise lorsqu’elle reconnait la voix. Alors qu'elle fait volte-face, elle se retrouve aussitôt soulevée de terre, sa bouche s’entrouvrant pour trouver l’air vital, en vain. Ses sourcils se froncent sur ses prunelles interloquées, paniquées. Il l'a prise par surprise, elle ne comprend pas. Sa main rejoint sa main à lui, enroulée autour de son cou délicat. Elle y plante ses ongles quand elle sent ses poumons hurler la mort.  « Je te fais mal peut-être? » Les orbites vissées sur les siennes, elle y déchiffre tout le plaisir malsain qu’il prend à ce petit jeu. La commissure de ses lèvres se soulève en un sourire sournois. Elle veut lui crier toute sa rage mais pas même un mince filet d’air ne s’échappe. De l’air, elle en manque, son corps se contracte, incapable d'exprimer son haut le cœur et les convulsions qu'il désire étaler. « Tu essaies de parler? Désolé, je ne comprends pas. ». L’esprit fier veut résister mais le corps ne suit pas. Vulgaire pantin désarticulé. Elle a l’air chétive par sa faute. Elle suffoque. « Je te jure que si tu touches à ton petit couteau, je te laisserai ramper jusqu'à Sainte-Mangouste. » La course de ses longs doigts osseux vers l’arme qu’elle ne quitte jamais s’interrompt aussi sec malgré l'instinct de survie. Elle le sait, ses menaces ne sont pas à prendre à la légère. Et puis, au fond, elle préfèrerait mourir de ses mains plutôt qu'aux griffes d'un pervers sociopathe. Alors que le point critique de non-retour semble s’approcher dangereusement ; il la repose délicatement au sol. Immédiatement pliée en deux, elle inspire bruyamment une grande bouffée salvatrice alors que la pulpe de ses doigts vient masser sa gorge douloureuse. Ce mépris au coin de l’œil et ce dégoût au bord des lèvres, elle se redresse aussitôt et abat ses poings sur le torse de Björn. Plus pour exprimer sa fureur que pour lui faire mal car il ne cille pas sous ses coups. L'arme de guerre face à l'intrépide qui lutte à contre courant. Combat inégal. « Putain Goyle !! » elle aboie, puis recule de quelques pas pour respirer un air moins empoisonné par sa présence, pour s'extirper ne serait-ce que quelques secondes de son emprise. Et aussi parce qu’elle redoute un nouvel assaut de sa part. Les doigts agrippés à sa baguette, Alyce reprend une certaine contenance, profondément attachée à sa fierté. Non, elle ne lui montrera pas qu'il l'a ébranlée plus que cela n'est visible; elle ne lui fera pas ce plaisir supplémentaire. Hors de question.

« Je peux savoir quelles conneries tu faisais, cette fois-ci? » Le voile se lève alors sur toute cette démonstration de virilité exacerbée. Bien sûr. Ce n'est pas la première fois qu'elle gère son business sans qu'il ne l'escorte ou ne veille à sa sécurité, tapis dans l'ombre. Elle est persuadée qu'elle n'a pas besoin de lui Alyce. Elle n'est pas l'enfant qu'il se plait à réprimander. Non. Elle ignore sa question et se terre dans un mutisme, de peur que sa voix ne se brise, éraillée par son attaque. S'humectant les lèvres, elle lève sa baguette dans sa direction et d'un ton assuré, elle reprend: « Ne t’avises plus de me toucher espèce de connard arrogant ! » Elle connait le mercenaire, la soif de violence qui l'habite et suinte par tous ses pores mais il ne peut pas la traiter de la sorte, elle le refuse. « Tu n’as aucun droit pour me traiter comme ta chose obéissant au doigt et à l’œil Björn. Vas-y fais-moi mal mais tu ne m'empêcheras pas de diriger mon commerce comme je l'entends. » La baguette toujours dirigée vers son acolyte, Alyce tait toutes les interrogations qui lui viennent à l'esprit: comment l'a-t-il retrouvée, comment a-t-il su ? Le menton bien haut, elle lui fait face, toujours sidérée qu'il ait levé la main sur elle. Inconsciente ? Sûrement un peu aussi.

Un être doté d'humanité se demanderait ce qui cloche chez Björn, pour avoir ce puissant besoin de violence, jusqu'à s'en prendre à une blonde chétive. Sans être bombée, la place de la guillotine n'est pas vide et personne ne s’interroge sur la raison qui peut entraîner un jeune homme plein d'élégance à s'en prendre à une jeune fille, ne méritant sans doute pas d'être soulevée au-dessus du sol avec autant de brutalité. Mais dans ces rues sombres, personne ne se pose de questions, Björn porte une réputation d'une brute sans scrupules contre laquelle personne n'ira s'interposer, encore moins entre lui et ce qui semblerait être une victime, le souhait d'un client. Il la regarde se débattre, donner des coups contre son torse fort, avec toute l’énergie qu'elle peut recueillir, c'est-à-dire peu. Ca ne lui fait rien, aucune douleur, peut-être des chatouilles, elle est une poupée de porcelaine qui se bat contre un gorille. La chance n'est pas de son côté. Björn n'aurait aucun mal à la tordre en deux, vraiment aucun mal. Il vaut mieux pour elle qu'il n'en exprime pas le désir. « Je peux savoir ce que tu essaies de faire? » Il n'y a rien d'amusant à être humiliée, rabaissée plus bas que terre. Björn sait s'y prendre, sait faire mal là où le bas blesse, sait ramener ses proies à leur état d'origine d'insectes. Il la regarde reprendre son souffle, réapprendre à respirer. Ca le ferait presque marrer, si elle n'en serait pas arrivée là à force de vouloir se croire forte, ce qu'elle n'est pas. Björn n'y voit aucun inconvénient, il joue mieux en cavalier seul mais l’expérience aurait dû lui apprendre qu'elle n'est pas aussi solide que ce qu'elle voudrait bien le croire.

