« Je ne veux pas y aller maman » « Allons Bella, tu n'es plus une petite fille » « S'il te plait ! Laisse-moi rester avec toi ! » « Montes dans le train Bella, tu me reverras bien assez vite et ton père nous ferais une syncope s'il te trouvait à la maison ce soir » Le sourire de ta mère est doux mais derrière son apparente malice, tu perçois bien qu'elle ne rigole pas, du moins pas avec cela, pas avec ta scolarité. Tu n'en es pas encore consciente alors mais tes parents ont mis de côté leurs rêves respectifs pour t'élever, plus tard tu comprendras, tu leur en seras même infiniment reconnaissante, mais pour le moment un instinct protecteur t'étreins et te pousse à vouloir demeurer sur le quai auprès de ta mère alors que tous tes amis te font signe du train de vite grimper à son bord avant qu'il ne mette les voile sans toi. « Qu'est-ce que tu attends Reed ! Je ne veux pas que tu te blesses en grimpant au dernier moment dans le train ! J'aimerais bien qu'on remporte le match contre Serdaigle la semaine prochaine et pour ça j'ai besoin de toi entière ! » Ta mère profite de la diversion pour porter ta valise jusqu'au sommet des marches menant à bord du train et alors que tu te précipites pour la récupérer, le train s'ébranle. Tu as toujours été casse-cou, mais jamais désobéissante et tu lis dans le regard de Sibylle Reed que tu es en passe de franchir la limite invisible. Alors, tu ravales ton désarroi et rentre à l'intérieur du wagon. Le temps de trouver un compartiment libre et de te pencher à la fenêtre, le quai n'est déjà plus en veu. Tu n'as même pas eu l'occasion de dire au revoir.
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« Miss Reed, Venez avec moi je vous prie » Tu sens une trentaine de regard se poser sur toi sans comprendre ce qu'il se passe. Le regard d'habitude brillant de la directrice des poufsouffles est aujourd'hui étonnamment terne. Confiant le rat que tu tenais entre tes mains à ta camarade tu quittes le cours de métamorphose, ton sac sur l'épaule, en te demandant ce qui peut justifier que l'on vienne te chercher jusque dans ta salle de classe. La peur t'assailles quand tu reconnais le couloir que vous prenez comme celui menant au bureau du professeur Flitwick, directeur de l'école de sorcellerie depuis le décès du professeur McGonagall. La pression redescend lorsque vous tourner finalement dans un couloir et entrez dans le petit bureau dédié au directeur de la maison des blaireaux de sable et d'or. « Je ne comprends pas, professeur, que se passe-t-il ? » La directrice s'assoit, visiblement mal en point et ne consent à parler qu'après avoir pris une longue bouffé d'air. « Je suppose qu'il est inutile de tourner autour du pot … Asseyez-vous Miss Reed. S'il vous plait. » Tu t'assois l'air hagard qui ne t'as pas quitté depuis que vous êtes sorti de la salle de classe te tiens toujours compagnie mais s'évapore bien vite pour laisser place au masque de la plus profonde affliction lorsque ton interlocutrice consent à reprendre la parole. « Miss Reed, je suis désolée, c'est votre mère … Un terrible accident … » C'est comme si la scène se dédoublait alors sous tes yeux, comme si ton âme avait quitté ton corps tu observais désormais la scène de l'extérieur quand ton enveloppe corporelle ouvrit la bouche, tu ne reconnais même plus ta voix « Comment va-t-elle ? » En ton for intérieur, tu sais qu'elle t'a quitté, que la mort te l'a fauché mais tu veux l'entendre, tu dois prendre conscience de la manière la plus terrible. « Je suis navrée Miss Reed, elle nous a quittés. Votre père vous attends à Ste-Mangouste, nous vous avons préparé un portoloin … »

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Quand tu essayes de te rappeler comment tu es arrivé jusqu'ici, sur ce moelleux lit d'hôpital, les derniers mots qui te reviennes sans cesse sont les maudits « nous vous avons préparé un portoloin ». Tu es plus ou moins consciente que bien des mois se sont écoulés entre cette phrase et ton internement à Ste-Mangouste mais tu ne te souviens encore de rien, percevant uniquement l'écho de regards inquiets sur ta personne et des vociférations désormais dénués de tout son du capitaine de l'équipe de Quidditch de ta maison à l'annonce de ta démission. A vrai dire, tu ne sais même pas combien de temps s'est exactement passé depuis que tu es ici, tu vis au son du tic tac régulier de la petite horloge posée sur la table de chevet. Ce tic tac assourdissant que tu avais voulu arrêté comme tu aurais voulu arrêter la vie. La rage au ventre tu avais tenté de t'emparer du trublion pour le lancer à l'autre bout de la pièce mais ton bras, alors mû d'une volonté propre semble-t-il, avait refusé de t'obéir. C'est dans un sommeil comateux que tu l'en avais remercié quand tu avais cru entendre la voix de ton père affirmer au médicomage que l'horloge miniature appartenait à ta mère. Ton père, il était le seul à parfois réussir à te sortir de ta torpeur, c'est sa voix qui t'avais convaincu de continuer alors que tout semblait à jamais perdu. Tu t'étais alors détestée d'avoir penser à l'abandonner lui qui venait déjà de perdre l'amour de sa vie. Ta gorge s'assèche quand tu repenses à la lâcheté qui s'était alors emparée de toi. Tu tends la main, tentant vainement de t'emparer d'un verre d'eau avant de te souvenir que le médicomage a déposé la carafe à l'autre bout de la chambre, sans aucun doute une manœuvre pour t'obliger à quitter la prison confortable qu'est devenu ton lit. Alors que tes jambes te portent difficilement jusqu'à la table disposée à l'opposé de la pièce, tu perçois un mouvement sur ta gauche. Verre d'eau en main tu te tournes vers la porte percée d'une fenêtre circulaire comme les hublots des bateaux moldus. Tu t'attends à y rencontrer une autre âme damnée que la vie a éprouvé sans distribuer d'avertissement préalable mais ce n'est que le sorcier médecin qui s'occupe de toi depuis le début. Il te désigne d'un signe de tête le verre d'eau que tu serres à la main, ton regard se pose dessus un instant avant de se reporter sur l'homme derrière la fenêtre. Il esquisse un grand sourire, tu ne comprends d'abord pas, voilà des mois que le sourire te semble outrageusement déplacé et alors tu réalises. Tu réalises que c'est la première fois depuis des semaines que tu consens à quitter à ton lit et surtout tu réalises que le monde ne s'est pas arrêté de tourner. Il t'aura fallu du temps pour le réaliser et pour te rappeler que ta mère n'aurait pas voulu que tu laisses filer le temps à la pleurer. Il t'aura fallu du temps mais c'est bien tout ce qu'il t'aura fallu et de tous, c'est le médicomage qui se tient devant toi qui l'a le mieux compris. Alors, tu te jures de trouver la force de continuer et de toi aussi trouver ce qu'il faudra pour que les autres continuent à vivre.