visite nocturne

un sourire illumine nos vies.

Une nouvelle journée se termine et tandis que la plupart des personnes rentrent chez elles, Samaël détale les rues chevauchant Bernard, son skate-board. Ce soir Bernard était triste, triste d’être séparé de Rufus mais les deux amoureux se retrouveraient bientôt. Samaël en tant que sorcier aurait pu transplaner directement à l’hôpital mais il aimait trop la sensation de liberté qu’il ressentait sur son skate pour se priver de toute occasion de le faire. Et puis l’avantage, c’est que Ste Mangouste se trouvant en plein cœur de Londres, Samaël ne détonnait pas dans le paysage. Sur son skate, Samaël retrouvait quelques sensations familières à celles qu’il éprouvait quand il était sur son balai. Certes, il ne quittait pas le sol mais ce n’était pas important. La vitesse, elle restait. Sam arriva devant la vitrine, comme à chaque fois il se plaça devant Cindy – c’est comme cela qu’il avait renommé le mannequin à qui il demandait la permission de rentrer – et lui fit son beau discours. Elle le laissa rentrer et c’est skate sous la main que Samaël s’aventura dans les couloirs de l’hôpital qui était comme d’habitude en effervescence. Il se dirigea vers les vestiaires des stagiaires où il ressortit quelques minutes en tenue de combat. Il était beau avec son uniforme de stagiaire – il l’était sans aussi… dans tous les sens du terme –. Puis il s’occupa de rejoindre le médicomage auquel il était rattaché pour la soirée.

Bien que son (futur) métier le passionnait, le jeune homme ne disait jamais non à une occasion de pause.  Et il ne disait jamais non à une occasion de manger par ailleurs. C’est donc vers la cafétéria qu’il s’arrêta acheter deux pommes. Ce qui était relativement sain ce qui n’était pas forcément son fort mais quand il était à Ste Mangouste, il devait donner l’exemple. Non et surtout il était plus difficile de trouver des cochonneries qu’on ne pourrait le croire. Néanmoins ce qui étonnait aussi était les deux pommes. Pourquoi deux ? Pas qu’il ne soit incapable de les manger toutes deux mais une suffisait amplement avant la prochaine pause goûter. C’est juste que Samaël avait décidé de rendre une petite visite à son amie Morgause qui pourrait très certainement dormir. Mais Samaël avait une pomme ce qui saurait la remplir de joie… et son sourire ravageur ferait le reste. Le jeune Scrimgeour se faufila donc jusqu’à sa chambre sans se faire repérer, si on le surprenait avec une patiente à cette heure, il ne donnait pas cher de sa peau. Il toqua doucement dans la chambre de la jeune femme et rentra. Il s’aperçut qu’elle ne dormait pas. « Bonsoir divine créature. » Il appuya sa parole d’un sourire à faire damner un ange. « Tu sais que tu devrais dormir à cette heure-là ? Ils ne s’occupent pas très bien de toi ici. » Il s’avança et s’assit sur le bord de son lit. « Mais heureusement pour toi, je suis là avec une petite surprise. Tiens. » Il lui tendit la pomme avant de croquer dans la sienne. « Comment tu te sens ? »

visite nocturne

/the earth laughs in flowers.

Les insomnies se changent en rêves éveillés. A l’instar d’un murmure, à l’instar d’une caresse, ils viennent enlacer l’être somnolant. Un frisson de créativité vient agiter les pupilles avides ; des couleurs chimériques s’éclatent sur la toile de la nuit, vivaces, elles se changent en vagues et cognent les têtes humaines des lions arc-en-ciel qui désormais s’élancent sur les plaines étoilées. Au bout d’un moment, d’un long moment au creux du silence qui épouse la muraille Sainte Mangouste, elle finit par percevoir les bruits de la ville : sourds, lointains, tous lui murmurent à l’oreille, une mélodie saccadée de multiples fausses notes : une porte qui claque, un train qui ronronne, prêt à s’élancer au fond des ténèbres, des sorciers tantôt râleurs, tantôt racoleurs. Sur le dos, Morgause se veut amorphe, et néanmoins, elle sent dans les veines toute l’énergie des jours manqués, toute la force de l’épuisement. Elle regarde les lions à tête humaine, fantasme un océan, un océan perdu dans un monde sans lumière, où, elle pourrait, faire fusion avec le sommeil sur un sable humide et tendre. Elle imagine les songes des gens endormis : délirants, absurdes, rassurants. Gamine envieuse, elle veut, elle aussi, se délecter de rêveries innocentes ; ne craindre que les cauchemars et les monstres sous son lit. Mais la fillette est maudite, les paupières se ferment, et les mirages les déchirent ; deux yeux sombrent, et le troisième s’éveille. « Bonsoir divine créature. » Un sursaut, puis un sourire. Le visiteur prend place, s’étale, les canines visibles, la rétine qui scintille, il est une lueur dans l’obscurité, un éclat de rire dans un sanglot. « Tu sais que tu devrais dormir à cette heure-là ? Ils ne s’occupent pas très bien de toi ici. » Qu’il se rassure, tous les ils s’occupent bien d’elle : tous les matins, tous les soirs, ils la bordent, la dorlotent comme une enfant. « J’ai bien assez dormi pour toute une vie. » Elle s’essaie à l’humour, mais les frasques se veulent lugubre, alors elle tente un rictus, pour faire comprendre à Samaël, prince des rires, qu’elle aussi sait glousser. Le bonhomme lui tend une pomme, pas verte, pas jaune. « Merci. » Les dents arrachent la peau rouge tandis que se faufilent sous sa langue le sucre et l’acide du fruit. « Beaucoup mieux. » Elle ne ment pas, elle est sincère, un mois qu’elle traine sa carcasse à l’hôpital, un mois qu’elle réapprend à vivre ; les jambes ne lui fond plus mal, elle peut marcher sans appréhender la chute. Oui, le corps va mieux. « Et toi ? Jouer les apprentis guérisseurs t'as plu ? » Quelle étrangeté que de le voir ainsi, il s’est fait homme tandis qu’elle reste môme. Poudlard est bien loin sur la frise du temps, mais pourtant les souvenirs demeurent frais, si proche, qu'elle pourrait toucher le passé du bout de ses doigts. « Dis-moi, Rufus est avec toi ? »