« Putain Goyle !! » Il la regarde se plier en deux, en haussant les sourcils, perplexe. Ca ne lui arrive donc jamais de ne pas faire la victime. Toujours à se plaindre Il estime n'avoir rien fait de si terrible, il lui a même permis de se retrouver au-dessus du sol sans devoir faire l'usage d'un balai. Elle devrait le remercier. Toutes les jeunes filles se promenant dans des allées sombres n'ont pas quelqu'un pour veiller sur elles. Sauf que, lui, il estime que sa mission n'est pas d'éviter qu'Alyce se fasse tuer, il a déjà une soeur pour jouer au héros, son devoir est seulement de l'accompagner dans le périple d'une vie de danger et de ténèbres, pas de la sauver. Il ne le fera pas éternellement, il finira par la laisser se faire tuer. « Ne t’avises plus de me toucher espèce de connard arrogant ! » Cette fois-ci, il se marre. La colère d'une femme. Petite chose fragile. Pas qu'elle aille trop loin, de trop nombreux termes péjoratifs existent pour décrire Björn Goyle mais il est rare de les entendre sortir d'une bouche, en particulier de celle d'une personne qu'il vient de blesser. Il faut faire preuve de prudence avec lui, Alyce devrait le savoir, plus que quiconque d'autres mais elle préfère cracher sa frustration face à la supériorité de son partenaire. « Excuse-moi, la princesse a peut-être besoin d'un massage pour oublier l'agressivité du connard arrogant? » Sarcastique, moqueur, irrespectueux. Qu'elle arrête de se plaindre. Certes, lui bondir dessus et l'agripper par la gorge n'était pas le geste le plus doux qu'il soit mais lui fausser compagnie n'était pas un comportement à adopter. Personne ne peut se permettre de se juger plus malin que lui car personne ne l'est. « Arrête de faire l'enfant, si j'avais vraiment voulu te faire mal, crois-moi, tu l'aurais ressenti plus que ça. » Elle l'a vu en action, elle a vu la nécessite de violence et de mort dans les yeux de Björn, elle l'a vu dans son état le plus bestial, elle l'a vu pris par une folie meurtrière. En se servant de sa tête, elle pourrait comprendre que ce n'était rien, qu'il l'a à peine touché, qu'elle n'a rien vécu d'horrible, qu'il aurait pu la faire saigner, la mettre à genoux, lui faire souhaiter la mort, lui faire connaitre la mort.  « Tu n’as aucun droit pour me traiter comme ta chose obéissant au doigt et à l’œil Björn. Vas-y fais-moi mal mais tu ne m'empêcheras pas de diriger mon commerce comme je l'entends. » Björn a tous les droits, l'interdiction de s'en prendre à Alyce n'existe que dans les rêves de cette dernière. Il regarde la baguette tendue vers lui avec mépris. Il ose espérer qu'elle n'a pas l'intention de s'en servir, pas contre lui. Avec elle ou n'importe qui, il ne fait pas dans la dentelle, dans la douceur, dans la gentillesse, dans la compréhension. Il se fiche de l'avoir fait souffrir, d'avoir blessé son ego, il se fiche de l'avoir mise de sale humeur, elle l'a mérité. Elle imaginait que le lien qui les unissait l'empêchait de s'en prendre à elle en toute circonstance. Ce n'est pas en le menaçant avec sa baguette qu'elle risque d'améliorer son cas. « Allez, t'as fini de faire ta gamine? J'ai du travail, on bouge. » Sauf qu'elle ne bouge pas, sauf que sa baguette est toujours pointée en la direction de Björn, qui commence à se sentir lassé et impatient par le comportement de la dealeuse. C'est Björn qui l'a faite sortir de Poudlard plus tôt que prévu, c'est Björn qui l'a emmenée dans son sombre univers, c'est Björn qui l'a crée. Elle est son oeuvre, elle n'a pas à riposter face à lui. Il se rapproche d'elle, un rictus au lèvre jusqu'à ce que la baguette de la demoiselle touche son torse. « Qu'est-ce que tu veux? Te venger? Ne te gène pas mais j'espère pour toi que je ne serais plus capable de me lever.  » Il attend patiemment, s'amusant presque. Il ignore si elle en sera capable, si elle aura l'audace de retourner sa baguette contre lui, contre son grand créateur, contre le monstre, contre lui qui est plus fort et pourrait briser ses os sans la moindre difficulté.